Syrie: guerre à Rastan, les Etats-Unis accusés d’encourager les violences
AFP – 29/09/2011 à 19:18
Des affrontements violents opposent depuis trois jours les militaires syriens à des déserteurs dans la ville de Rastan, le régime accusant les Etats-Unis d’encourager la violence dans le pays.
Dans le même temps, l’ambassadeur des Etats-Unis Robert Ford a été houspillé par des manifestants pro-régime à Damas.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les tirs de mitrailleuses lourdes retentissaient jeudi à Rastan, au nord de la ville de Homs (centre), pour la troisième journée consécutive alors que l’armée mène une vaste opération pour traquer les déserteurs.
« Les combats ont fait 40 blessés de part et d’autre », a affirmé cette organisation basée en Grande-Bretagne.
Par ailleurs, à Homs, à 160 km au nord de Damas, une fillette a été tuée par une balle perdue et le corps d’un homme de 32 ans tué par balle a été retrouvé jeudi.
La répression a fait plus de 2.700 morts depuis le début, à la mi-mars, du mouvement de contestation contre le régime de Bachar al-Assad, qui attribue les violences à des « bandes armées » voulant semer le chaos dans le pays.
Les Etats-Unis avaient salué lundi « la retenue » de l’opposition face à la répression sanglante des manifestations, et jugé que l’apparition d’actes armés contre le régime serait normale.
« Il n’est pas surprenant, étant donné le niveau de violence ces derniers mois, que l’on commence à voir des militaires et des membres de l’opposition (…) recourir à la violence contre l’armée en un acte d’auto-préservation », avait dit Mark Toner. Jusqu’à présent, a-t-il ajouté, « l’opposition a montré une retenue extraordinaire face à la brutalité du régime ».
Réagissant à ces propos, le ministère syrien des Affaires étrangères a accusé jeudi Washington d’encourager « la violence contre l’armée » syrienne.
« Les déclarations de responsables américains, notamment (d’un porte-parole du département d’Etat) Mark Toner, sont une preuve éclatante que les Etats-Unis encouragent les groupes armés à exercer la violence contre l’armée arabe syrienne », a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères.
« Les propos du porte-parole du département d’Etat qui a qualifié de naturels ces actes terroristes, sont irresponsables et de nature à encourager les actes de terrorisme et le chaos, afin de servir des objectifs étrangers contraires aux intérêts du peuple syrien », ajoute le communiqué.
« La Syrie dénonce avec vigueur les déclarations américaines et affirme sa détermination à préserver sa sécurité et sa stabilité, à défendre ses citoyens et à s’opposer à toutes les tentatives de s’ingérer dans ses affaires intérieures », selon le texte.
Dans le même temps, à Damas, l’ambassadeur des Etats-Unis Robert Ford a été houspillé jeudi par des manifestants pro-régime qui ont tenté de le prendre à partie à son arrivée au bureau de l’opposant Hassan Abdelazim.
Selon l’opposant, « près de cent manifestants » ont tenté de prendre d’assaut les locaux. « Ils ont manifesté dans la rue et à l’entrée de l’immeuble. Ils ont tenté de casser la porte de mon bureau mais ils n’ont pas réussi », a-t-il dit à l’AFP. M. Ford a pu quitter le bureau au bout de deux heures et regagner l’ambassade, selon la même source.
Les ambassadeurs de France et des Etats-Unis avaient irrité Damas en effectuant deux visites séparées le 8 juillet à Hama (centre), qui avait été début juillet le théâtre de deux manifestations monstres contre le président Assad.
A Istanbul, le Conseil national syrien et plusieurs autres importants partis ou personnalités discutent à huis clos à Istanbul pour définir la composition et les instances dirigeantes du principal conseil d’opposition, a déclaré jeudi à l’AFP sa porte-parole Bassma Kodmani.
« Les Frères musulmans, la Déclaration de Damas, des personnalités comme Burhan Ghalioun, les formations kurdes, les indépendants et la Coordination des comités de l’intérieur mènent des discussions préparatoires à huis clos à Istanbul », a déclaré Mme Kodmani jointe par téléphone. « Ces discussions ont pour but de définir la composition complète et les instances de direction du Conseil national syrien ».
Ces discussions précèdent la tenue samedi et dimanche d’une réunion officielle du CNS.
A Strasbourg, le Parlement européen a demandé jeudi la libération immédiate de Rafah Nached, une psychanalyste syrienne de renom arrêtée le 10 septembre à Damas, ainsi que de « tous les prisonniers arrêtés de façon arbitraire ».