26 mars 2011

Private equity et LBO

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 16 : 13

dimanche 19 août 2007
par ATTAC 06


Quand les entreprises non cotées sont dans le collimateur….

Avec Pierre-Yves Chanu, économiste à la CGT. Une Emission Des Sous…et des Hommes du 1° Mai 2007 sur AligreFM.

Pour nous aider à comprendre un peu mieux la crise financiére actuelle.

Pascale Fourier :

Et notre invité aujourd’hui sera Pierre-Yves Chanu, économiste à la CGT.

Évidemment, j’aurais préféré, à six jours de l’élection, faire une émission décortiquant dans les moindres détails le programme économique de Sarkozy, pour le combattre, et montrer en quoi, contrairement à ce qu’il dit, il n’est pas au service des humbles ;

souligner que pour faire des heures supplémentaires, et gagner plus comme il le dit, encore faut-il que votre employeur vous donne des heures supplémentaires, parce que c’est bien lui qui décide.

Et faut-il rappeler que les très nombreuses caissières employées avec des contrats de 25 heures, aimeraient bien tout simplement avoir un contrat de 35 heures…

J’aurais bien aimé décrypter ce que suppose la suppression des droits de donations et de successions annoncés dans la profession de foi de Nicolas Sarkozy, et réfléchir pour savoir aux intérêts de qui une telle mesure profiterait.

J’aurais aimé voir tant de choses… rappeler que le programme économique de Sarkozy ne peut pas servir les petits et les humbles.

Mais, faut-il le rappeler, chaque animateur est bénévole à Aligre, et notre vraie vie professionnelle nous empêche parfois de faire ce que nous aimerions apporter.

Alors oui, Ségolène Royal n’est peut-être pas la tasse de thé de beaucoup d’entre nous, mais remonter la pente de la casse sociale qu’organisera Sarkozy sera impossible après cinq ans d’exercice. Alors…

En attendant, d’ailleurs, celle-ci continue sous la droite actuellement encore au pouvoir.

Moi, ce qui m’avait interpellé, c’est l’annonce de 300 emplois supprimés dans l’entreprise Well, au Vigan, dans le Gard, dont la production de collants allait être délocalisée en Italie et en Asie.

À Libourne, c’étaient 165 emplois supprimés à Arena, qui produit des maillots de bains. « LBO » entendait-on dire, « Leverage Buy Out ». Et « Private Equity » entendait-t-on encore. Qu’était-ce ?

J’ai voulu en savoir plus et suis donc allé rencontrer Pierre-Yves Chanu, économiste à la CGT.

Dans d’autres émissions que j’ai faites, avec d’autres économistes, on avait vu que les entreprises cotées en Bourse étaient soumises à la pression des actionnaires. Et j’ai cru comprendre que, actuellement, c’étaient aussi les entreprises non côtées qui étaient dans le collimateur, qui se faisaient racheter par des sortes de fonds de pension. Ça fonctionne comment ?

Jean-Yves Chanu :

Je pense que vous faites référence à ce qu’on appelle d’un nom barbare – mais on utilise beaucoup les terminologies anglo-saxonnes en économie et en finance – les fonds de Private Equity.

Ce qu’il faut rappeler d’abord, c’est que la majorité des entreprises ne sont pas côtées en Bourse. En France, on a 2 millions d’entreprises. On en a 700 qui sont côtées en bourse. Bien sûr, ce sont des entreprises qui appartiennent à des groupes, donc ça fait plus, mais il faut rappeler que la majorité des entreprises sont des entreprises non côtées.

De ce point de vue, l’un des phénomènes nouveaux observés depuis quelques années, c’est la montée en puissance de reprises, de la part de fonds d’investissement qu’on appelle des fonds de « Private Equity » – ce qu’on peut traduire par « gestion privée », ou « gestion de fortune » – qui sont des fonds qui ont la capacité de lever des sommes absolument considérables, et qui placent en fait largement l’argent des fonds de pension.

Ce sont ces opérations qui se sont développées dans la période récente. La plus spectaculaire est le rachat d’une entreprise d’électricité texane pour 44 milliards de dollars par l’un des principaux fonds de Private Equity.

Pascale Fourier :

Mais quel est le but de ses reprises ? C’est parce que les patrons…

Jean-Yves Chanu :

En fait, il y a plusieurs cas de figure.

D’abord, du point de vue de l’investisseur, c’est-à-dire du fonds de pension, ça permet en fait d’avoir une rentabilité supérieure à celle qu’ils auraient en bourse : on va faire 20 % quand la bourse rapporte seulement 15 %, et ça les intéresse par rapport à leur problématique qui est de payer des retraites.

Du point de vue des entreprises, en fait, on peut trouver plusieurs cas de figures :

  • Le plus classique, c’est le départ à la retraite de l’employeur, qui a donc besoin d’un repreneur.
  • Un deuxième cas de figure qui est fréquent, c’est une entreprise qui considère que l’une de ses activités n’est plus stratégique : elle va donc chercher à la vendre.
  • Et puis, le troisième, c’est que l’on retrouve parfois ces reprises par des fonds d’investissement dans le cas d’entreprises en difficulté.

Pascale Fourier :

Et quand vous disiez qu’il réussissent à obtenir 20 % de rentabilité, ils font comment, ces braves gens ?

Jean-Yves Chanu :

C’est une technique un peu compliquée qui consiste à utiliser ce que les économistes appellent un « effet de levier ». En fait, si on la rachète une entreprise qui a une rentabilité financière de 15 % en rachetant les trois quarts par endettement, et que l’endettement est à 5 %, la rentabilité du quart de fonds propres va faire plus de 15 % : c’est ce qu’on appelle l’effet de levier.

Pascale Fourier :

On emprunte auprès d’une banque ?

Jean-Yves Chanu :

En fait, on emprunte à plusieurs banques.

Pascale Fourier :

Et, je n’ai pas très bien compris comment le fait d’avoir un endettement permet de gagner plus d’argent. Vous pourriez le ré-expliquer ?

Jean-Yves Chanu :

Le principe c’est que, si vous avez une rentabilité de 15 %, et que vous n’êtes pas endetté, vous avez des fonds propres de 100 qui vont rapporter 15.

Si maintenant, au lieu de ne pas être endetté, vous êtes endetté pour les trois quarts, vous n’allez plus avoir que des fonds propres de 25, votre entreprise va toujours rapporter 15.

Sur ces 15, si vous vous endettez pour les trois quarts à 5%, ça va vous faire un peu plus de 3%. 15 moins 3, cela fait 12.

Eh bien 12, rapporté au 25 de vos fonds propres, ça ne fait plus 15%, ça fait presque 50%. C’est ça que l’on appelle l’effet de levier.

Pascale Fourier :

On pourrait se dire, tout cela c’est une très, très bonne chose parce que ça permet d’assurer justement la reprise d’entreprises de personnes qui autrement allaient les laisser tomber parce qu’ils partaient à la retraite. Donc c’est une bonne chose, toute cette affaire, non ?

Jean-Yves Chanu :

Que les entreprises trouvent un repreneur, c’est une bonne chose. D’ailleurs il y a des techniques qui existent de longue date, y compris par des acteurs publics, qu’on appelle le capital-risque et à laquelle je suis tout à fait favorable.

Le problème qui est posé, c’est le comportement de ces repreneurs, qui cherchent en fait purement à réaliser une opération financière, et pour ce faire, au lieu d’accompagner l’entreprise dans la durée – ce qui serait une excellente chose -, ils font en sorte de pouvoir la revendre au bout de quatre ans, en général, et de la revendre beaucoup plus cher qu’ils ne l’ont achetée au départ.

Pour faire ça, d’abord ils vont essayer de diminuer tous les coûts qui peuvent être diminués.

Et assez vite, ces coûts, ce sont les frais de personnel. Et surtout, comme il faut bien payer l’endettement qui a permis d’acheter l’entreprise, un argent qui aurait servi à investir va chercher à rembourser l’endettement.

Donc l’entreprise ne va pas investir et progressivement elle va avoir des difficultés. Pascale Fourier :

Mais certains diraient que finalement les Private Equity, c’est mieux que ce que font les investisseurs en bourse : au moins, ils restent 4 ans…

Jean-Yves Chanu :

Oui, mais ce serait mieux s’ils restaient plus que quatre ans. Leur problème, en réalité, ce n’est pas la croissance à long terme de l’entreprise ; leur problème est de doubler le prix de vente de l’entreprise dans une période très courte.

Pascale Fourier :

J’avais entendu un économiste, proche du MEDEF dans le temps, qui disait que finalement c’était quand même de bonnes choses, ces Private Equity, parce que ceux qui investissaient dans des entreprises comme celle-là, plus petites, pas des multinationales par exemple, étaient plus proches de la direction, étaient plus présents, étaient plus attentifs à la réalité de ce qui se passait dans l’entreprise.

C’est l’expérience que vous en avez ?

Jean-Yves Chanu :

Là encore, il y a reprise et reprise. C’est-à-dire qu’on ne peut pas comparer le comportement d’un investisseur dans une entreprise du CAC 40 avec le comportement d’un fonds dans une entreprise de 50 salariés. Ce n’est pas du tout pareil : dans une entreprise de 50 salariés, l’employeur, il travaille, il est très proche de ses salariés. Donc, en fait on compare des choses qui ne sont pas comparables.

Dans une entreprise importante rachetée par un fonds d’investissement, dans la pratique, le fonds d’investissement va dessaisir la direction de l’entreprise de ses prérogatives, dans la mesure où c’est lui qui va décider de la stratégie.

Il ne va pas la décider en étant proche de l’entreprise, il va la décider en regardant des ratios.

Moi je n’appelle pas être proche de l’entreprise et de ses salariés, de regarder si le montant des stocks rapportés au chiffre d’affaires correspond aux statistiques des analystes financiers, ou ne correspond pas.

Pascale Fourier :

« LBO », qu’est-ce que ça va changer dans la gestion des entreprises ?

Jean-Yves Chanu :

Ce qu’on observe dans les LBO, c’est qu’il y a trois conséquences très importantes dans la gestion de l’entreprise :

  • La première, c’est sur les salaires et emplois. Dans la mesure où on cherche à réaliser des économies, on va très vite – mais ça, je crois qu’on l’a déjà évoqué – faire des économies sur l’emploi. Donc, il ne va pas y avoir forcément de plan de licenciement, mais l’entreprise ne va pas créer d’emplois.
  • Deuxième conséquence, c’est sur l’investissement. On observe, notamment aux États-Unis, que les entreprises sous LBO sont des entreprises qui investissent moins que les autres, et à un moment donné, ça atteint la substance de l’entreprise.
  • Et puis la troisième chose, ce sont des conséquences sur la gouvernance de l’entreprise. La direction de l’entreprise, c’est-à-dire concrètement son conseil d’administration, est dessaisie de ses activités, puisque sa prérogative principale, qui est de définir la stratégie, est définie par le fonds d’investissement.
  • Et puis une quatrième conséquence, c’est que, dans un pays comme la France où il y a des institutions représentatives du personnel, qui ont un certain nombre de droits, les prérogatives de ces institutions représentatives sont vidées de toute substance, puisque, là encore, ça se décide ailleurs que dans l’entreprise.

Pascale Fourier :Depuis tout à l’heure, on dit « fonds d’investissement » mais, en l’occurrence – ma question est peut-être un peu bête – ce sont des gens comme vous et moi ?

Jean-Yves Chanu :

Non. Ou alors il faudrait qu’on ait un peu d’économie…

Les fonds d’investissement sont des établissements financiers d’un certain type qui sont spécialisés dans ce type d’opérations financières. En France, concrètement, ce sont principalement des filiales des banques et des compagnies d’assurances qui sont spécialisées dans ces activités. Par exemple, Axa, l’un des plus importants, a une filiale, « Axa Private Equity », qui est spécialisée dans ces opérations. Et même un acteur public comme la Caisse des Dépôt possède une importante structure de Private Equity qui s’appelle « CDC entreprises ».

À l’origine, c’était ce qu’on appelait le « capital-risque », mais aujourd’hui 90 % de ces filiales de Private Equity font des opérations de reprises d’entreprises, et pas du capital-risque au sens classique du terme.

Pascale Fourier :

Il y a un petit truc que je ne comprends pas. Axa, normalement, fait des assurancesQuel est son intérêt de se lancer dans ce genre d’affaire ?

Jean-Yves Chanu :

Axa fait des tas de choses. L’un des phénomènes les plus importants dans le secteur des assurances depuis 20 ans, c’est ce qu’on appelle la « banque-assurance », c’est-à-dire qu’on a un rapprochement entre les métiers de la banque et les métiers de l’assurance. Dans le même temps, on a un éclatement des métiers de la banque. En fait, faire de l’assurance-vie par exemple et faire de l’épargne, ce sont des choses très proches, et ça amène donc les compagnies d’assurances à aller de plus en plus sur les métiers bancaires. C’est pour cela que Axa a une filiale de Private Equity.

Pascale Fourier :

Et si ces gens-là n’existaient pas, quel autre processus pourrait-on mettre en œuvre pour justement assurer la reprise d’entreprise de patrons qui partent à la retraite, etc… ?

Jean-Yves Chanu :

Je rappelle que, avant, il existait ce qu’on appelle le capital-risque. Le capital-risque peut fonctionner autrement que les fonds de Private Equity.

Le principal reproche que je fais à ces fonds, c’est de sortir au bout de quatre ans quand il faudrait être présent pendant 10 ans, et d’avoir fait une augmentation du résultat économique de ces entreprises.

On pourrait faire la même chose, c’est-à-dire en particulier reprendre les entreprises, mais le faire différemment.

De ce point de vue-là, on serait en droit d’attendre d’un acteur public comme la Caisse Des Dépôts par exemple de faire autre chose. C’est pour cela que, en ce qui nous concerne, à la CGT, nous proposons la création de Fonds Régionaux pour le Développement Solidaire des Territoires, qui associeraient des acteurs publics avec des investisseurs privés et dont l’une des fonctions pourrait être d’aider à la reprise des entreprises par les salariés, mais à des conditions différentes à la fois d’un point de vue financier, et du point de vue de la capacité effective de ses salariés de décider de ce que fait leur entreprise.

Pascale Fourier :

Tout à l’heure vous avez utilisé le mot « capital-risque ». Mais on ne l’a jamais défini : qu’est ce que ça veut dire ?

Jean-Yves Chanu :

Ce qu’on appelle le capital-risque, c’est en fait une technique financière, qui existe depuis très longtemps. Existaient dans les années 60 et 70 les sociétés de développement régional, par exemple, qui faisaient ce qu’on appelle aujourd’hui du capital-risque.

Ca consiste à intervenir dans des entreprises, soit en fonds propres, soit en leur accordant des prêts, entreprises dans lesquelles les banquiers ou la bourse n’iraient pas naturellement parce que le risque est trop élevé, l’idée étant que si on réussit à mutualiser ce risque, on peut investir là où naturellement on n’investirait pas.

Cette technique peut être extrêmement utile, notamment pour les PME, que les banques ont naturellement tendance à ne pas avoir envie de financer, en tout cas à long terme.

Pascale Fourier :

Les personnes qui investissaient dans le capital-risque n’avaient pas les exigences qui sont celles des Private Equity ?

Jean-Yves Chanu :

Moins nettement. On investissait à plus long terme, mais on n’avait pas les exigences de rentabilité qu’on a aujourd’hui.

Pascale Fourier :

Parce qu’ils étaient moraux ?

Jean-Yves Chanu :

C’était différent. Je dirais parce que la finance a beaucoup changé en 20 ou 30 ans et que, c’est vrai, l’exigence de rentabilité financière il y a 20 ans n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Et puis on avait des acteurs publics qui intervenaient dans une logique de service public. Alors, après, il y a eu d’autres problèmes, mais ce n’était pas parce qu’ils ont été moraux qu’ils ont eu des difficultés, c’est parce que ce n’était pas toujours bien géré.

Pascale Fourier :

Est-ce que ça veut dire à terme, finalement, entre ce qui se passe à la Bourse et ce phénomène de Private Equity, que l’ensemble des entreprises qui ont un peu de corps on pourrait dire, qui sont quand même assez importantes, vont passer entre les mains de financiers qui vont demander une rentabilité aussi importante ?

Jean-Yves Chanu :

Il y a quelque chose d’important dans ce que vous dites, c’est que n’importe quelle entreprise ne peut pas faire l’objet d’un LBO.

Pour avoir une entreprise qui soit intéressante du point de vue d’un LBO, c’est-à-dire qui va pouvoir rembourser ses dettes, il faut d’abord que cette entreprise ait des revenus récurrents, c’est-à-dire qu’il ne faut pas que ça soit un secteur dans lequel pendant trois ans ça se passe bien, et pendant trois ans on fait des pertes. Il faut qu’on fasse tout le temps de l’argent. C’est la première condition.

La deuxième condition, c’est que ce ne sont pas des entreprises en création, ce sont des entreprises plutôt à maturité, d’où le problème de succession des employeurs.

Et puis, troisièmement, il faut que l’entreprise ne soit pas endettée, parce qu’il faut qu’on puisse utiliser la trésorerie qui est là pour précisément payer les dettes qui vont apparaître.

Donc, on ne peut pas faire ça avec n’importe quelle entreprise.

Après, oui, toutes les entreprises qui présentent ces caractéristiques peuvent potentiellement être la cible de fonds d’investissement. J’avais dit de manière un peu audacieuse qu’un jour les fonds de capital-investissement pourraient se payer EDF.

On trouvait que j’avais un peu exagéré et puis, juste après, on a eu une opération aux États-Unis, où on rachetait un opérateur électrique, ce que l’on appelle un énergéticien, qui était plus petit qu’EDF, mais qui n’était pas incomparable.

Toutes les entreprises rentables ayant une bonne trésorerie peuvent aujourd’hui, vus les montants en cause, faire l’objet potentiellement d’un LBO.

Pascale Fourier :

J’ai cru comprendre aussi que les Private Equity à un moment revendent l’entreprise. Ils la revendent à qui ?

Jean-Yves Chanu :

A un autre fond de Private Equity. C’est bien là le problème. Pour faire simple, l’objectif, quand on va racheter une entreprise, ça va être de doubler la valeur de l’entreprise en quatre ans. Quand on a bien choisi sa cible, quand elle a effectivement beaucoup de trésorerie, quand les délais clients sont par exemple de 90 jours, on peut les faire baisser à 60 jours etc, et on va y arriver.

Le problème, c’est que le deuxième fond va aussi vouloir en quatre ans doubler à nouveau la valeur de l’entreprise, et là, ça va être beaucoup plus compliqué.

C’est pour ça que je pense que autant ce qu’on appelle les « LBO primaires » sont souvent soutenables si c’est bien fait, autant les LBO secondaires et tertiaires…

Ce sont ceux-là où, en réalité, on va commencer à supprimer des emplois, où on va reporter des investissements indispensables, etc.

Pascale Fourier :

Est-ce que ça veut dire aussi que ça mène à une logique, soit de délocalisation, soit d’achat de matières à l’étranger ?

Jean-Yves Chanu :

Ça conduit fortement à la délocalisation. C’est-à-dire que si on est dans un secteur dans lequel il y a un potentiel de délocalisation, alors la première chose qu’on va faire pour améliorer la rentabilité, ça va être de délocaliser.

Pascale Fourier :

Et ça peut être carrément la fermeture des unités en France ?

Jean-Yves Chanu :

Cela dépend des secteurs. Dans un certain nombre de secteurs, ça sera forcément la fermeture des unités en France. Si on est dans les secteurs genre petit électroménager, textile, oui, alors là, si on n’a pas encore délocalisé, c’est la première chose qu’on va faire.

Pascale Fourier :

C’était Des Sous Et Des Hommes, sur Aligre FM, en compagnie de Pierre-Yves Chanu qui est économiste à la CGT.

Je ne peux que vous conseiller de vous intéresser de près à ce problème de LBO et des Private Equity. On trouve assez peu de renseignements sur le net, mais il y a un collectif qui a été monté dont on peut sans doute se rapprocher.

La semaine prochaine, émission mystère pour l’instant. En vérité je suis comme tout le monde, j’attends le résultat des élections. Et donc, pour l’instant, je ne peux rien dire. Peut-être une rediffusion en attendant de pouvoir faire mieux, ce dont je vous prie de m’excuser.

Voilà. En tous les cas à la semaine prochaine, et j’espère qu’on ne pleurera pas.


Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte.

Quel que soit l’usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous…et des Hommes du 1° Mai 2007 sur AligreFMMerci d’avance.


Le progrès technique, les délocalisations, la concurrence internationale… expliquent-ils le chômage ?

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 15 : 49

Des sous et des hommes – sur ALIGRE FM 93.1 en région parisienne

mercredi 8 octobre 2003
par Pascale Fourier

Une émission proposée et présentée par Pascale Fourier – avec Thomas Coutrot, Economiste à la DARES.mercredi, 8 octobre 2003 / Pascale Fourier

Pascale Fourier : Le chômage s’en va, le chômage revient. On ne sait plus trop bien. Pourquoi est-il là, pourquoi n’est-il plus là ? Mystère. Le commun des mortels a donné de multiples explications au chômage, ces dernières années. Le progrès technique, les délocalisations, la concurrence internationale, par exemple. Vrai ou faux ? Explication valable ou explication qui n’est pas valable du chômage. Je suis allée voir Thomas Coutrot pour le lui demander.

Thomas Coutrot : Prenons pour commencer, par exemple, le progrès technique, puisque, en effet, c’est une thèse que l’on entend assez souvent. On entend souvent les non-économistes dire : « Aujourd’hui, avec l’informatique et les nouvelles technologies, il y a des gains de productivité fantastiques, les guichets automatiques remplacent les employés de banque, les distributeurs automatiques remplacent les employés des boutiques vidéo, et maintenant, avec Internet, tout va se faire par le réseau et donc cela va supprimer des dizaines de milliers, des millions d’emplois. » On a parlé même de la fin du travail. C’était la thèse célèbre de Ripkin, dans les années 90-95. Ce qui est rigolo c’est que ça, c’est un discours de non-économiste. Mais tous les économistes, qu’ils soient de droite, de gauche, orthodoxes, libéraux, marxistes, etc., tous les économistes sont au moins d’accord sur une chose, c’est que ce n’est pas le progrès technique qui est à la source du chômage. Pour plusieurs raisons.

La première raison c’est, en fait, qu’il y a certainement du progrès technique en ce moment, mais il n’y a pas de productivité. C’est-à-dire que, contrairement à ce que l’on pense souvent, aujourd’hui, la productivité augmente beaucoup moins vite que par le passé.

Pascale Fourier : Productivité … ?

Thomas Coutrot : La productivité, c’est le volume de richesse produite par chaque personne, par chaque salarié par exemple. Dans les années 50-60, le volume de marchandise ou de service produit par chaque personne augmentait d’à peu près 5 % par an. Aujourd’hui, c’est seulement 2 %. C’est un ralentissement considérable de ce qu’on appelle les gains de productivité, qui coïncide d’ailleurs avec la fin des années 70 et la montée du chômage. Quand on regarde simplement les faits, au moment où le chômage augmente, la productivité ralentit et le progrès technique, donc, ralenti, apparemment. Déjà, c’est une première raison qui fait qu’on ne peut pas dire que c’est à cause de la productivité, à cause du progrès technique que le chômage a augmenté.

La deuxième raison, c’est, en fait, que la productivité, c’est-à-dire l’accroissement de l’efficacité du travail et de l’efficacité de l’utilisation des techniques, est au contraire un facteur de création d’emploi à long terme. Cela va stimuler la croissance, cela va stimuler les nouvelles créations d’entreprise, les nouvelles initiatives. Donc là, il y a vraiment un consensus, c’est assez curieux, c’est l’un des seuls sujets sur lequel les économistes sont d’accord : il n’y a pas de lien entre productivité et chômage. Et ça c’est une idée qui est très difficile à faire passer chez les non-économistes parce que c’est un fait, effectivement, qui semble évident. C’est le sens commun qu’une machine va remplacer un homme et que donc les machines vont mettre les hommes au chômage. Et bien c’est pas du tout comme ça que ça se passe au niveau macroéconomique, au niveau de l’économie dans son ensemble.

Evidemment, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des professions qui disparaissent à cause du progrès technique. Bien entendu, il y a des professions qui disparaissent. Aujourd’hui il n’y a plus de cocher, par exemple, pour conduire les charrettes ou les carrosses dans les rues de Paris, il n’y a plus de porteur d’eau, il n’y a plus les métiers qui évidemment fournissaient beaucoup d’emploi jusqu’au 19e siècle. Il y a des métiers qui disparaissent, mais il y en a d’autres qui apparaissent, c’est ça qui est le plus important. Aujourd’hui il y a des nouveaux métiers qui surgissent. Ça peut être des professions de très mauvaise qualité : livreur de pizza, employé de Mac Donalds. Ce sont des nouveaux métiers, mais des métiers pas très désirés, pas très souhaitables. Il y a aussi des nouveaux métiers qui sont intéressants, bien payés, qualifiés, que cela soit dans la nouvelle économie ou bien ailleurs… Alors c’est vraiment une explication qu’on peut écarter complètement, l’explication par le progrès technique.

Pascale Fourier : Et celle sur les délocalisations, par exemple. Je pensai que ça comptait pour le textile, la sidérurgie. Enfin, au début, c’est ce qu’on pense.

Thomas Coutrot : Tout à fait. L’explication par le problème des délocalisations est déjà un tout petit peu plus sérieuse que l’explication par le progrès technique – mais c’est pas encore vraiment ça le problème. Pourquoi c’est un peu plus sérieux ? Parce que c’est vrai que pour certains secteurs – on prend l’exemple le plus net : les secteurs du jouet, de la chaussure, de l’habillement – dans ces secteurs-là, beaucoup d’entreprises françaises ou européennes ont délocalisé leur production dans des pays d’Asie, d’Afrique du Nord où les coûts de production sont beaucoup moins chers. Donc, pour les ouvriers et les ouvrières de ces entreprises – puisque c’est surtout des ouvrières qui travaillaient dans ces entreprises -, la délocalisation s’est traduite par des licenciements et du chômage. C’est vrai à un niveau sectoriel.Ça n’est plus vrai du tout quand on regarde l’économie dans son ensemble. Quand on fait le bilan de l’augmentation du commerce international de la France. En terme de création d’emplois en France, ce bilan est favorable pour la France. L’augmentation du commerce international a été un facteur de création d’emplois pour la France. Pourquoi ? Parce que, évidemment, on va acheter des produits à la Chine, aux pays asiatiques, aux pays d’Afrique, mais eux-aussi vont nous acheter des produits. Donc ils vont faire travailler des salariés en France. Quand on fait le bilan entre les emplois qui sont créés par les exportations françaises -c’est-à-dire par ce que la France vend aux pays étrangers – et les emplois qui sont détruits par les importations – par les choses que les Français achètent à l’étranger -, globalement le bilan est très favorable pour la France. Mais il est défavorable dans certains secteurs, dans les secteurs, disons, les moins qualifiés : les secteurs du textile, de l’habillement, de la chaussure, du jouet. Et il est favorable dans les secteurs de l’aéronautique, des transports, de la mécanique, de la chimie, etc. Dans les secteurs de haute technologie, le bilan en terme d’emplois est très favorable pour la France et on ne peut pas dire du tout que les délocalisations soient un problème au niveau global.

Alors, bien entendu, cela pose des problèmes sérieux pour certains métiers et pour certaines régions qui sont particulièrement spécialisées. Le Nord était spécialisé dans le textile, la région de Cholet est spécialisée dans la chaussure… Donc c’est vrai que les entreprises quand elles sont spécialisées dans la chaussure, quand elles délocalisent ou quand elles ferment, cela crée des difficultés dramatiques au niveau local. Mais, si on raisonne d’un point de vue global – l’économie cela sert aussi à ça, à avoir un point de vue global -, alors les choses sont moins simples.

Pascale Fourier : Mais alors, c’est dû à quoi le chômage ?

Thomas Coutrot : Fondamentalement, le chômage a explosé dans les années 80 au moment où les entreprises ont estimé qu’elles n’étaient plus assez rentables, il fallait se restructurer. Donc des centaines de milliers d’emplois ont été supprimés au cours des années 80 parce que les entreprises étaient face à une situation où leurs coûts étaient trop élevés, leur marge de rentabilité trop faible, et la concurrence internationale, l’ouverture sur le marché mondial, la libéralisation du commerce, tout cela faisait que la pression de la concurrence était très forte et les entreprises ont du se restructurer. Elles l’ont fait de façon brutale, notamment en France, moins brutale peut-être que dans d’autres pays comme l’Angleterre. Donc au début des années 80, entre 81 et 86, il y a eu une véritable explosion du chômage qui était due surtout, du point de vue des investisseurs capitalistes, à cette insuffisance de rentabilité du capital investi.

Pascale Fourier : Ils ont cherché à faire quoi ? A amoindrir les salaires, le nombre de salaires ?

Thomas Coutrot : Ils ont cherché à diminuer la masse salariale et surtout à baisser le coût du travail et donc notamment à précariser, à flexibiliser le travail et à externaliser vers les sous-traitants. Chez les entreprises comme Renault, par exemple, l’emploi diminue de 5 à 6 % par an depuis vingt ans. Et ça ne vient pas seulement des gains de productivité, ça n’est pas uniquement parce que les travailleurs de chez Renault sont de plus en plus efficaces. C’est parce que Renault a décidé de faire de moins en moins de choses et de confier de plus en plus de ses fabrications à la sous-traitance. Et la plupart des entreprises industrielles font la même chose.

Donc on a un dégraissage des effectifs, une externalisation – c’est-à-dire qu’on va confier à la sous-traitance ce qu’on faisait avant, cela va permettre souvent de rationaliser, d’éliminer les choses qu’on faisait en double. Il y a toute une série de pratiques qui ont été menées de façon assez intense dans les années 80 et qui ont provoqué à la fois une baisse des salaires dans la richesse créée – dans les année 80, la part des salaire dans la richesse créée chaque année par le travail des Français s’est effondrée, elle a perdu 10 points. 10 % de la richesse créée dans les années 80 sont passés directement du travail vers le capital « grâce » à ces restructurations – « grâce », entre guillemets bien entendu. En même temps, le chômage a explosé. C’est d’ailleurs assez intéressant : au moment où le coût du travail baissait fortement, le chômage explosait. Ça c’est pour expliquer l’augmentation du chômage dans les années 80, c’est fondamentalement ces restructurations, liées aussi au fait que l’on entrait dans une nouvelle période de l’organisation de l’économie mondiale : avec moins de protection, moins de marchés réservés, pour les entreprises françaises par exemple, et la nécessité de se battre sur des marchés étrangers, de subir la concurrence d’autres pays sur ses propres marchés. Cela a obligé les entreprises qui voulaient rester suffisamment rentables à ajuster assez fortement leurs effectifs.

A la fin des années 80, on peut dire que cette raison de l’augmentation du chômage n’existait plus, c’est-à-dire que les entreprises françaises avaient retrouvé un niveau de rentabilité et de compétitivité qui était largement équivalent à ceux de leurs concurrents. Et pourtant le chômage a encore augmenté fortement entre 90 et 95. Mais ça, c’est principalement à cause de la politique économique qui a été menée à ce moment-là. On a eu une politique économique qui a été désastreuse, pour des raisons compliquées, mais la raison essentielle c’était la mise en place de la monnaie unique : l’idée qu’il fallait absolument réduire les déficits et les dépenses publiques de façon à satisfaire aux critères de convergence de Maastricht – pour arriver à rentrer, disons, dans le carcan imposé par les critères de Maastricht pour rentrer dans la monnaie unique. En plus il y a eu, au début des années 90, des problèmes importants sur la monnaie, des vagues de spéculations entre les monnaies européennes, contre le franc, contre la livre britannique. C’est-à-dire que les spéculateurs ont jugé que le franc était trop cher par rapport aux autres monnaies, notamment au mark allemand, et ont estimé qu’il fallait vendre du franc et acheter du mark parce que le franc allait forcément baisser. Et à ce moment-là, Bérégovoy, le ministre des Finances de l’époque, a décidé de défendre coûte que coûte le franc fort, de défendre la valeur du franc par rapport au mark. Ça a donné des politiques avec des taux d’intérêt extrêmement élevés, pour convaincre les spéculateurs que le franc allait rester une monnaie attractive. Donc la France a payé des taux d’intérêt très élevés sur des dépôts en franc et cela a achevé de ruiner la croissance. Dans la première moitié des années 90, on a eu une croissance extrêmement lente, et même négative – on a eu une récession très forte en 93. Et donc, c’est à cause de cette politique macroéconomique complètement restrictive et complètement suicidaire du point de vue du chômage…

Pascale Fourier : Mais elle a été dénoncée en son temps ?

Thomas Coutrot : Oui, bien sûr, il y a eu de fortes critiques contre cette politique. Elle a été très critiquée, pas par la majorité des économistes, malheureusement, mais par certains économistes. Je le répète, c’est une politique qui a été menée par Pierre Bérégovoy, ministre des Finances de gauche, et ensuite poursuivie par Balladur quand il est devenu Premier ministre.

Pascale Fourier : Mais peut-être que c’était une nécessité de défendre la monnaie, non ?

Thomas Coutrot : Certainement pas par cette méthode-là. Pourquoi le gouvernement de l’époque a choisi de défendre la valeur du franc par rapport au mark ? C’était pour affirmer politiquement le fait que la monnaie unique était quelque chose d’irréversible et que la valeur du franc par rapport au mark était quelque chose de gravé dans le marbre, qu’on ne pourrait plus jamais modifier. C’était donc une décision politique extrêmement forte mais extrêmement rigide. Par exemple, l’Espagne ou l’Italie ont dévalué leurs monnaies – c’est à ce moment-là -, ce qui leur a évité une augmentation importante du chômage ; et pourtant, aujourd’hui, elles sont dans la monnaie unique. Simplement, Mitterrand et Bérégovoy ont jugé que la France ne pouvait pas se permettre de dévaluer sa monnaie pour des questions, sans doute, d’honneur national, à mon avis mal placé.

On estime que rien que cette décision de ne pas dévaluer le franc en 92 a coûté 500 000 emplois à l’économie française, sans compter ensuite les politiques de taux d’intérêt élevés et les politiques de restriction budgétaire à cause des critères de Maastricht. On peut dire que, pour l’essentiel, l’augmentation du chômage au début des années 90 est due à ces choix de politique économique. Moi, j’appelle ça des erreurs, mais ce n’était pas des erreurs, en fait, c’était des choix. Les gens qui ont pris ces décisions savaient le coût que ça allait avoir sur la croissance et donc sur le chômage, mais ils avaient choisi politiquement d’affirmer la valeur du franc fort comme un objectif plus important que la lutte contre le chômage.

Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l’usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous…et des Hommes du 29 Janvier 2002 sur AligreFM. Merci d’avance.

Faut-il faire baisser les impôts ?

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 15 : 41

Des sous et des hommes – Une émission proposée et présentée par Pascale Fourier sur ALIGRE FM 93.1 en région parisienne

dimanche 16 novembre 2003
par Pascale Fourier

EMISSION DU 20 NOVEMBRE 2001

Michel Prat est chercheur à l’université Paris I Sorbonne, Paris XI et professeur de finance publique.

Pascale Fourier : C’est étonnant : qu’ils soient de droite ou de gauche, tout le monde veut baisser les impôts ! Certes, c’est une question qu’il faut prendre en compte en regardant également son intérêt personnel. Mais n’est-elle pas lié à l’intérêt de l’ensemble de la société ? Est-ce si bon que cela de baisser les impôts ?

Michel Prat : Il est vrai que c’est un sujet d’actualité. Mais avant de parler de baisse, il faut peut-être rappeler ce qu’est l’impôt. La définition est d’ailleurs assez simple. C’est un prélèvement pécuniaire obligatoire qui est effectué à titre définitif sans contre-partie immédiate. C’est donc un prélèvement qui est fait à chaque citoyen et dont on ne peut pas indiquer personnellement ce que l’on doit en faire. La contre-partie, à plus long terme, se retrouvera par contre à travers les charges publiques et l’intérêt général.

Pascale Fourier : Lorsque l’on parle de baisse d’impôts, s’agit-il des impôts sur le revenu, d’impôts sur les sociétés ?

Michel Prat : Parlons du budget de l’état, en donnant quelques chiffres. Il représente environ 1700 milliards. L’impôt sur le revenu rapporte 350 à 400 milliards, celui sur les sociétés environ 200 milliards. Il reste ensuite bien d’autres types d’impôts, comme les taxes parafiscales ou la TVA par exemple, qui prélève sur la consommation 19.6% supplémentaire au commerçant, que celui-ci reverse ensuite à l’état.

Pascale Fourier : Mais à quoi vont bien pouvoir servir tous ces milliards ?

Michel Prat : On peut rappeler une date importante à ce sujet : 1789. C’est la première fois que l’on confie la tâche de décider comment subvenir aux besoins collectifs du pays à un parlement, c’est-à-dire aux élus du peuple. Ce sont donc les citoyens, à travers leurs représentants, qui vont décider d’abord de l’utilité des impôts, puis de leurs fonctions.

Pascale Fourier : Avant cela, il n’existait que la cassette du roi ?

Michel Prat : Effectivement, le roi s’adressait alors à ses représentants fermiers ou aux seigneurs, il leur indiquait les sommes à prélever en fonction de ses besoins et l’argent était collecté. Mais il y avait quand même beaucoup de problèmes financiers, notamment pour les armées. Alors, n’arrivant pas à rassembler suffisamment d’argent, des assemblées de ceux qui devaient contribuer ont été constituées. C’est ainsi que le parlementarisme est né en Grande Bretagne, en France, où ces rassemblements ont montré une plus grande efficacité à collecter. Le Parlement s’est alors posé des questions sur le but des impôts et les quantités à prélever.

Pascale Fourier : Qu’a-t-il été décidé alors ?

Michel Prat : Actuellement, les impôts couvrent les charges publiques générales. C’est-à-dire l’éducation, la justice, la police, les infirmières également, dont on a parlé ces derniers temps parce qu’il en manquait. Voilà beaucoup de tâches générales qui sont payées par l’impôt, auquel chacun contribue. Et cela nous amène inévitablement à se pencher sur la question de la justice fiscale à laquelle les impôts répondent. Cette question avait déjà été évoquée un peu avant la Révolution, au siècle des Lumières. Les inégalités étaient alors très importantes. La mise en place d’une contribution de chacun en fonction de ses revenus permit alors d’assurer un minimum de services à l’ensemble de la population de façon égale pour tous.

Pascale Fourier : Les routes, l’école, l’hôpital pour tous. C’est donc cela qu’il y a derrière les impôts ?

Michel Prat : L’accès aux écoles maternelles, primaires ou autres sont normalement gratuites. Cela constitue l’une des valeurs fondamentales de notre société qui est le principe d’égalité. On comprend mieux dés lors sur quelle base se justifie l’aspect obligatoire du prélèvement des impôts. Tout le monde voit ainsi ses besoins satisfait, en particulier ceux qui ont très peu de revenus.

Pascale Fourier : Les impôts servent à des aspects essentiels de notre société comme l’école, les hôpitaux, la justice. Tout cela est extrêmement important et malgré cela, il y a de nombreux problèmes de fonctionnement dus au manque de moyens, entraînant souvent des mouvements de protestation dans ces domaines. Plus grave encore, les partis politiques, et notamment de gauche, annoncent qu’il faut baisser les impôts. Pourquoi une telle contradiction ?

Michel Prat : Il est effectivement tentant individuellement et à priori de vouloir une baisse d’impôts. Mais d’autres peuvent également faire le souhait d’en payer plus car cela serait synonyme de revenus plus importants. On remarque que ce sont surtout les hauts revenus qui demande cette baisse et c’est cela qui a été réalisé par les différents partis politiques qui se sont succédés au pouvoir. Il faut expliquer également que l’impôt sur le revenu est progressif. En effet, les tranches basses de l’impôt, c’est-à-dire les revenus de nécessités courantes, payent des taux faibles, de l’ordre de 10 à 20%, alors que seule la part la plus élevée des revenus peut être taxée jusqu’à 50%. C’est une idée qui date de l’époque des Lumières et de Rousseau. L’impôt devait être faible sur les revenus servant à satisfaire nos besoins immédiats comme se vêtir, se loger, se nourrir. Les revenus moins directement nécessaires pouvaient alors être taxés de façon plus importante.

Pascale Fourier : Cela veut dire que même les personnes riches payent un taux d’imposition aussi faible que les autres sur la première partie de leurs revenus ?

Michel Prat : Oui. Il y a donc une certaine égalité. D’ailleurs, une étude récente faisait le bilan d’un siècle ou deux de paiement d’impôts sur le revenu et donnait des chiffres ou les prélèvements étaient bien plus importants qu’aujourd’hui, notamment au début du siècle. Qui se souvient de la fiscalité des années 80, où la part supérieure était taxée à plus de 60 % et même plus de 70 % quelques temps auparavant. Il n’y a pas eu de drame pour autant de la part des personnes qui gagnent énormément.

Pascale Fourier : Des arguments récurrents sont avancés contre la hausse des impôts, assurant que cela les découragerait de travailler, que les hauts revenus partiraient vers l’étranger.

Michel Prat : C’est vrai que certains tentent de partir vers l’étranger. Mais on s’est rendu compte qu’ils étaient peu nombreux et que c’était surtout ceux qui avaient oublié de payer leurs impôts. Mais ils ne sont que quelques dizaines ou centaines de personnes sur plusieurs millions d’habitants. De plus, la France a quand même une politique de l’impôt plutôt intelligente qu’il faut préserver. Car, à force de baisser les impôts, il y aura moins de rentrées dans les caisses de l’état. Cela réduira alors les services proposés. C’est le cas des Etats-Unis qui, dans les années 60 et 70, affirmaient que les impôts étaient du vol. Il y a eu alors un fort mouvement de baisse des impôts. Le résultat de cette politique a été une baisse des services publics. Et, après quelques années de négligence sur l’entretien du réseau électrique en Californie, il y a eu des coupures électriques comme dans les pays en voix de développement quand il y a de graves difficultés. On s’aperçoit que cela n’est pas si simple et que la réflexion sur l’impôt demande un débat. On doit se demander de combien les baisser, comment les répartir et surtout comment les utiliser. Car souvent, ceux qui demandent des baisses trouvent qu’ils en payent trop mais ont-ils bien compris ce qu’ils reçoivent en échange ?

Pascale Fourier : Peut-être pensent-ils pouvoir se payer eux-mêmes des services qu’ils trouveraient à l’extérieur ?

Michel Prat : Seules les 5 à 10 % les plus riches peuvent sûrement se passer de sécurité sociale, de tarifs attractifs pour les transports en commun ou de l’école gratuite. Mais si l’on se souvient des principes de base de notre société  » Liberté, Egalité, Fraternité « , l’idée était alors d’augmenter le niveau de vie général de l’ensemble de la population. De plus, la nouvelle économie pouvant permettre aujourd’hui un enrichissement très rapide, les écarts se creusent entre les différences de revenus. Ce sont alors les couches salariales les plus basses qui en pâtissent les premiers. Si les problèmes économiques touchent d’abord les ménages les plus pauvres, il est nécessaire de continuer l’éducation gratuite des enfants, des aides pour les soins médicaux. Il faut qu’il y ait une répartition des richesses pour compenser les inégalités toujours croissantes de ces dernières années.

Pascale Fourier : L’un des arguments des libéraux affirme que les personnes fortement taxées sont, à cause des impôts, découragés de travailler. Qu’en pensez-vous ?

Michel Prat : Il faut d’abord indiquer que le taux le plus élevé de l’impôt sur le revenu, actuellement de 50%, a déjà été diminué. Puis il est nécessaire de savoir si l’on travaille uniquement pour la rentabilité économique et financière. Il n’y aurait alors plus beaucoup d’activités dans le pays. Si l’on pense aux enseignants ou aux personnels hospitaliers, ils sont dévoués à leur métier malgré un salaire plutôt bas. Il n’y a pas que le gain financier qui est attractif. Que serait la société si ce n’était que cela ! On vit pour un certain nombre de valeurs autres que la valeur financière. Surtout lorsque les dépenses de premières nécessités et bien au-delà sont satisfaites. Quand on parle de taux de 50%, cela touche des revenus de 600 mille à 1 million de francs et plus. Il leur reste encore de quoi faire face.

Pascale Fourier : Un autre argument libéral dénonce les impôts trop élevés sur les sociétés, le risque étant de brider la compétitivité française. Quelles propositions alternatives répondent à cette idée souvent répandue ?

Michel Prat : Le premier point est de comparer ce taux d’imposition sur les entreprises. Nous serons bientôt à un niveau proche des 30%, ce qui nous rapprochera beaucoup des autres pays. Il n’y a donc pas de difficultés majeures en terme de compétitivité. L’autre aspect concerne les services communs dont bénéficient les entreprises qui s’implantent dans une zone industrielle. Elles trouvent à leur porte le téléphone, l’eau, l’électricité. Ce sont bien nos impôts qui ont permis cela. D’ailleurs, les entreprises ne viennent que lorsque l’ensemble de ces services est implanté. En allant encore un peu plus loin dans le raisonnement, on peut remarquer que les personnes allant travailler dans ces entreprises ont été formées, elles ont fait des études et ce ne sont pas les entreprises qui les ont formées. Qui plus est, il est reconnu que la France assure un bon niveau de formation, dont la compétitivité des entreprises a besoin. Et cela est dû, bien sûr, à l’ensemble des impôts versé par les individus et par les entreprises. Quelle serait alors la situation financière des entreprises si elles devaient subvenir elles-mêmes au besoin de formations comme auparavant ? Le problème n’est pas si simple.

Pascale Fourier : Je ne comprends toujours pas pourquoi des hommes politiques et notamment de gauche demandent sans arrêt de faire baisser les impôts ? C’est éloquent lorsque l’on entend Fabius.

Michel Prat : C’est sans doute qu’il parait plus simple, pour recueillir l’assentiment du plus grand nombre, de proposer des baisses d’impôts. Mais n’oublions pas toutes les activités d’intérêt général qu’il nous faut fournir. Les responsables politiques, en particulier de gauche, disent par ailleurs qu’il ne faut pas baisser les impôts pour tout le monde, que la répartition va (doit ?) se faire différemment. Le discours est quand même souvent compliqué dans ce domaine. C’est pour cela qu’on peut avoir du mal à s’y retrouver. Pour preuve, une réforme sur la fiscalité était prévue dans les années 70, elle a finalement été reportée aux années 90. Mais elle n’a toujours pas eût lieu. Il y a eu des baisses d’impôts, mais il y a eu des augmentations également. C’est paradoxal car cela s’est passé sous des gouvernements différents. Ils ont à tour de rôle augmenté puis baissé les impôts. On voit bien que la base de leurs discours et de leurs références ne sont pas toujours aussi solides que cela en à l’air. Il y a eu également des demandes très fortes de baisses d’impôts de la part des petits artisans et des petits commerçants, régulièrement reprises. Mais ils ont souvent oublié les mesures de facilités fiscales . Et puis, la compréhension de la répartition des impôts n’est pas facilitée par la multitude d’impôts. Ils sont nombreux et ne sont souvent appliqués qu’au bout de deux ou trois ans d’activités. Mais on rentre là dans la technique même, alors que sur le principe, il faut bien une contribution de tout un chacun. Au final, on peut se dire que si l’on paye beaucoup d’impôts, c’est que l’on a beaucoup de revenus. Il n’existe pas encore à ma connaissance d’impôt qui soit collecté sur un revenu qui n’a pas été gagné.

Pascale Fourier : Il faut alors souhaiter payer beaucoup d’impôts ?

Michel Prat : Oui. Cela sera toujours synonyme de hauts revenus. On peut à nouveau se poser la question de la justice fiscale. Le citoyen a en effet envie qu’on lui rende compte de la nécessité de payer des impôts. C’est là quelque chose de fondamental. Que l’on parle d’impôt sur le plan économique ou même sur le plan technique ou juridique, on oublie que l’impôt est un acte politique. C’est la vie de la société. Il faut donc forcément se reposer la question des grands choix du Parlement. Le citoyen aimerait être sollicité plus souvent au niveau des dépenses parce que l’on peut effectivement considérer qu’il y a des dépenses importantes et d’autres non. On disait bien, au début, dans la définition de l’impôt, qu’il était obligatoire mais que l’on ne décidait pas de son affectation. Ce sont les élus, représentants des citoyens, qui décident là où l’effort doit être porté. Dans ce cas là, la motivation pour payer les impôts serait plus grande, y compris chez ceux qui demandent de les baisser.

Pascale Fourier : Est-ce l’orientation qui est prise avec les discussions actuelles sur le budget de l’état ?

Michel Prat : Le souhait récent du ministère de l’intérieur est d’augmenter les moyens de l’état afin d’assurer la sécurité dans les quartiers et autres. C’est vrai que c’est au niveau du budget de l’état que la répartition des impôts se décide. Mais ces choix ont tendance à être noyés dans des choix difficiles. Lorsque l’on regarde le vote du parlement, on voit que 96% des choix sont identique à l’année précédente, satisfaisant ainsi les mêmes besoins. On s’aperçoit que la marge de manœuvre est faible. C’est peut être dans cette direction qu’il faudrait retravailler, se reposer un certain nombre de questions. Mais cela demande une intervention des citoyens dans la vie publique. On a pu voir, sur le plan local, des listes allant en ce sens aux dernières élections municipales.

Pascale Fourier : Existe-t-il des moyens pour les citoyens de mettre le nez dans le budget de l’état ?

Michel Prat : L’Etat parait effectivement loin. Cela est d’abord possible par le vote de nos représentants, mais également en s’y intéressant, en s’informant ou même lorsque nous sommes sollicités dans notre vie quotidienne. Ne faudrait-il pas, par exemple, mettre un peu plus d’argent au niveau des transports en commun dans les grandes agglomérations ? Et la fiscalité concernant l’environnement ? On s’aperçoit bien qu’il est très difficile de prendre des décisions. On a tendance à vivre sur ce qui existait auparavant et c’est peut être là où les citoyens doivent intervenir dans leurs collectivités et auprès de leurs représentants, en exigeant des comptes rendus. C’est intéressant de savoir les raisons qui ont poussé un député à voter un budget qui peut s’orienter vers la défense nationale, l’éducation ou l’environnement. On peut se demander, par exemple, pourquoi ils ont abandonné la taxe sur les produits polluants. On peut agir ainsi directement sur les choix politiques effectués.

Rappel : Vous pouvez imprimer ce texte. Quel que soit l’usage que vous en ferez, il vous est demandé de citer votre source : Emission Des Sous…et des Hommes du 20 Novembre 2001 sur AligreFM. Merci d’avance.

¤ « Empty, hollow, thud » : l’expérience de Rosenhan

Classé dans : Outils/Bon à savoir,Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 12 : 05

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Expérience de Rosenthal.

En psychologie, l’expérience de Rosenhan est une expérience renommée sur la validité du diagnostic psychiatrique, menée par le psychologue David Rosenhan en 1973[1]. Son étude a été publiée dans le Science magazine sous le titre « On Being Sane in Insane Places » (« Un individu sain dans des lieux qui ne le sont pas »)[2]. Elle est considérée comme une critique importante et influente des diagnostics psychiatriques.

L’étude de Rosenhan est composée de deux parties. La première partie implique la participation d’associés en bonne santé mentale, les « pseudo patients », qui ont simulé des hallucinations auditives brèves dans le but d’être admis dans douze hôpitaux psychiatriques des États-Unis, répartis dans cinq États différents du pays. Ils ont tous été admis et reconnus souffrants de désordres psychiatriques. Après leur admission, ils ont agi normalement, et déclaré au personnel soignant qu’ils se sentaient bien, et n’avaient plus d’hallucination du tout. Le personnel de l’hôpital a échoué dans chaque cas à détecter la supercherie, et est au contraire resté persuadé que tous les pseudo patients montraient les symptômes d’une maladie mentale. Plusieurs sont restés internés des mois. Ils ont tous été obligés d’admettre avoir une maladie mentale et accepter de prendre des antipsychotiques pour être libérés.

La seconde partie consistait à demander au personnel d’un hôpital psychiatrique d’identifier de faux patients dans un groupe qui n’en comportait pas. Le personnel soignant a faussement détecté comme imposteurs un grand nombre de vrais malades.

La conclusion de l’étude est que les humains ne peuvent pas distinguer les personnes saines des personnes atteintes d’aliénation mentale dans les hôpitaux psychiatriques. Elle a également illustré les dangers de la dépersonnalisation et de l’étiquetage dans les établissements psychiatriques. (more…)

¤ Locus de contrôle

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 11 : 59

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

¤ Locus de contrôle dans Outils/Bon à savoir julian_rotter Le locus de contrôle (ou « lieu de contrôle ») est un concept de psychologie proposé par Julian Rotter en 1954[1] qui décrit le fait que les individus diffèrent dans leurs appréciations et leurs croyances sur ce qui détermine leur réussite dans une activité particulière, ce qui leur arrive dans un contexte donné ou, plus généralement, ce qui influence le cours de leur vie. Les personnes croyant que leur performance ou leur sort dépendent surtout d’eux-mêmes ont un locus de contrôle dit « interne » ; celles persuadées du contraire (c’est-à-dire que l’issue est avant tout déterminée par des facteurs extérieurs, hors de leur influence) ont un locus de contrôle dit « externe ». Par exemple, un candidat échouant à un examen (comme le permis de conduire) attribuera son échec à une cause externe (examen difficile, manque de chance ou examinateur sévère) s’il a un locus contrôle plutôt externe, mais à ses propres erreurs, son manque de travail, de concentration, etc. s’il a un locus de contrôle plutôt interne.

Il est aujourd’hui admis que le locus de contrôle est une dimension importante de la personnalité, relativement stable dans le temps[2]. Cela en fait un élément important dans la psychologie de la santé et du soin auprès des malades ou dans la psychologie de l’éducation. Néanmoins, le locus de contrôle peut être affecté par différents facteurs dont la valence affective de la situation : d’une manière générale, les échecs personnels sont perçus comme davantage dus aux circonstances extérieures tandis qu’on a tendance à adopter un locus de contrôle plus interne vis-à-vis de ses propres succès.

Sommaire

[masquer]

Locus externe[modifier]

Un individu « externe » aura tendance à attribuer une causalité externe aux événements qu’il subira. Par exemple, un sujet externe ayant eu une mauvaise note à un examen attribuera très facilement une cause externe à son échec; ce sera par exemple « la malchance ». Nous parlerons alors d’un sujet ayant un « locus de contrôle externe ».

On distingue divers types de locus de contrôle externe selon que le contrôle des événements est attribué :

  1. au hasard
  2. à la chance
  3. à la fatalité
  4. à un autre tout-puissant

Les individus externes sont plus confiants lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes graves comme la maladie. En effet, ceux-ci peuvent y attribuer une raison (externe) et accepter l’événement qu’ils subissent. Un individu interne cherchera probablement une cause (interne) qui sera inexistante, ce qui pourrait entraîner un état de stress et d’anxiété.

Locus interne[modifier]

Un individu interne aura tendance à attribuer une causalité interne aux événements qu’il subira. Dans ce cas de figure-là, le sujet croit qu’il existe un lien de causalité entre son activité et sa performance. Par exemple, un sujet interne ayant eu une bonne note à un examen attribuera très facilement une cause interne à sa réussite. Ainsi, il justifiera sa réussite par ses multiples efforts. Nous parlerons alors d’un sujet ayant un « locus de contrôle interne ». Le sujet croit alors simplement à l’existence d’un lien entre son activité et sa performance.

Les sujets internes sont plus enclins à se remettre en cause en cas de crise interpersonnelle (ou organisationnelle). De plus, ils éprouvent plus de satisfaction personnelle que les individus externes. En effet, les sujets internes ont une image d’eux-mêmes plus positive.

Toutefois, Averill a montré en 1973 qu’un fort contrôle de la situation peut être néfaste pour le sujet ; par exemple dans le cas de la maladie (voir locus externe).

Facteurs influençant le locus de contrôle[modifier]

Les études de psychologie différentielle montrent que le locus de contrôle varie fortement d’un sujet à l’autre, mais est relativement stable chez une même personne au cours du temps. Toutefois, il existe différents facteurs qui peuvent modifier plus ou moins durablement le score d’internalité (ou d’externalité) d’un individu.

Norme d’internalité[modifier]

Beauvois (1984) fait remarquer qu’il existerait une « norme d’internalité » qui consisterait à mettre en avant des explications internes au détriment des explications externes lors d’explications causales (renforcements et comportements). En effet, de manière générale, la culture occidentale a tendance à valoriser les individus internes, plutôt que les individus externes. C’est pourquoi, les individus voulant se montrer sous un angle favorable à autrui auront plutôt tendance à mettre en avant des explications internes (qu’il s’agisse de comportements ou renforcements, négatifs comme positifs).

Cette norme est transmise par les institutions socio-culturelles (écoles, formations professionnelles etc.).

Biais de la Catégorie socio-professionnelle (CSP)[modifier]

Beauvois et Le Poultier (1986) précisent que les membres des groupes sociaux favorisés sont plus internes que les membres de groupes sociaux défavorisés. Ainsi, la catégorie socio-professionnelle influence fortement les résultats des sujets.

Pansu (1994) a analysé le score moyen d’internalité des cadres hiérarchiques et des exécutants lors de scénarios pré-construits décrivant le comportement d’un individu. Les résultats ont montré que les cadres hiérarchiques avaient un score moyen d’internalité supérieur à celui des exécutants.

Gangloff (1998) a comparé le score moyen d’internalité des cadres et des ouvriers du secteur public et du secteur privé. Il a alors remarqué que la différence du score moyen d’internalité entre les cadres et les ouvriers était bien moins significative dans le secteur public que dans le secteur privé.

Biais de la représentation[modifier]

Bien que la norme d’internalité soit assez stable dans le temps, il ne faut pas oublier qu’elle reste toutefois subjective. En effet, certaines prises de positions pourront nous paraitre externes/internes alors qu’elles seront bien différentes.

La « chance » reste une donnée très relative. En effet, un sujet peut avoir de la chance de manière exceptionnelle sans être externe. Ainsi, si un sujet achète les deux dernières places de son concert préféré, il a eu de la chance (attribution externe) sans être pour autant un sujet externe.

Matériel[modifier]

Il existe très peu d’instruments valides de mesure du Loc. Toutefois, le locus de contrôle est souvent défini à l’aide de questionnaires ou de tests psychologiques.

L’échelle établie par Rotter sur la base d’un questionnaire à choix forcé de trente items reste la plus largement utilisée[2].

L’IPC de Levenson, qui mesure en plus de l’internalité l’influence d’un autrui tout-puissance et le facteur chance (hasard), a des qualités psychométriques satisfaisantes dans sa version française.[3]

L’échelle de Lumpkins, qui se compose d’une dizaine d’items, n’est pas validée en langue française.

Notes et références[modifier]

  1. Certains auteurs ont évoqué l’influence de concepts comme celui d’attribution causale (développé par Fritz Heider) sur la conceptualisation du locus de contrôle mais Rotter reste considéré comme l’inventeur du concept dans le cadre de sa théorie de l’apprentissage social, voir (en) Uichol Kim, Guoshu Yang, Kwang-kuo Hwang, Indigenous and Cultural Psychology: Understanding People in Context, Springer, 2006, p. 43.
  2. a et b (en) John Maltby, Liz Day, Ann Macaskill, Personality, Individual Differences and Intelligence, Pearson Education, 2007, p. 91-92.
  3. Rossier, J., Rigozzi, C. & Berthoud, S. (2002). Validation de la version française de l’échelle de contrôle de Levenson (IPC), influence de variables démographiques et de la personnalitéValidation of the French translation of the Levenson’s locus of control scale (IPC). Annales Médico-psychologiques, 160 (2), 138-148.

Articles connexes[modifier]

Bibliographie[modifier]

  • Cerclé, A., Somat, A., Psychologie Sociale, Paris, Dunod, 2005. (ISBN 2-10049-027-3)
  • Lieury, A., Psychologie Cognitive, Paris, Dunod, 1990. (ISBN 2-10048-374-9)
  • Louche, C., Psychologie sociale des organisations, Paris, Armand Colin, 2005. (ISBN 2-20034-561-5)
  • Paquet, Y., Relation entre locus de contrôle, désir de contrôle et anxiété, Paris, Masson, 2006.

¤ Sociocratie

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 11 : 58

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Types de gouvernements

La sociocratie fait référence à un mode de prise de décision et de gouvernance qui permet à une organisation quelle que soit sa taille — d’une famille à un pays — de se comporter comme un organisme vivant, de s’auto-organiser. Son fondement moderne est issu des théories systémiques. L’objectif premier est de développer la co-responsabilisation des acteurs et de mettre le pouvoir de l’intelligence collective au service du succès de l’organisation.

Sommaire

[masquer]

Histoire[modifier]

Gerard Endenburg[modifier]

Gerard Endenburg (1933-) est un ingénieur hollandais en électrotechnique. En 1968, il prend la direction de l’entreprise familiale Endenburg Elektrotechniek en remplacement de son père. En 1970, atterré par les conflits permanents au sein du comité d’entreprise, il décide de stopper le développement économique de l’entreprise pour se consacrer à améliorer son organisation. Il invente alors la méthode sociocratique fondée sur le concept plus aucune objection argumentée d’aucune personne.

Sources[modifier]

La création de la sociocratie par Gerard Endenburg est la confluence de quatre éléments :

  1. Ses propres connaissances en cybernétique (théories des systèmes de contrôle/commande) ;
  2. Sa méthode de travail par analogie consistant à trouver la solution d’un problème dans un domaine en transposant celle trouvée à un problème équivalent dans à un autre domaine — ici de la cybernétique à la société ;
  3. Les travaux de Kees Boeke (1884-1966), un pacifiste et éducateur hollandais qui a créé en 1940 une école où aucune action ne pouvait être entreprise s’il n’y avait pas des solutions acceptables par tous aux problèmes existants : Gerard Endenburg a été élève de Kees Boeke de 1943 à 1948 ;
  4. Le fonctionnement de la Société religieuse des Amis, plus connue sous le nom de quakers, et dont Kees Boeke et les parents d’Endenburg étaient membres : les quakers défendent le droit à la spiritualité individuelle, décident par consensus, sont non-violents, etc.

Origine du mot[modifier]

Le mot sociocratie a été inventé par Auguste Comte (1798-1857)[réf. nécessaire]. Ses racines viennent du latin societas (société) et du grec krátos (autorité) : la gouvernance du socios, c’est-à-dire des personnes liées par des relations significatives, différent du dêmos (démocratie), masse d’individus ne partageant que quelques valeurs communes.

Le mot a été aussi employé par le sociologue américain Lester Frank Ward[réf. nécessaire] (1841-1913) qui l’a probablement repris d’Auguste Comte.

Aux États-Unis, le mot sociocratie évoque irrésistiblement aux Américains le mot socialisme avec toutes les connotations négatives que ce terme a pour beaucoup d’entre eux. Aussi, la sociocratie y est parfois appelée gouvernance dynamique (Dynamic Governance).

Diffusion[modifier]

Du fait de son origine, la sociocratie s’est particulièrement développée en Hollande aussi bien dans les milieux économiques traditionnels que dans les milieux éducatifs. La sociocratie y est d’ailleurs une forme de structure légale pour les entreprises.

De nombreuses organisations utilisent la sociocratie en France et dans le reste de l’Europe, en Amérique latine, en Inde, aux États-Unis et au Canada.

Gerard Endenburg a créé en Hollande un centre de diffusion de la sociocratie[1]. D’autres tentatives de regroupement des praticiens de la sociocratie sont en cours, notamment aux États-Unis[2].

Les quatre règles de fonctionnement[modifier]

La méthode d’organisation sociocratique repose sur quatre règles simples.

La prise de décision par consentement[modifier]

La sociocratie distingue les décisions politiques (qui affectent le fonctionnement de l’unité ou l’organisation du travail) et les décisions opérationnelles (le travail au quotidien). Pour des raisons d’efficacité, seules les premières sont prises par consentement. Il y a consentement quand personne n’a d’objection importante et raisonnable. Quand une objection est émise dans un groupe sociocratique, la personne qui a émis l’objection et les autres membres du groupe travaillent ensemble à la lever. S’ils y arrivent la décision est prise ; sinon un processus d’escalade dans la structure de l’organisation évite le blocage.

Le consentement est la composante cardinale de la sociocratie. Il peut être fait à peu près n’importe quoi du moment qu’il y a consentement. Notamment une organisation sociocratique peut choisir pour une durée limitée un autre type de gouvernance, s’il y a consentement à ce propos, par exemple en cas de crise grave.

Le cercle[modifier]

La sociocratie maintient la structure opérationnelle existante d’une organisation. À chaque élément de cette structure, elle rajoute en parallèle un cercle chargé de la prise des décisions politiques. Toute personne appartenant à la structure opérationnelle est membre de droit du cercle correspondant. Des cercles ad hoc peuvent être créés pour résoudre des problèmes spécifiques.

Chaque cercle établit ses propres règles de fonctionnement sur le principe du consentement de ses membres. Un cercle a pour mandat de réaliser la mission de l’unité de travail, d’améliorer constamment la qualité de sa production et d’assurer sa pérennité par l’éducation permanente de ses membres.

Un cercle est maître du pilotage, de l’exécution et de la mesure de ses processus au sens de la norme ISO 9001. L’exécution de ses trois fonctions par le cercle est une des conditions majeures du succès de la sociocratie dans une organisation.

Chaque cercle choisit un facilitateur qui anime les réunions selon les méthodes sociocratiques, et un secrétaire qui rédige les comptes rendus et maintient l’historique du cercle.

Un cercle est une organisation semi-autonome car il est inscrit dans une hiérarchie : chacun doit tenir compte des besoins des cercles supérieurs et des cercles inférieurs. Le cercle de plus haut niveau, correspond au conseil d’administration ; il doit représenter l’environnement économique, social et culturel de l’organisation.

Le double lien[modifier]

Dans une organisation gérée de manière traditionnelle, le responsable d’une unité assure à la fois la communication descendante (les directives venant des niveaux supérieurs de l’organisation) et la communication ascendante (le retour des informations de la base vers les niveaux supérieurs). Assurer simultanément ces deux rôles est difficile et source de confusion.

La sociocratie établit un double lien entre chaque cercle et son cercle de niveau supérieur. Le responsable de l’unité opérationnelle est choisi par le cercle de niveau supérieur. Une deuxième personne, obligatoirement distincte de la précédente, est choisie par le cercle pour participer au cercle de niveau supérieur et donner ou non son consentement aux décisions qui y sont prises. Ces deux personnes sont membres à part entière des deux cercles.

L’élection sans candidat[modifier]

Le choix et l’affectation des personnes dans une fonction ou la délégation d’une tâche à un membre du cercle s’effectue par un processus de vote sans candidat déclaré. Chaque membre du cercle propose la personne qu’il estime la plus adaptée à la fonction, puis justifie son choix. Le facilitateur du cercle propose alors un candidat qui est accepté ou non par consentement.

Socios versus dêmos[modifier]

Pour que la sociocratie fonctionne, il faut que les membres de l’organisation soient unis par un lien fort qui donne cohérence et direction. Pour cela, non seulement l’organisation dans son ensemble, mais chaque cercle définit :

  • Sa vision : l’impact positif qu’il veut avoir sur le monde extérieur à l’organisation ;
  • Sa mission : ce qu’il fait globalement pour contribuer à la concrétisation de sa vision ;
  • Ses objectifs : les mesures concrètes qu’il prend pour mettre en œuvre sa mission.

Rémunération du capital et du travail[modifier]

Partant de l’idée qu’une organisation a besoin pour exister à la fois de capital et de travail, Gerard Endenburg a aussi proposé un mode de rémunération équitable de l’un et de l’autre.

Dans une organisation traditionnelle, les apporteurs de travail ont une rémunération fixe (le salaire) et les apporteurs de capital une rémunération variable (les dividendes). Cela veut dire que les apporteurs de travail ne bénéficient pas de l’efficacité éventuelle de l’organisation et que les apporteurs de capital n’ont pas la garantie de revenu que leur apporteraient d’autres placements de leur argent.

Gerard Endenburg a donc proposé un système permettant de donner à chacun une rémunération fixe garantie et une rémunération variable proportionnelle aux résultats de l’organisation.

Ce système de rémunération ne fait pas partie des règles de base de la sociocratie et n’est donc pas appliqué par de nombreuses organisations sociocratiques. Quand il est appliqué, ses modalités sont bien évidemment définies par consentement au sein de l’organisation.

Mise en œuvre de la sociocratie[modifier]

Même si elle est élaborée en tenant compte de concepts complexes issus de la cybernétique et des théories de la communication, la sociocratie est extrêmement simple : elle a pu être utilisée par des enfants dans des écoles ou par des parlements de village en Inde. Cette simplicité permet de l’installer dans une organisation avec un minimum de formation.

Toutefois, une planification rigoureuse et un suivi méticuleux du démarrage sont nécessaires pour assurer le respect de la méthode et donc sa viabilité. De plus certaines personnes peuvent être déstabilisées émotionnellement par ce changement de structure et avoir besoin d’un accompagnement.

Globalement et sans qu’il y ait de mesure objective et quantifiée de ces phénomènes, les organisations ayant démarré la sociocratie constatent un réel gain d’efficacité notamment parce que la règle du consentement assure qu’une décision prise est mise en œuvre sans délai et sans résistance. Elles font aussi état d’une meilleure flexibilité, d’une amélioration de la créativité et d’une baisse de l’absentéisme. Les membres de l’organisation déclarent un plus grand sentiment d’appartenance, une meilleure image de soi et une amélioration des relations.

Voir aussi[modifier]

Bibliographie[modifier]

  • Gerard Endenburg, Sociocracy as social design, Eburon, 1988 (ISBN 978-9051666045)
  • Gerard Endenburg, Sociocracy : The Organization of Decision Making, Eburon, 1998 (ISBN 978-9051666052)
  • John Buck and Sharon Villines, We the people, Consenting to a Deeper Democracy, Sociocracy.info (ISBN 978-0-9792827-0-6)
  • Gilles Charest, La Démocratie se meurt, vive la sociocratie, Centro Esserci, 2007 (ISBN 978-88-87178-72-2)

Références[modifier]

  1. Global Sociocratic Centers Website [archive]
  2. Socionet [archive]

Liens externes[modifier]

¤ Lignages de Bruxelles

Classé dans : Ecrire/Creer — uriniglirimirnaglu @ 11 : 57

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Lignages (homonymie).

¤ Lignages de Bruxelles dans Ecrire/Creer 400px-LES_BLASONS_DES_7LIGNAGES_CARTE_GRAVEE_PAR_Harrewyn%2C_1697

magnify-clip dans Ecrire/Creer

Les blasons des Sept Lignages de Bruxelles, gravés par Jacques Harrewyn, 1697.

Les Lignages de Bruxelles qui avaient nom Sleeus, Sweerts, Serhuyghs, Steenweeghs, Coudenbergh, Serroelofs et Roodenbeke ont formé depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin de l’Ancien Régime une classe d’hommes particulière destinée « à diriger la cité avec sagesse, à la défendre avec force et à la rendre plus belle et plus prospère »[1].

À cette triple mission, correspondaient les trois fonctions dont les Lignages de Bruxelles ont eu le monopole jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

  • À leur première fonction correspondait leur rôle d’échevins c’est-à-dire de juges et d’administrateurs de la ville, avec comme modèle le légendaire juge et échevin intègre Herkenbald dit « le Justicier ».
  • À leur seconde fonction correspondait leur rôle de chefs des milices et de la cavalerie urbaines puis de capitaines des gardes bourgeoises, avec comme modèle le héros Everard t’Serclaes.
  • À leur troisième fonction correspondait leur rôle dans le développement économique et leur service pour le bien-être de la population en tant que dirigeants de la Suprême Charité, fondateurs et gestionnaires d’hôpitaux, d’hospices et d’institutions de bienfaisance ainsi qu’en tant que Doyens et Octovirs de la Chambre de Commerce appelée Gilde Drapière, Surintendants du canal de Bruxelles ou responsables des travaux et de l’embellissement public, avec comme modèle un Jean de Locquenghien créateur du Canal de Bruxelles. C’est cette mission d’embellir la ville qui les incita à construire de splendides bâtiments publics comme l’hôtel de ville ou la Grand-Place.

Sommaire

[masquer]

¤ Extraordinary rendition : transfert extraordinaire

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 11 : 20

Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Le terme extraordinary rendition (qu’on peut traduire par « transfert extraordinaire ») désigne l’action de transférer un prisonnier d’un pays à un autre hors du cadre judiciaire, notamment hors des procédures normales d’extradition[1].

Ce terme a été médiatisé dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme », notamment à propos d’opérations de la CIA américaine de transport clandestin de prisonniers, parfois précédé d’un enlèvement et parfois associé à une sorte « d’externalisation » de la torture, les États-Unis faisant torturer des prisonniers dans des pays alliés tout en l’interdisant sur leur territoire.

Les personnes concernées sont parfois détenues dans des prisons secrètes de la CIA hors du territoire des États-Unis (aussi appelées « black sites »). Seule une minorité des personnes enlevées disent avoir subi des sévices.

Sommaire

[masquer]

Histoire[modifier]

Des cas de transferts de prisonniers hors cadre judiciaire ont eu lieu avant que le terme de rendition ne soit en usage. Un des cas les plus célèbres est celui de l’enlèvement d’Adolf Eichmann en Argentine par les services secrets israéliens en 1960.

Les débuts[modifier]

Dans les années 1980, les États-Unis ont élargi l’autorité de leurs services fédéraux à l’extérieur de leur territoire pour poursuivre des terroristes ayant attaqué des citoyens ou des biens américains. En septembre 1987, le FBI arrêta dans les eaux internationales Fawaz Younis, accusé d’avoir détourné un avion de ligne où se trouvaient deux Américains, et l’amena aux USA où il fut jugé et condamné[2].

En 1990, le président Bush approuva l’enlèvement de Humberto Álvarez Machaín à Mexico par des mercenaires mexicains et son transfert aux USA. Álvarez Machaín était recherché pour sa participation à la torture et au meurtre d’un agent de la DEA, Enrique Camarena[3].

La rendition comme outil usuel contre le terrorisme[modifier]

Dans les années 1990, les États-Unis ont commencé à utiliser la rendition de manière fréquente dans la lutte contre le terrorisme. Ramzi Yousef et Mir Aimal Kansi (assassin de trois employés de la CIA en 1993) furent ainsi transférés sans procédure judiciaire du Pakistan aux États-Unis pour y être jugés, en 1995 et 1997 respectivement.

En 1995, l’administration Clinton a formalisé l’utilisation de cette technique comme un de ses outils de lutte contre le terrorisme par la Presidential Decision Directive 39[4].

Plusieurs dizaines de renditions de terroristes présumés ont eu lieu avant le 11 septembre[5]. Le Counterterrorist Center (CTC, centre contre-terroriste) de la CIA créa une branche dédiée, la Renditions Branch, en 1997[6]. Cette branche a par la suite été renommée Renditions Group[7].

La rendition après le 11 septembre 2001[modifier]

L’utilisation de la rendition s’est intensifiée dans le cadre de l’action anti-terroriste postérieure aux 11 septembre 2001.

On accuse les États-Unis d’avoir pratiqué l’extraordinary rendition sur 250 personnes depuis 2001, dont :

  • Khaled el-Masri, citoyen allemand d’origine libanaise, homonyme d’un Égyptien recherché pour terrorisme,
  • Maher Arar, Canadien d’origine syrienne, qui dit avoir été appréhendé le 26 septembre 2002 ;
  • deux citoyens suédois d’origine égyptienne enlevés à l’aéroport de Stockholm en décembre 2001 ;
  • Mamdouh Habid, un Australien d’origine égyptienne, enlevé au Pakistan en octobre 2001 ;
  • Hassan Moustapha Ossama Nasr, aussi appelé Abou Omar, soupçonné d’avoir été actif dans les milieux islamistes en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine, jusqu’en 1997 où il a eu le statut de réfugié politique. Il a été enlevé en Italie le 17 février 2003 et a été envoyé en Égypte en mai 2004. Dans cette affaire, le 23 juin 2005, un magistrat italien a demandé l’arrestation de 13 personnes, dont un ancien consul des États-Unis à Milan, pour enlèvement. Selon le quotidien New York Times qui cite un enquêteur italien, le gouvernement italien aurait pu être mis au courant de l’enlèvement, de manière à ne pas intervenir[8]. D’après le Chicago Tribune, l’ancien agent italien Stefano D’Ambrosio, a dit aux procureurs qu’il a été informé dans des termes explicites par des agents de la CIA qu’une opération conjointe pour kidnapper Abou Omar était encouragée et attribuée par le chef de la station de la CIA à Rome[9].

Témoignages et éléments concordants[modifier]

De nombreux éléments viennent confirmer ces activités ; un recoupement de témoignages [10] a été effectué avec les plans de vol d’avions appartenant à des sociétés n’ayant aucune activité économique telle que la Premier Executive Transport Services Inc. (dont le sigle Pets signifie « animaux de compagnie »), la Bayard Foreign Marketing of Portland la Keeler and Tate Management et qui sont donc accusées d’être des sociétés écran de la CIA [11]. Des entreprises commerciales réelles tels Vision Airlines sont également prestataires de services pour la CIA.

Plusieurs journaux américains ont également obtenu des témoignages d’anciens membres des services secrets [12], ou de membres actuels sous anonymat. De nombreuses associations de défense des Droits de l’homme dénoncent ces pratiques, comme l’Association des avocats new-yorkais[13] ou Human Rights Watch.

Notes et références[modifier]

  1. (en) Daniel Benjamin, « 5 Myths About Rendition (and That New Movie) », dans The Washington Post, 20 octobre 2007 [texte intégral [archive] (page consultée le 28-02-2011)] :

    « In fact, the term « rendition » in the counterterrorism context means nothing more than moving someone from one country to another, outside the formal process of extradition »

     

  2. A Byte Out of History [archive], site du FBI
  3. Daniel Benjamin, « 5 Myths About Rendition (and That New Movie) »
  4. Presidential Decision Directive 39 [archive]. « Return of suspects by force may be effected without the cooperation of the host government, consistent with the procedures outlined in NSD-77, which shall remain in effect. ». La National Security Directive 77 (NSD-77) date de 1993 (administration Bush) et est toujours classifiée [1] [archive]
  5. Renditions Branch (CIA) [archive] sur http://www.historycommons.org/ [archive]
  6. Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States p.276
  7. (en) SSCI & HPSCI, Report of the joint inquiry into the terrorist attacks of september 11, 2001 [archive] (rapport d’enquêtes sur les attentats), 2002, (ISBN 978-1-4142-5830-0), p.708 (appendice Counterterrorism Organizations With The Intelligence Community (As of December 31, 2002) p.2)
  8. Le Monde, 26 juin 2005
  9. Santa Barbara News-Press [archive]
  10. Libération n°7418, 17 mars 2005
  11. Newsweek, 1re semaine de mars
  12. R. Baer, La chute de la CIA, Les mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme, Gallimard, Folio Document
  13. Torture by proxy : International and domestic laws applicable to « extraordinary renditions », Scott Horton, Association des avocats new-yorkais

Voir aussi[modifier]

Articles connexes[modifier]

Liens externes[modifier]

Documents
Articles

[4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17]

Autres

25 mars 2011

¤ Circuit du crime organisé / La délinquance en col blanc coûte plus cher que celle à capuche (casquette)

Classé dans : Outils/Bon à savoir — uriniglirimirnaglu @ 14 : 52

organizedcrime.jpg  

 organizedcrimep2.jpg

Posté par Edouard le 05.05.10 à 13:41 | tags : revue de presse, economie | 2

Selon l’économiste Jacques Bichot, le coût de la fraude fiscale s’élèverait à 27 milliards d’euros, contre 5,6 au vandalisme et 14 aux violences aux personnes. Une étude qui remet en perspective l’importance de la « petite » délinquance ».

Opposez la délinquance en col blanc à celle commise par les « racailles » chères à Nicolas Sarkozy vaut généralement d’être accusé d’angélisme de gauche par les obsédés du sécuritaire. Ces infractions qui font la Une des journaux ne sont pourtant pas celles qui coûtent le plus cher à l’Etat, si l’on en croit le chiffrage effectué par Jacques Bichot, économiste et professeur à Lyon 3.

D’après Bichot, l’ensemble des types de délinquance représente un montant de 115 milliards d’euros, soit 5,6% du PIB, répartis comme suit : 14 milliards d’euros pour la gendarmerie et la justice, 27 milliards d’euros pour les fraudes fiscales, 5,6 milliards d’euros pour le vandalisme et 14 milliards d’euros pour les violences aux personnes.

Dans le détail, l’économiste nous apprend également que les fraudes aux aides sociales ne représentent « que » 800 millions d’euros sur les 27 milliards d’euros de fraude fiscale. Les patrons coûteraient donc plus cher à l’Etat que les musulmans supposés polygames. L’arnaque a la TVA s’élève ainsi à 5 milliards d’euros…

On attend maintenant de voir à la télé des reportages anxiogènes sur cette délinquance en col blanc qui met à mal le budget de la France…

24 mars 2011

¤ PLUS UN AVION DANS LE CIEL FRANCAIS ? Normal, ils sont en vacances en Lybie (Humour de mauvaise qualité…)

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 21 : 16

Bon sang, on a enfin plusieurs jours de ciel TOTALEMENT BLEU !!! J’avais fini par croire que c’était devenu impossible avec ce trafic aérien en perpétuelle accroissement, paraît-il… Or, là, depuis quelques jours, je n’ai pas du voir plus de deux avions. Du jamais vu depuis des mois et des mois !

 

Comment dans ce cas expliquer que les chemtrails imbibent autant l’imaginaire collectif, alors même que depuis déjà 5 jours en France (et peut-être dans d’autres pays européens), on n’en voit plus un seul, ce qui signifie qu’il existe des situations, qui peuvent être considérées comme indépendantes de la météo, où les chemtrails/contrails persistants n’existent pas ?…

 

Bizarrement, la période actuelle de ciel bleu coincide pile poil avec le début de l’intervention aérienne en Lybie suite au vote de la résolution 1973 par le conseil de sécurité de l’ONU…

 

Qui peut me dire quel est le type et la marque de l’avion qui figure sur cette photo qui illustre un article sur ce sujet, actuellement visible sur la page d’accueil du site portail de l’opérateur internet Orange ?

 

¤ PLUS UN AVION DANS LE CIEL FRANCAIS ? Normal, ils sont en vacances en Lybie (Humour de mauvaise qualité...) dans Politique/Societe photo_1300976525234-8-0

 

Qui sont les pilotes de ces avions, où sont-ils basés eux et leurs appareils,… et à quoi les occupe-t-on le reste du temps…?

 

A faire des morpions dans le ciel ?

21 mars 2011

¤ Pourquoi les contrails aperçus à l’horizon sont des trainées d’épandage ?

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 3 : 28

Parce que l’oeil humain ne peut pas voir un contrail situé à 250 miles ! La preuve ci-dessous (désolé, il va falloir faire un peu de maths !) :

 

radar ligne de visée (LOS), l’équation


ligne de radar de visée (LOS), l’équation: Une équation qui exprime le radar large horizon (RHR), proposée par

¤ Pourquoi les contrails aperçus à l'horizon sont des trainées d'épandage ? dans Politique/Societe 37c_31

RHR s est la gamme horizon radar en miles, h est la antenne hauteur en pieds, et une est l’altitude critique objet, à savoir, l’altitude cible en pieds, en dessous duquel le radar ne peut pas éclairer l’objet. Remarque: Le FCR est également proposée par

37c_32 dans Politique/Societe

RHR k est la gamme horizon radar en kilomètres quand h et une sont en mètres. Le rayon de la Terre en vigueur , à savoir 4 / 3 fois le rayon de la Terre réelle, est utilisée pour le calcul de ces formules. Le rayon de la Terre efficace pour LOS varie avec la fréquence porteuse . -Pour les écarts Deuxième sont négligés. Ils contribuent pour moins de 0,1%. [ De Weik 89 ]

16 mars 2011

¤ Les faux sondages Le Pen : Washington pris la main dans le sac

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 10 : 10

Source : http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/les-faux-sondages-le-pen-90565

Auteur de l’article

François Asselineau

François Asselineau François Asselineau 53 ans, HEC, vice major de-l’ENA, Inspecteur général des finances, a été membre de cabinets ministériels (notamment auprès de Gérard Longuet, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, et d’Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères). Il a également été directeur de cabinet de Charles (…)

¤ Les faux sondages Le Pen : Washington pris la main dans le sac dans Politique/Societe harris-interadea-e1800L’ensemble de la scène politique française a été secouée, les 5 et 7 mars, par la publication coup sur coup de deux sondages, publiés l’un et l’autre par le journal Le Parisien, réalisés l’un et l’autre par « l’institut » Harris Interactive, et donnant l’un et l’autre Mme Le Pen en tête du 1er tour à l’élection présidentielle qui se déroulera dans plus d’un an.

Dans le premier, Mme Le Pen (FN) était créditée de 23 % au premier tour de la présidentielle, devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry (PS), chacun crédité de 21 %. Dans le second, elle était créditée de 24 %, devançant Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn.

Cette opération médiatique a laissé un profond sentiment de malaise dans l’opinion car de nombreuses personnes y ont flairé quelque chose d’artificieux, comme s’il s’agissait de fausser et de biaiser dès le départ le débat électoral et le choix des électeurs français un an avant les élections présidentielles.

C’est la raison pour laquelle il est important de revenir sur l’ensemble de cette affaire et, notamment, de partir à la recherche des commanditaires de toute l’opération.

1- DE PRÉTENDUS « SONDAGES » SANS AUCUNE VALEUR SCIENTIFIQUE

Sur le site Rue89, M. Jacques Le Bohec, professeur en sciences de l’information, a précisé que ces « sondages » Harris Interactive, réalisés via Internet, avaient « recouru à la pire des techniques qui existent puisqu’elle ne permet pas de s’assurer de la sincérité des réponses (d’à peu près rien d’ailleurs) ».

Décortiquant les rares informations disponibles sur la « technique » utilisée, M. Le Bohec a égrené les points qui ôtaient toute valeur scientifique à ces enquêtes :

  • elles sont bien trop éloignées de la date du vote pour avoir du sens : les résultats obtenus sont forcément entachés de « réponses ludiques, de défiance ou de protestation »
  • les rares quotas retenus par les sondeurs sont trop insuffisants (diplôme, locataire/propriétaire) et sont trop englobants (« inactifs ») pour obtenir un échantillon représentatif.
  • la fille de Jean-Marie Le Pen présentant « moins de stigmates négatifs » que son père, « il y a de fortes chances pour que les électeurs avouent plus aisément leur futur vote en sa faveur » et le très important « coefficient de redressement au sujet des intentions de vote à son endroit » n’a sans doute pas lieu d’être (les résultats en faveur de Mme Le Pen étant forfaitairement multipliés par 1,5 pour tenir compte de cette prétendue répugnance des « sondés » à avouer leur vote).

Le professeur en sciences de l’information en conclut que le score réel de Mme Le Pen, loin d’atteindre 23 % des suffrages, ne dépasse probablement pas 16% et s’interroge :

« Ne devrait-on pas, avant de balancer n’importe quels chiffres en pâture, être sûr que les réponses sont sincères, que l’échantillon est représentatif et que l’on doive le redresser ? A moins qu’il ne s’agisse d’une opération fumeuse destinée à rendre DSK indispensable ? »

http://www.rue89.com/2011/03/06/sondage-marine-le-pen-a-23-au-premier-tour-peu-probable-193620

Ajoutons à cette analyse que « l’échantillon » de Harris Interactive est constitué de personnes qui ont accepté d répondre à des quantités de sondages, y compris des sondages politiques, CONTRE PERSPECTIVE DE GAIN. Interrogé sur cette question troublante, Jean-Daniel Lévy, le directeur du département opinion de Harris Interactive France, l’a d’ailleurs reconnu sans ambages :

« Pour attirer le chaland et le motiver à répondre à son enquête, réalisée sur internet, l’institut a organisé un jeu-concours et fait miroiter une récompense. Au final, 7.000 € ont été offerts à l’un des quelque 1.600 membres du panel ».

.http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/france/sondages-incitation-financiere-une-pratique-qui-se-banalise-08-03-2011-1229325.php

Il est utile de rappeler ici qu’une étude d’Esomar de 2006 citée par l’Observatoire des sondage avait établi que 54% des sondés par Internet admettait mentir pour gagner une gratification. http://www.observatoire-des-sondages.org/L-artefact-Marine-Le-Pen-la.html

Il n’est pas inutile non plus de souligner que, parmi les arguments utilisés par Harris Interactive pour inviter des internautes à s’inscrire à leur sondage en ligne « Harris Poll On Line », figure cet argument explicite :

« En participant à Harris Poll On Line, vous pouvez influencer les décideurs dans l’administration, les organisations à but non lucratif et les entreprises et contribuer à façonner les politiques ».

 

Sondage Harris poll on line
Harris Poll On Line annonce la couleur : « En participant à Harris Poll On Line, vous pouvez influencer les décideurs dans l’administration, les organisations à but non lucratif et les entreprises et contribuer à façonner les politiques »

 

2 – LA SURMÉDIATISATION DES SONDAGES LE PEN EST UNE OPÉRATION DE DÉSINFORMATION

Les deux « sondages » publiés coup sur coup par Harris Interactive étant ainsi dépourvus de toute valeur scientifique, un autre « institut » aurait parfaitement pu produire d’autres « sondages » présentant Mme Le Pen obtenant 14 % ou 16 % des voix et échouant à franchir l’étape du second tour.

Pourtant, ces deux sondages Harris Interactive ont bénéficié d’une orchestration médiatique d’une ampleur que l’on n’avait pas connue depuis plusieurs années. Toutes les télévisions, toutes les radios et toute la grande presse écrite a propulsé ces « informations » au premier rang de l’actualité nationale et même mondiale.

Résultats des sondages Google
Le sondage Harris Interactive diffusé le 6 mars 2011 et donnant Marine Le Pen en première place au premier tour de l’élection présidentielle a fait l’objet d’une mise en scène véritablement hollywoodienne. Présenté comme un « coup de tonnerre », ce sondage certainement truqué arrive pour Google au premier rang des informations mondiales, avant même les derniers développements de la guerre en Libye.

 

Les connaisseurs ont immédiatement reconnu une opération de désinformation de grande ampleur, selon la définition qu’en donne Vladimir Volkoff : la « désinformation est une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés » (in Désinformation, flagrant délit, Éditions du Rocher, 1999, p.31) :

On ne saurait mieux résumer l’opération de désinformation qu’en citant la présentation de ces sondages telle qu’a osé le faire le magazine Le Point, en reprenant une dépêche Reuters :

« Marine Le Pen affole les compteurs en vue de 2012 – Marine Le Pen semble en passe de réussir son pari d’être au second tour de la présidentielle avec des sondages spectaculaires qui suggèrent que le Front national n’a pas simplement changé de prénom mais également d’image. Lancée à vive allure vers son objectif déclaré, la nouvelle présidente du FN s’imposerait au premier tour dans tous les cas de figure selon une enquête Harris Interactive publiée mardi par le Parisien. Au-delà des controverses sur la méthodologie employée pour consacrer la fille de Jean-Marie Le Pen reine des sondages, les analystes insistent sur la vague qui la porte vers les sommets ». http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/marine-le-pen-affole-les-compteurs-en-vue-de-2012-08-03-2011-1303935_240.php

14 mois avant l’échéance, alors que nul ne sait qui seront les véritables candidats et alors qu’une longue campagne électorale aura lieu et ne commencera réellement que dans environ 8 mois, le magazine Le Point a ainsi déjà « sacré » Marine Le Pen comme « reine des sondages » [sic] et a le culot d’affirmer qu’elle « semble en passe de réussir son pari d’être au second tour de la présidentielle ». Quant à l’absence totale de scientificité de ces prétendus « sondages », le magazine l’évacue avec une simple incidente : « Au-delà des controverses sur la méthodologie employée… » [sic] . Ce qui revient très exactement à dire :

« Au-delà du fait que ces sondages sont faux, ils sont quand même vrais ».

En termes de mise en scène et de désinformation, cela s’appelle « planter le décor ». Désormais, tous les commentaires politiques vont pouvoir gloser à l’infini sur la présence de Mme Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Et, tous les sondages ultérieurs se sentiront peu ou prou obligés de ne pas trop s’éloigner de ces « sondages » Harris Interactive, en procédant aux « redressements » de leur choix.

sondage-Mari0195-cea4f-d73cb dans Politique/Societe
Le magazine Marianne est détenu à 25 % par Yves de CHAISEMARTIN (ici en bas à droite), représentant pour l’Europe du Fonds CARLYLE. Ce fonds, qui gère notamment le patrimoine des familles Bush et Ben Laden, est dirigé par Franck Carlucci, ancien directeur général adjoint de la CIA et par Olivier SARKOZY, demi-frère de Nicolas SARKOZY (ici en haut à droite). Le magazine Marianne contribue très largement à l’orchestration de la campagne de promotion de Mme LE PEN et à l’annonce de « la chute du Sarkozysme »…

 

3 – LA DÉNONCIATION D’UNE MANIPULATION, MAIS PAS DES MANIPULATEURS

Les professionnels de la politique, et notamment les députés et les sénateurs qui connaissent bien le terrain, savent bien que la situation est actuellement très mauvaise en France. Mais ils savent également que le FN (qui n’avait récolté que le bien maigre score de 2,45% des électeurs inscrits aux élections européennes de juin 2009) n’en est pas pour autant à récolter 1 suffrage sur 4 un an et demi après. C’est pourquoi le prétendu « sondage » publié le 5 mars par Le Parisien a remis sur le devant de la scène une proposition de loi adoptée en première lecture par le Sénat, et défendue conjointement par le PS Jean-Pierre Sueur et l’UMPR Hugues Portelli pour mieux réglementer les sondages.

Voici quelques jours, le 3 mars 2011, le magazine Marianne, était justement allé interroger M. Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion de Harris Interactive France, pour lui demander pourquoi il s’insurgeait contre cette proposition de loi – votée à l’unanimité. A quoi le responsable de Harris Interactive France avait répondu, bien entendu après avoir réaffirmé son souci de « transparence »  : «  Nous ne croyons pas que les sondages façonnent l’opinion. […]

À Harris Interactive, nous ne sommes pas favorables à la publication des données brutes, des marges d’erreur et de l’instauration d’un délai de 24h00 entre la fin d’une enquête et sa publication ».

http://www.marianne2.fr/Sondages-pour-JD-Levy-Harris-Interactive—le-commanditaire-doit-etre-transparent_a203403.html

Si l’on y réfléchit bien, cette réponse est un aveu. Car un institut de sondage digne de ce nom, s’il n’avait en tête que la seule fiabilité scientifique des études qu’il produit, devrait être le premier à vouloir augmenter le niveau d’exigence de la loi afin d’empêcher de nuire les officines de désinformation. En s’opposant au contraire à l’édiction législative de meilleurs contrôles des « sondages » produits, Harris Interactive France a jeté le masque : il n’est pas là pour éclairer l’opinion mais pour la déformer.

Du reste, les grands politiques ne sont pas plus dupes de cette désinformation délibérée.

Interrogé sur la radio RMC, l’ancien ministre socialiste des affaires étrangères Roland Dumas n’a pas caché qu’il pensait que ce « sondage », qu’il a qualifié de « plaisanterie », n’était qu’une manipulation :

« Mais Marine Le Pen ne fait pas peur… Même le père ne faisait pas peur. La dernière fois, c’était une rigolade, la menace de Le Pen…., on a fait voter tous les socialistes comme des couillons qui sont allés voter pour voter pour Juppé ou je sais plus qui, pour Chirac, Ce sondage est très intéressant mais pas comme on l’entend… Moi, je pense que ce sondage a été bien présenté de façon à faire peur, il faut faire peur … ce sondage c’est une plaisanterie »

http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/roland-dumas-a-propos-du-sondage-29453

Rolland Dumas

Roland DUMAS, ancien ministre des affaires étrangères, interrogé par le 7 mars 2011 par la radio RMC : « Mais Marine Le Pen ne fait pas peur… Même le père ne faisait pas peur. La dernière fois, c’était une rigolade, la menace de Le Pen…., on a fait voter tous les socialistes comme des couillons qui sont allés voter pour voter pour Juppé ou je sais plus qui, pour Chirac, Ce sondage est très intéressant mais pas comme on l’entend… Moi, je pense que ce sondage a été bien présenté de façon à faire peur, il faut faire peur … ce sondage c’est une plaisanterie »

http://www.agoravox.tv/actualites/p…

Ségolène Royal, candidate socialiste à l’élection de 2007, l’avait précédé dans cette voie en ne mâchant pas ses mots : « cela fait longtemps que je pense que les sondages font partie d’une manipulation de l’opinion. Ceux qui commanditent les sondages pensent qu’au fur et à mesure, ils vont finir par influencer l’opinion. ».

Ségolène Royal

Ségolène ROYAL, qui avait été lancée médiatiquement en 2006 par l’agence de publicité anglo-saxonne Ogilvy (groupe WPP) avait assuré la victoire de Nicolas Sarkozy. Dépitée, elle commence à comprendre que les commanditaires d’outre-Atlantique se passeront de ses services cette fois-ci.

Chose curieuse, ni Ségolène Royal, ni Roland Dumas, ni aucun des responsables politiques qui ont fait savoir que ces prétendus sondages relevaient à leurs yeux d’une manipulation, n’est allé jusqu’au bout du raisonnement : s’il y a « manipulation », qui sont les « manipulateurs » ?

 

4 – MAIS QUI EST DONC HARRIS INTERACTIVE ?

Ce qui est finalement le plus étonnant dans toute cette affaire, c’est que personne ne semble avoir songé à examiner qui était exactement « l’institut » Harris Interactive.

Cela vaut pourtant que l’on s’y intéresse.

La société Harris Interactive France n’est qu’une toute petite entreprise, qui ne regroupe qu’une cinquantaine de personnes. En revanche, elle est la filiale d’un groupe beaucoup plus puissant, le groupe américain Harris Interactive, qui dispose de près de 1 300 personnes au niveau mondial.

Le siège social de Harris Interactive est situé à New York (161 Sixth Avenue, New York, NY 10013) et le groupe est dirigé par un conseil d’administration de 7 membres, dont on trouve la liste sur http://ir.harrisinteractive.com/directors.cfm

Parmi ces membres dirigeants, deux doivent plus spécialement retenir notre attention.

La PDG de Harris Interactive a été sélectionnée par la Maison Blanche et le FBI

 

Kimberly TILL - PDG de Harris Interactive
Mme Kimberly TILL, PDG de Harris Interactive, a servi dans les allées du pouvoir de Washington, notamment comme assistante spéciale du directeur du FBI. Elle est membre du fameux CFR (Council on Foreign Relations)

 

La personnalité du PDG du groupe américain Harris Interactive, Mme Kimberly Till, est peu banale et assez inattendue à la tête d’un institut de sondage.

Présentée comme un « global leader », Mme Till a été auparavant PDG de l’institut d’enquête d’opinion Taylor Nelson Sofres pour l’Amérique du nord (de mai 2006 à mars 2008), après avoir été vice présidente d’une filiale de Microsoft Corporation (de 2003 à 2008) et, auparavant encore, une haute responsable du groupe AOL Time Warner, dans des emplois tournés vers les médias.

Plus intéressant encore, Mme Till a été sélectionnée en 1990 pour suivre le très prestigieux Programme « White House Fellowship ». Fondé en 1964 par le Président Johnson, le Programme « White House Fellowship » a été conçu pour offrir à une quinzaine de jeunes hommes et femmes triées sur le volet la possibilité de travailler pendant quelque temps au plus haut niveau du gouvernement fédéral avant d’aller « essaimer » dans la sphère privée. Comme le précise le site même de la Maison Blanche, « ce programme non-partisan » permet, pour reprendre les termes mêmes du président Johnson, « de donner aux boursiers une expérience de première main et de haut niveau des rouages du gouvernement fédéral et d’accroître leur sentiment de participer à affaires nationales ». En contrepartie de cette année d’expérience, le président Johnson estimait que « les boursiers devaient « payer cette faveur en retour » [« repay that privilege » selon la formule américaine], après leur départ, en « continuant à travailler en tant que citoyens à leurs devoirs publics ». Il espérait notamment « que les boursiers pourraient contribuer à la nation comme les futurs dirigeants ». http://www.whitehouse.gov/about/fellows (cf. photos de la dernière promotion sur http://www.flickr.com/photos/40021250@N05/with/4291737802/)

 

Pour dire les choses plus directement, les anciens stagiaires du Programme « White House Fellowship » sont censés servir, pendant le reste de leur vie active, les autorités gouvernementales américaines dans les fonctions professionnelles qu’elles exercent. .

S’agissant de Mme Till, on notera que, lors de son passage au Programme « White House Fellowship, l’actuelle PDG de Harris Interactive est devenue l’assistante spéciale du Représentant américain au Commerce (le responsable des négociations commerciales à l’Organisation Mondiale du Commerce), puis l’assistante spéciale… du Directeur du FBI. Rappelons que le FBI (« Federal Bureau of Investigation » ou « Bureau fédéral d’enquête ») est le principal service fédéral américain de police judiciaire et un service de renseignement intérieur. En 2010, la juridiction du FBI recouvre plus de 200 catégories de crimes fédéraux, faisant du FBI l’organisme d’enquête majeur du gouvernement américain, ses attributions incluant notamment « l’anti-terrorisme », le « contre-espionnage » et « le crime informatique ».

 

Enfin, il n’est pas inutile de savoir que Mme Till a été sélectionnée comme membre du très célèbre Council on Foreign Relations (CFR) (Conseil des relations étrangères), qui est considéré comme l’un des « think tanks » américains les plus influents et qui ets au cœur de très nombreuses polémiques sur son rôle exact dans la politique américaine (cf. par exemple http://fr.wikipedia.org/wiki/Council_on_Foreign_Relations )

 

Le Français Antoine Treuille, membre du conseil d’administration de Harris Interactive, est aussi le Président de la French American Foundation

 

Antoine TREUILLE - David de ROTHSCHILD
Antoine TREUILLE (ici à droite), membre du conseil d’administration de Harris Interactive, est aussi président de la French American Foundation (en compagnie de David de ROTHSCHILD, à gauche)

 

Parmi les 6 autres membres du conseil d’administration du Groupe Harris Interactive, figure un Français, dénommé Antoine Treuille, dont la personnalité est encore moins banale et encore plus inattendue, à la tête d’un institut de sondage. américain, que l’est Mme Kimberly Till.

M. Antoine Treuille, qui est né aux États-Unis, est partenaire dans un fonds d’investissement appelé Altamont Capital Partners. Mais il présente la particularité d’être :

  • un officier de l’armée de l’air française
  • et, plus encore, d’être, depuis 2008, le président de la French American Foundation.

Les lecteurs qui ignoreraient ce qu’est exactement cette association – qui est l’une des pierres angulaires de l’euro-atlantisme en France – consulteront avec profit le décryptage qu’en a fait Pierre Hillard (par exemple dans « Un relais des États-Unis en France » : http://www.voltairenet.org/article146888.html ou « la French-American Foundation, lobby discret de l’euro-atlantisme » : http://www.revue-republicaine.fr/spip.php?article1347 )

Antoine TREUILLE
Biographie de M. Antoine TREUILLE, président de la FRENCH AMERICAN FOUNDATION, telle qu’elle figure sur le site même de cette institution. La biographie précise que M. TREUILLE est également « colonel et commandant des réservistes de l’Armée Française aux Etats-Unis » et également membre du conseil d’administration de Harris Interactive

 

Rappelons que, selon Pierre Hillard, « les noms américains et français, membres des Young Leaders [sélectionnés par la FAF], sont véritablement une élite dont l’objectif officiel est de « renforcer la relation franco-américaine considérée comme un élément essentiel du partenariat transatlantique ». Côté américain, nous pouvons relever le président Bill Clinton ; sa femme, Hillary Clinton ; l’ex-patron de l’OTAN en Europe, le général Wesley Clark… La liste est longue. Dans le cas des Young Leaders français, nous trouvons de nombreux journalistes comme Christine Ockrent, Jean-Marie Colombani (Le Monde), Emmanuel Chain, Jérôme Clément (président d’ARTE) ; mais aussi de nombreux députés socialistes, François Hollande, Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg ; et de l’UMP, Alain Juppé, Yves Censi, Valérie Pécresse, Philippe Auberger, Jacques Toubon, Eric Raoult ou encore Nicolas Dupont-Aignan… »

http://www.france-amerique.com/articles/2008/11/18/il-n-y-a-pas-de-pays-plus-proche-des-etats-unis-que-la-france-en-matiere-de-defense.html

5 – HARRIS INTERACTIVE EST ÉGALEMENT TRÈS ACTIF POUR PROMOUVOIR « DSK »

Ce serait une erreur de croire que Harris Interactive a limité son action politique, au cours du mois écoulé, à la seule diffusion et promotion de « sondages » dépourvus de toute scientificité propulsant mme Le Pen au second tour de la présidentielle. Il a également été très actif pour promouvoir la candidature de M. Strauss-Kahn à la présidence de la République en publiant, le 18 février, une étude dithyrambique à son sujet : http://www.harrisinteractive.fr/news/2011/18022011.asp

Sondage Harris - OchestrationAu même moment que Harris Interactive orchestre la présence de Mme Le Pen au 2ème tour, il publie aussi une étude dithyrambique sur M. Strauss-Kahn

Sondage Harris - Orchestration

L’institut de sondage américain assure que « les sympathisants socialistes lui reconnaissent majoritairement toutes les qualités testées », et précise que « les sympathisants de droite sont majoritairement d’accord avec eux », de même « que les sympathisants Front de Gauche » et aussi « les sympathisants d’extrême-gauche ». De telle sorte que « Dominique Strauss-Kahn apparaît ainsi bénéficier globalement auprès de son coeur de cible (les sympathisants socialistes) mais aussi auprès de l’ensemble des Français d’une meilleure image que Ségolène Royal ».

Selon Harris Interactive, cette étude fait apparaître que :

1. Dominique Strauss-Kahn dispose actuellement, pour les Français, d’une stature de présidentiable, sa compétence et sa capacité à représenter la France à l’étranger étant reconnues par une majorité d’entre eux, et ce quelle que soit leur proximité politique.

2. Un peu plus d’un Français sur deux estime même qu’il ferait un bon Président de la République, qu’il a de bonnes idées pour la France et qu’il pourrait réformer le pays dans le bon sens.

3. Cependant, il souffre d’un déficit de proximité : une majorité doute ainsi de sa bonne compréhension des préoccupations des citoyens. Nous pouvons y voir une des conséquences de son éloignement de la scène politique française. Ce reproche a souvent été adressé, par les Français à travers les sondages, à l’actuel dirigeant du FMI.

4. Les sympathisants socialistes lui reconnaissent majoritairement toutes les qualités testées, mais les sympathisants de droite sont majoritairement d’accord avec eux sur la moitié des qualificatifs, à savoir : la compétence, la capacité de représentation à l’étranger, le courage et la sympathie. Notons également que les sympathisants Front de Gauche lui accordent ces quatre traits d’image, et les sympathisants d’extrême-gauche trois d’entre eux (tous sauf la sympathie).

5. Dominique Strauss-Kahn apparaît ainsi bénéficier globalement auprès de son coeur de cible (les sympathisants socialistes) mais aussi auprès de l’ensemble des Français d’une meilleure image que Ségolène Royal.

En bref, Harris Interactive a déjà choisi : M. Strauss-Kahn a toutes les qualités et il doit être le candidat des socialistes. C’est une information qui est tombée pile-poil. Car au même moment, le magazine L’Express consacrait justement sa Une de couverture à « DSK OBJECTIF ELYSEE ».

Sondage l'Express. DSK objectif Elysée

 

6 – UN BALLET BIEN RÉGLÉ

L’orchestration de l’opération a été très soignée puisque, comme dans un ballet parfaitement bien réglé, un certain nombre de protagonistes ont rempli le rôle qui leur était dévolu.

José Bové a ouvert le bal en affirmant, dès le mercredi 23 février, que s’il y avait un « risque de reproduction du 21 avril 2002, il fau(drait) que le candidat (d’Europe Ecologie-Les Verts) se retire ».

« Pour l’instant, on maintient une candidature. Par contre, on se donne la possibilité 3, 4, 5 mois avant l’élection, si on est dans cette situation-là, de retirer notre candidature. »

(Opinion partagée par Daniel Cohn-Bendit, cf. http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/24/le-candidat-ecologiste-pourrait-se-retirer-pour-eviter-un-nouveau-21-avril_1484554_823448.html)

 

Quelques jours après la parution des sondages Harris Interactive, c’est François Hollande qui s’est joint à ce mouvement en plaidant « pour un front uni de la gauche dès le 1er tour »

http://blogs.lesechos.fr/guillaume-tabard/ps-entre-peur-et-primaires-a5252.html

Puis ce fut au tour de Mme Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, qui a fait savoir, le 9 mars, que « face au FN, elle choisit le PS ».

http://www.marianne2.fr/Face-au-FN-Kosciusko-Morizet-choisit-le-PS_a203647.html?com

Rappelons que Mme Kosciusko-Morizet est « Young Leader » de la French American Foundation, promotion 2005-2006

http://www.frenchamerican.org/cms/youngleaders?nid=349

Ce mouvement a été suivi, en perspective des prochaines élections cantonales, des déclarations de

Gérard Larcher qui a annoncé, lui aussi, qu’il voterait « bien sûr » PS, et de Laurent Hénart, bras droit de Jean-Louis Borloo, qu’il voterait « évidemment » PS.

 

http://blogs.lesechos.fr/guillaume-tabard/l-ump-et-la-tentation-du-front-republicain-a5259.html

CONCLUSION

Il est absolument exclu que le prétendu « sondage » publié le 5 mars et donnant Mme Le Pen en tête du 1er tour de l’élection présidentielle ait pu être conduit et diffusé par la simple petite filiale française de 50 personnes de Harris Interactive France, sans que celle-ci n’ait, au moins, prévenu le siège de l’institut de sondage américain.

Car tout le monde – et en premier lieu l’institut lui-même ! – pouvait parfaitement prendre par avance la mesure du caractère extrêmement sensible d’une telle information, la polémique qu’il ne manquerait pas de provoquer et les éventuels problèmes qu’elle pourrait poser vis-à-vis des autorités françaises en exercice.

Mieux encore, l’exceptionnel retentissement médiatique qui a été organisée autour de cet prétendu « sondage », et l’influence évidente que les médias tentent de lui donner pour influencer le débat politique en France au cours de l’année qui vient, prouvent que l’ensemble de l’opération a été mûrement réfléchie et à un niveau qui ne peut pas être celui de la seule filiale française de Harris Interactive.

Un tel prétendu « sondage » a donc nécessairement été au moins autorisé, sinon commandé, par le PDG du groupe, avec au moins l’accord du membre français de son conseil d’administration, militaire français très lié aux militaires américains et par ailleurs président de la French American Foundation.

Ceux qui auraient encore des doutes sur l’implication du siège américain de Harris Interactive ne pourront plus en avoir si l’on rappelle que, le premier sondage publié en France ayant fait la Une de tous les médias français et ayant placé Harris Interactive France sous les feux de l’actualité, le même institut a confirmé et signé en publiant, le surlendemain, un second sondage confirmant le premier. Il ne faut pas connaître à la vie des affaires pour croire que le siège mondial de Harris Interactive n’ait pas suivi les déroulements de tous ces rebondissements heure par heure.

Pour comprendre les sondages Le Pen, il faut donc remonter la chaîne de commandement et expliquer aux Français que leur origine se situe aux États-Unis d’Amérique, à un institut de sondage présidé par une femme sélectionnée par la Maison Blanche et le FBI (et sans doute très proche de la CIA) et à un conseil d’administration où siège un officier supérieur français, président de la fameuse French American Foundation (FAF) créée par John Negroponte, dont l’objectif explicite est de contribuer à sélectionner les dirigeants français pour le plus grand bénéfice des États-Unis d’Amérique.

C’est justement parce que cette recherche conduit immanquablement aux services d’influence américains que les dénonciations faites sur la manipulation de ces sondages, notamment par Ségolène Royal, Roland Dumas ou l’Observatoire des sondages se sont arrêtées en chemin.

Le présent dossier conforte donc pleinement toutes les analyses que l’UPR fait depuis maintenant de nombreux mois :

  • le Système a décidé de faire élire coûte que coûte M. Strauss-Kahn à la présidence de la République française en 2012 ;
  • comme d’habitude depuis 28 ans, le Système a prévu d’avoir recours aux basses oeuvres du FN pour neutraliser les 15 à 20 % d’électeurs fatidiques qui pourraient s’opposer à ses projets, en divisant r les Français sur des sujets polémiques et odieux ;
  • les deux faux sondages, des 5 et 7 mars 2011, présentant Mme Le Pen au second tout de l’élection présidentielle ont été conçus à cette fin, de même que l’hypermédiatisation de Mme Le Pen

L’objectif des faux sondages Le Pen est triple :

- organiser une panique à gauche pour simplifier la procédure de choix du candidat socialiste et imposer M. Strauss-Kahn aux socialistes ;

tout faire pour que Mme Le Pen soit présente au second tour, afin d’assurer à M. Strauss-Kahn une élection sans coup férir avec plus de 75 % des voix.

en profiter au passage pour salir toute idée de libération nationale, de sortie de l’UE et de l’euro, en entretenant la confusion, dans l’esprit de l’électorat, entre ces propositions salvatrices et légitimes et les obsessions xénophobes et racistes d’extrême droite du FN.

Une pause café - Une person... |
LE TECHNICIEN DU RISQUE |
Sauvons les animaux |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Vues de Babi
| Mouvement Citoyen Chrétien
| CRC-PHONE IMPACT EXPERT