Plan Condor : prison à vie pour un général argentin à la retraite
LEMONDE.FR avec AFP | 01.04.11 | 07h07 • Mis à jour le 01.04.11 | 07h18
Un général argentin à la retraite, Eduardo Cabanillas, a été condamné, jeudi 31 mars, à une peine de réclusion à vie pour avoir dirigé en 1976 un centre de tortures dans le cadre d’un accord entre dictatures latino-américaines, a constaté un journaliste de l’AFP. « Nous condamnons Eduardo Cabanillas à une peine de réclusion à perpétuité pour cinq homicides aggravés, 29 détentions illégales et 29 cas de tortures », a déclaré le tribunal à l’issue du procès du centre « Automotores Orletti », emblématique du « Plan Condor », accord entre dictatures du cône sud.
Un ancien policier, Raul Guglielminetti, alias « Mayor Guastavino », a été condamné à vingt ans de prison, tandis que les membres des services de renseignement Eduardo Ruffo et Horacio Martinez Ruiz ont été condamnés à vingt-cinq ans de prison. « C’est une réparation », a dit Sara Méndez, figure de la défense des droits de l’homme en Uruguay. « Cet arrêt est le fruit de trente ans de lutte pour condamner les coupables », a-t-elle ajouté.
Mme Mendez a été l’une des prisonnières d’Orletti avant d’être transférée en avion par les militaires uruguayens avec 140 autres compatriotes, dont la plupart ont disparu. « Automotores Orletti », appelé avec ironie « le jardin » par les militaires, a été en activité entre juin et novembre 1976 dans un ancien atelier mécanique situé à Floresta, un quartier modeste de la capitale argentine, Buenos Aires.
Le centre, où ont été torturés Uruguayens, Chiliens, Paraguayens, Boliviens ou Cubains, avait dû fermer dès novembre 1976 après la fuite d’un couple de Mexicains, qui avait pu subtiliser un fusil et s’échapper après un échange de tirs avec ses tortionnaires. Le bâtiment a été exproprié en 2008 pour devenir un Musée de la Mémoire.
Le Plan Condor avait été mis sur pied par les dictatures d’Argentine, du Chili, du Paraguay, du Brésil, de la Bolivie et de l’Uruguay en vue d’éliminer leurs opposants. La dictature argentine (1976-1983) a fait 30 000 morts et disparus, selon des organisations de défense des droits de l’homme. Les lois d’amnistie pour les crimes commis sous ce régime ont été abolies en Argentine après l’accession au pouvoir de Nestor Kirchner (2003-2007).