• Accueil
  • > Archives pour février 2012

29 février 2012

¤ Inquiétudes autour des nanomatériaux dans les aliments

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 15 : 40

LEMONDE.FR avec AFP | 29.02.12 | 13h00

L’Association France ouvrière consommateurs (AFOC) s’inquiète, mercredi 29 février, des risques potentiels induits par des produits alimentaires contenant des nanomatériaux, pointant un décalage de plusieurs années entre leur mise en vente et les résultats d’études toxicologiques.

L’association reconnaît des « avancées » dans des textes adoptés récemment au niveau français et européen en la matière, qui « vont dans le bon sens ».  »Mais les résultats des études de toxicologie sur les premiers nanomatériaux interviendront dans plusieurs années. Pendant ce temps, les professionnels auront mis sur le marché de nouveaux nanomatériaux dont les risques ne seront étudiés que beaucoup plus tard, ce qui est contraire à la règle de prévention des risques: ‘pas de données, pas de marché’ », déplore l’AFOC.

SIGNALEMENT

L’association cite notamment un décret gouvernemental du 17 février qui rend obligatoire la déclaration au ministère de l’environnement des substances à l’état nanoparticulaire par les fabricants, les importateurs, et les distributeurs, dès lors qu’ils produisent, importent ou distribuent au moins 100 grammes par an de cette substance. Ces informations seront ensuite mises à disposition du public.

L’AFOC évoque également un règlement européen qui entrera en vigueur en décembre 2014 et qui prévoit le signalement, dans la liste des ingrédients alimentaires, des nanomatériaux manufacturés, c’est-à-dire fabriqués par l’homme.

PROPRIÉTÉS NOUVELLES DE LA MATIÈRE

Les effets sur la santé et l’environnement de structures ou particules dont l’une au moins des dimensions est comprise entre 1 et 100 nanomètres (milliardième de mètre) restent mal connus. Les études sur leur éventuelle toxicité s’avèrent d’autant plus complexes qu’à l’échelle de quelques dizaines de nanomètres, la matière acquiert des propriétés nouvelles, qui peuvent varier en fonction de la forme ou de la surface de contact des particules concernées.

Des nanoparticules de polystyrène encapsulant les médicaments ou absorbées via l’alimentation peuvent modifier l’absorption du fer par l’intestin, voire peut-êtreaffecter aussi celle de certaines vitamines, selon une étude publiée mi-février par la revue Nature Nanotechnology.

¤ 11-Septembre : L’ex-sénateur Bob Graham dénonce les dissimulations du FBI, documents à l’appui

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 10 : 38

source : publié le 26 février 2012 sur http://surfacelibre.blogspot.com/2012/02/11-septembre-lex-senateur-bob-graham.html

Article source  (22 février 2012) de ReOpen911.info

Voici une information de poids venant de l’ex-sénateur Bob Graham : ce dernier met directement en cause le FBI pour avoir dissimulé des informations avant septembre 2001 sur les liens possibles entre certains des pirates de l’air du 11/9 et le couple al-Hijji, de riches Saoudiens vivant à l’époque à Sarasota en Floride, et qui faisait l’objet d’une surveillance par le Bureau. Et il le fait en s’appuyant sur le contenu de documents classifiés auquel il a pu avoir accès récemment, et qui contredisent la version du FBI.Mais avant de découvrir les arguments et les questionnements de Bob Graham, rappelons que cet ancien co-président de l’enquête conjointe du Congrès de 2003 (Congressional Joint Investigation) sur le 11-Septembre, parlant à Dylan Ratigan sur MSNBC en septembre dernier, avait déjà appelé les autorités à rouvrir l’enquête sur les attentats du 11-Septembre, s’appuyant sur le fait que la CIA avait dissimulé au FBI des informations sur deux futurs pirates de l’air, al-Mihdhar et al-Hazmi, et notamment sur leur soutien par les autorités saoudiennes. [Nous aurons d’ailleurs plus de détails grâce au 2e volet de l’enquête exhaustive de Kevin Fenton]. Cette fois, c’est donc au tour du FBI d’être accusé de dissimulation d’information avant le 11/9, une attitude de déni qui perdure depuis, malgré l’accumulation d’indices contraires, et désormais, de documents officiels.

¤ 11-Septembre : L’ex-sénateur Bob Graham dénonce les dissimulations du FBI, documents à l’appui dans Politique/Societe bob_graham-8fd63

 L’ex-sénateur de Floride Bob Graham

Bob Graham : Les déclarations publiques du FBI sont en contradiction avec les documents de l’enquête sur le volet « Sarasota » du 11-Septembre

Par Dan Christensen et Anthony Summers, pour BrowardBulldog, février 2012

Traduction GV

L’ex-sénateur de Floride Bob Graham a pu lire deux documents classifiés du FBI et affirme qu’ils soulèvent de nouvelles questions sur l’enquête – qui était alors secrète – du Bureau sur un soutien possible des Saoudiens aux pirates de l’air du 11/9 lorsqu’ils se trouvaient à Sarasota.

Graham ne dévoilera pas le contenu de ces documents, qui sont classés « Secret », mais il indique que les informations qu’ils contiennent sont en contradiction avec les affirmations faites publiquement par le FBI selon lesquelles il n’y avait aucune connexion entre les pirates de l’air et des Saoudiens vivant à l’époque à Sarasota. (more…)

¤ Les Etats-Unis ont établi « un acte d’accusation secret » contre Julian Assange

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 10 : 26

LEMONDE.FR avec AFP | 29.02.12 | 07h20   •  Mis à jour le 29.02.12 | 07h26

Julien Assange, cofondateur de Wikileaks, le 2 juillet 2011 à Londres.

Julien Assange, cofondateur de Wikileaks, le 2 juillet 2011 à Londres.AFP/Warren Allott

Les Etats-Unis ont établi « un acte d’accusation secret » contre le cofondateur deWikiLeaks Julian Assange, révèle un courrier électronique de la société américaine de renseignement Stratfor, publié mercredi 29 février par un quotidien australien. Ce courriel du 26 janvier 2011 adressé par le vice-président de Stratfor, Fred Burton, à des analystes de la société, est l’un des cinq millions que WikiLeaks a l’intention de publier dans les prochaines semaines.

« Nous avons un acte d’accusation secret contre Assange », écrit Fred Burton, un ancien agent du renseignement américain spécialiste du contre-terrorisme, selon leSydney Morning Herald. Dans le même message, M. Burton intime l’ordre à ses interlocuteurs de garder l’information confidentielle, précise le journal.

Julian Assange, dont le site s’était illustré en 2010 en publiant des documents militaires secrets sur l’Irak et l’Afghanistan et des télégrammes diplomatiques américains, est assigné à résidence au Royaume-Uni depuis plus d’un an. Il attend que la justice britannique statue définitivement sur le mandat d’arrêt émis contre lui par la Suède dans une affaire de viol et d’agressions sexuelles, qu’il a toujours niés.

Washington attend impatiemment de mettre la main sur le fondateur de WikiLeaks, citoyen australien, après que la société en ligne a publié des centaines de milliers de documents diplomatiques américains. Son avocate australienne, Jennifer Robinson, a demandé mercredi à Canberra de le protéger.  »Il est temps que le gouvernement australien et les Australiens commencent à se poser des questions. Il est citoyen australien et il mérite notre protection », a-t-elle dit.  »Nous avons la confirmation qu’il existe un acte d’accusation secret et que nous pourrions voirarriver une demande d’extradition des Etats-Unis quelle que soit l’issue » du processus judiciaire au Royaume-Uni, a-t-elle ajouté.

Bras de fer diplomatique entre l’Union européenne et la Biélorussie

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 1 : 04

LEMONDE.FR avec AFP | 28.02.12 | 21h24   •  Mis à jour le 28.02.12 | 21h56

Le président biélorusse Alexander Loukachenko, le 3 juillet lors d'une parade militaire à Minsk.

Le président biélorusse Alexander Loukachenko, le 3 juillet lors d’une parade militaire à Minsk.AFP/NIKOLAI PETROV

La tension monte entre l’Union européenne et la Biélorussie, alors que l’UE a adopté mardi 28 février de nouvelles sanctions contre Minsk. L’Union européenne a décidé mardi soir de rappeler pour consultation tous ses ambassadeursen Biélorussie, après la décision de Minsk de renvoyer les ambassadeurs de l’UE et de Pologne, a annoncé la représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

La France avait déjà annoncé auparavant le retrait de son ambassadeur. « Avec ses partenaires européens, la France s’élève contre la décision de la Biélorussie derenvoyer l’ambassadeur de Pologne et le représentant de l’UE à Minsk, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Quai d’OrsayBernard ValeroAvec ses partenaires européens, la France continuera de dénoncer la dégradation des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans ce pays, et d’agir contre la répression dirigée contre les opposants au régime de Minsk. »

Auparavant, Berlin avait annoncé le rappel pour consultation de son ambassadeur.« Je pars du principe que d’autres capitales feront de même. C’est une question de solidarité européenne », avait déclaré le ministre des affaires étrangères allemand,Guido Westerwelle.

« ACTE HOSTILE »

La Biélorussie a également rappelé ses ambassadeurs auprès de l’UE et en Pologne. Une décision qualifiée d’« acte hostile » par le Parlement européen.

L’UE a décidé mardi de nouvelles sanctions en gelant les avoirs et en privant de visa en Europe 19 magistrats et deux responsables de la police biélorusse, considérés comme responsables de l’arrestation et de la condamnation d’opposants au régime.

Le pays est la cible de sanctions occidentales en raison des arrestations d’opposants qui se sont multipliées depuis la réélection d’Alexandre Loukachenko à la présidence en 2010 avec plus de 80 % des voix, à l’issue d’un scrutin marqué par d’importantes irrégularités selon les observateurs.

>> A lire : « Biélorussie, une dictature en faillite »

26 février 2012

Avec le MES, l’Europe s’approche de l’ère post-démocratique

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 5 : 53

Cet article du site internet Marianne 2 n’était plus disponible qu’en cache Google (et encore fallait-il ensuite cliquer sur « imprimer » pour avoir autre chose que le chapeau et la photo…) ce matin du 26 février 2012 alors qu’il a été publié jeudi 23 février. Les articles disparaissent aussi vite d’habitude ?

Je me permets donc de le copier ici, pour que son contenu ne se perde pas aussi vite, quand même, ce serait dommage.

Source initiale : http://www.marianne2.fr/Avec-le-MES-l-Europe-s-approche-de-l-ere-post-democratique_a215805.html

Adresse du cache impression, source du présent article :  http://www.marianne2.fr/Avec-le-MES-l-Europe-s-approche-de-l-ere-post-democratique_a215805.html?print=1

 

Jeudi 23 Février 2012 à 12:00 | Lu 8089 fois I 32 commentaire(s)
Régis Soubrouillard
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales En savoir plus sur cet auteur

Les députés socialistes ont usé de tous les stratagèmes pour éviter d’aborder politiquement la question du Mécanisme Européen de Stabilité. Vote contre, erreurs de vote, refus de commenter. Si c’est et bien la droite qui porte la responsabilité du vote du MES, le PS s’est surtout fait remarquer par l’incohérence de sa consigne de vote, l’abstention, avant tout destinée à éviter le retour du clivage apparu au sein du PS lors du TCE.

cc flickr ell brown

cc flickr ell brown
Décidément, il plane sur l’Europe politique comme un épais brouillard. Mardi, les députés ont voté en majorité pour le Mécanisme Européen de Stabilité, 261 voix pour, 44 contre et 133 abstentions.
Les élus UMP ont à la quasi-unanimité –à deux exceptions près- voté pour ce « FMI européen ». Les députés socialistes, quant à eux, dans leur grande majorité (20 d’entre eux ont tout de même voté contre), ont choisi de s’abstenir alors même que le MES est étroitement lié au Traité Merkozy que François Hollande  affirme vouloir renégocier s’il parvient à l’Elysée.

En choisissant de ne pas choisir, les parlementaires socialistes ont surtout voulu éviter de faire resurgir les lignes de fracture apparues lors du débat référendaire de mai 2005, dont les leçons – le refus de tout débat sur le MES en est la meilleure preuve – n’ont toujours pas été tirées.  Car au-delà du contexte politique, c’est le fonctionnement même de l’Union européenne,  « une « boîte noire » au sein de laquelle les décisions sont prises sans que les exigences de publicité et de transparence soient complètement remplies, et sans que les raisons qui fondent les décisions prises soient suffisamment perceptibles par les citoyens » explique Thierry Chopin, docteur en Sciences politiques à l’IEP Paris. Un déficit de légitimité démocratique devenu intolérable au fur et à mesure que son intervention touche à la vie quotidienne de l’ensemble des citoyens européens. Avec la tutelle imposée par le MES, les peuples seront désormais dépossédés de tout pouvoir budgétaire.

La veille du vote, Elisabeth Guigou expliquait dans Le Monde que lors d’une réunion de groupe, elle s’était prononcée pour le « oui » : « Sur le principe, on ne peut pas être contre le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Ce mécanisme, on en a absolument besoin, même si les conditions de sa mise en oeuvre ne sont pas totalement satisfaisantes. Nous l’avons réclamé. Nous avons intérêt à avoir un mécanisme pérenne et bien doté ».
Finalement, les socialistes se sont abstenus, Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS usant d’une formule qui devrait rentrer dans les manuels d’histoire de tartuferie politique « Notre abstention est dynamique, offensive. Le vote non aurait donné l’impression de ne rien décider ».

MONTEBOURG S’ABSTIENT ET FAIT LE PARI D’UNE ABSENCE DE MAJORITÉ DANS D’AUTRES PAYS DE L’UNION

De son côté, c’est sur la pointe des pieds, toute en discrétion, que l’aile gauche du Parti socialiste a voté contre le MES. En témoigne le refus catégorique de Julien Dray et d’Henri Emmanuelli d’expliquer leur vote à Marianne2. Député de l’Ardèche, Olivier Dussopt voyait deux motifs de refus d’approbation du MES. Le premier juridique : « Le lien entre les deux textes, celui concernant le mécanisme européen de stabilité (MES) et le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), est juridiquement contestable. Tous les considérants du projet de traité instituant le MES renvoient à des politiques budgétaires d’austérité ». L’autre plus politique : « Ne pas s’opposer à ce texte risque de brouiller le message que nous voulons porter en ce qui concerne la politique européenne ».

Quant à Arnaud Montebourg,  d’ordinaire aux avant-postes sur ces thématiques, il en est réduit à des arguments relevant de la pure discipline politique pour justifier son abstention: « J’ai considéré que je devais à François Hollande, qui nous a demandé une position commune autour de l’abstention, la loyauté, le respect d’une position commune et unitaire. Je lui dois cela », a déclaré le député.« L’abstention et le vote contre appartiennent à la même famille » a même osé le président du conseil général de Saône-et-Loire avant de s’en remettre à un hypothétique blocage européen estimant que ce traité de discipline budgétaire « ne sera jamais ratifié » en raison de l’absence de majorité dans plusieurs pays de l’Union Européenne. Bref, le « salutaire boulot » que le Parti Socialiste n’aura pas eu l’audace de faire, d’autres le feront. On comprend que les partisans de l’abstention aient été encore plus discrets que ceux qui ont eu le courage de voter contre le MES.

A noter également six erreurs de votes. Selon le groupe socialiste six députés, qui comme par hasard, s’étaient prononcés contre le MES ont fait savoir aux services de l’Assemblée s’être trompés lors du scrutin électronique et avoir voulu s’abstenir.

INTERDIT DE RAVIVER LES VIEUX DÉMONS EUROPÉENS

Abstention, vote contre, erreurs de votes, refus de participer au scrutin. Décidément, beaucoup d’hypocrisies, de louvoiements, de stratégie aussi. Et un seul mot d’ordre, à deux mois des présidentielles, tout le monde en rangs d’oignons et interdiction de raviver les vieux démons dans un tel contexte politique, économique et social.

On notera cependant l’évolution des écologistes qui ont voté contre le mécanisme de stabilité lors d’un premier vote avant de s’abstenir sur les détails du mécanisme. Daniel Cohn-Bendit coprésident des Verts au Parlement européen, avait pourtant déploré l’«hypocrisie de la gauche française, Verts compris» à l’égard du MES dans une interview  à Libération, y voyant «une des rares choses positives qu’on a pu arracher au Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, et surtout à l’Allemagne». « Il n’est pas question de tomber dans ce piège grossier » avait répliqué Noël Mamère. Pour le député apparenté communiste Jean-Pierre Brard, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel « veulent faire de la Grèce un exemple pour nous faire peur, pour que nous votions sans les regarder de trop près ces textes ».

De son côté, le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a brandi dans l’hémicycle, lors des questions au gouvernement, un faux chèque géant de 140 milliards d’euros à « l’Union européenne » prétendument signé par Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou. Une somme correspondant à la part de la France dans le capital du MES, d’un total de 700 milliards d’euros. Intervenant au Sénat sur la Loi de finances rectificatives, Jean-Pierre Chevènement a exprimé de sérieux doutes quant à l’efficacité du MES : « Le MES, en cas de crise grave, ne serait qu’un emplâtre sur une jambe de bois. La mise en œuvre du MES, que vous nous proposez, est liée, dans les considérants des deux traités, à l’acceptation du traité dit TSCG qui impose une austérité à perpétuité : inscription d’une prétendue règle d’or, en fait règle d’airain, dans des procédures constitutionnelles ou quasi constitutionnelles : prohibition du déficit structurel au-dessus de 0,5 % du PIB, apurement sur vingt ans de la dette publique actuellement proche de 90 % du PIB jusqu’à 60 %, soit 1,5 % du PIB supplémentaire par an. Ce n’est plus de la rigueur c’est un exercice de mortification à perpétuité qui nous est offert ».

A trop souligner l’ambivalence  quasi-génétique du Parti Socialiste sur la question européenne on en oublierait presque que c’est d’abord et avant tout le vote de 261 députés UMP qui a permis l’adoption de ce Mécanisme d’Etouffement Social. De la même manière qu’en 2005, les partisans du texte constitutionnel avaient complètement écarté l’hypothèse qu’une critique du texte puisse être formulée, François Fillon a qualifié mardi de « faute historique » l’abstention annoncée des députés socialistes sur la création du MES en s’exprimant devant le groupe UMP à l’Assemblée : « Ils préfèrent fragiliser la zone euro que de voter avec la majorité. Ils préfèrent leur intérêt électoral que l’intérêt général européen. C’est une vraie faute politique qui démontre leur sectarisme ».

Autant d’arguments déjà ressassés en 2005 par des gouvernants qui s’abritent derrière les nécessités supérieures européennes pour s’affranchir des contraintes de la vie politique nationale. Une «  machine à neutraliser politiquement les peuples » pour Marcel Gauchet, un vaste projet de dépossession démocratique, qui outre d’assurer la paix entre les Etats devait pourtant dès son avènement renforcer la prospérité économique de ses adhérents. Aucune clause ne prévoyait la date de présentation de la « douloureuse»: l’addition des abandons de souveraineté et reculs démocratiques dont on mesure aujourd’hui la portée. Le vote négatif du Traté Constitutionnel Européen, aussitôt contourné, mit fin à l’illusion du bouclier européen. Avec le Mécanisme Européen de Stabilité, c’est bel et bien l’avènemenent d’une  « Europe post-démocratique », selon l’expression de Jean-Pierre Chevènement, qui se dessine sous nos yeux.

Va, lis et reviens :

Retrouvez ci-dessous ou en cliquant ici tous les articles de Marianne2évoquant le MES

Source : http://www.marianne2.fr

Le Qatar achète la démission du général al-Dabi

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 5 : 16

 

RÉSEAU VOLTAIRE | 13 FÉVRIER 2012Le Qatar achète la démission du général al-Dabi dans Politique/Societe ligne-rouge

+
arton172753-8590d dans Politique/Societe

Le général soudanais al-Dabi, considéré il y a peu comme le négociateur de la paix au Darfour, a fait l’objet d’une campagne internationale de calomnie après que les premiers rapports quotidiens des observateurs de la Ligue arabe ont montré que sa Mission ne validerait pas la version atlantiste des événements en Syrie.

Cependant, Mohammed Ahmed Mustafa al-Dabi a tenu bon face aux multiples pressions et, après un mois d’enquête, a rendu un rapport de synthèse selon lequel les forces de sécurité syriennes n’ont jamais tiré sur des manifestations pacifiques de l’opposition.

Alors qu’est envisagé de former une nouvelle Mission d’observation, cette fois conjointe à la Ligue arabe et aux Nations Unies, le Qatar a multiplié les démarches auprès du général al-Dabi pour qu’il donne sa démission et laisse la place à une personnalité plus accommodante.

Sheikh Hamad bin Jassim, Premier ministre et ministre Affaires étrangères du Qatar, lui a d’abord proposé une indemnité pour se retirer. Le général a refusé. L’émir lui a alors déclaré par téléphone que tout homme a un prix et qu’il lui appartenait de fixer le sien, puis il lui a envoyé un chèque sans montant en lui demandant d’écrire lui-même la somme. Nouveau refus du général.

En définitive, le Qatar s’est adressé au président soudanais Omar al-Bashir. L’émirat wahhabite a accordé un don au Soudan –un des États les plus pauvres du monde– en échange du retrait du général al-Dabi. Après le versement de 2 milliards de dollars, le président soudanais a rappelé le général à Khartoum.

La Ligue arabe dispose d’une présidence tournante, exercée à tour de rôle par chacun des 22 États membres. En 2011, le Qatar avait convaincu l’Autorité palestinienne de lui céder son tour de présidence en échange d’un don de 400 millions de dollars.

¤ Bloc euro-atlantique unifié en 2015 : vers l’Europe servile ?

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 4 : 25

Cet article publié en 2009 par par Taïké Eilée(son site) est éclairant.

A noter, dans le paragraphe intitulé « un axe en expansion », le fait que l’axe euro-atlantique au sens de la stratégie de Z. Brjeszinski comprend aussi les pays de la rive sud de la Méditerranée (tiens, ça explique cette « union pour la Méditerranée » bizarrement sortie du chapeau par le président Sarkozy) et que trois pays sont cités comme étant dans une situation particulière au regard de la PEV (politique européenne de voisinage), à savoir la Biélorussie, la  Lybie et la Syrie. Sachant que les deux derniers ont depuis été le siège d’une guerre visant à renverser le pouvoir en place, et qu’il y a fort à parier que les nouveaux gouvernements (pour la Syrie, le gouvernement d’El Assad tient encore le coup pour l’instant) vont demander à adhérer à la PEV, je me demande ce qu’il va bien pouvoir arriver à la Biélorussie…

Publié le le lundi 4 mai 2009

source : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bloc-euro-atlantique-unifie-en-55452

A un mois des élections européennes, les grands enjeux tardent à apparaître aux yeux des citoyens. D’où un désintérêt bien compréhensible. Pourtant, c’est la finalité même de l’Union européenne qui est en train d’être scellée, avec la récente officialisation du projet de GrandMarché Transatlantique, lui-même simple étape dans la marche forcée vers le « nouvel ordre mondial  », dans lequel l’Europe se verra arrimée au navire américain. Le fantasme d’une Europe-puissance indépendante semble bel et bien en passe de s’évanouir. Sans même juger de la valeur du moment historique que nous vivons, il est invraisemblable qu’il se décide sans débat, sans que le peuple souverain n’en ait été aucunement informé. Assurément, un sale coup pour la démocratie.

¤ Bloc euro-atlantique unifié en 2015 : vers l’Europe servile ? dans Politique/Societe ServitudeVolontaire-Geneve2007-b315d

Les 6 et 7 juin prochains se dérouleront en France les élections européennes . Les électeurs auront alors à choisir les 72 députés qui les représenteront pendant 5 ans au Parlement européen. Au total, ce sont 736 députés qui seront élus pour représenter les 27 Etats membres de l’UE.
Parlement européen : la défiance
Déjà, on prévoit une abstention record  pour ces élections, avoisinant les 66 % ! Selon Libération du 13 avril, « la responsabilité de la presse dans ce désintérêt est écrasante : seulement 36 % des citoyens ont lu, entendu ou vu un sujet consacré au Parlement européen dans leurs médias. »
Le quotidien établit un lien de causalité entre la mauvaise couverture médiatique de la vie politique européenne et « un effondrement de la confiance dans les institutions communautaires : le Parlement européen perd six points dans l’indice de confiance en six mois, passant de 51 % à 45 %, la Commission chute de 47 % à 42 % et la Banque centrale européenne, en dépit de son rôle stabilisateur unanimement salué par les politiques et les experts, de 48 % à 39 %. Une défiance qui se reflète dans l’abstention massive qui menace la légitimité de la seule institution européenne élue au suffrage universel. »
Grand Marché Transatlantique : tous ignorants
Les Européens ne vont sans doute pas reprendre confiance en leurs représentants lorsqu’ils apprendront massivement ce que Jean-Luc Mélenchon  a révélé au grand public (non initié), le 21 avril dernier sur BFM TV, à savoir l’existence d’un projet de « grand marché transatlantique dérégulé, sans droits de douane et sans barrières à la circulation des capitaux et des marchandises« , voté (là est le comble) par le Parlement européen, « socialistes inclus« , il y a quelques mois, dans la plus grande discrétion. « Nous sommes entraînés, à la date de 2015, annonce le sénateur de l’Essonne, dans une aventure où nous ne formerons plus qu’un ensemble économique et social avec les Etats-Unis, et personne n’en parle une seconde où que ce soit« .
Le journaliste Jean-Jacques Bourdin reconnaît d’ailleurs ne pas être au courant de ce projet, pourtant fondamental. Dans Marianne2 , c’est Régis Soubrouillard qui, le 23 avril, avoue benoitement son ignorance et celles de ses collègues : « nous étions jusqu’ici tout aussi ignorants que lui de ce projet de Grand MarchéTransatlantique, sorte de World Company en pleine efflorescence. » Effarant. La genèse de ce projet remonte pourtant (nous allons le voir) au début des années 1990 !
Les journalistes de Marianne2 ne doivent d’ailleurs pas lire leur propre journal, puisque, le 9 avril 2009, E. Aperaude, fonctionnaire international, y évoquait clairement cette « résolution votée au parlement européen qui renforce la suprématie américaine dans les relations transatlantiques« , dans un article au titre sans équivoque : L’Europe de la servitude volontaire . Référence au fameux Discours de la servitude volontaire  d’Etienne de La Boétie.
Lutte à mort contre le protectionnisme
De quoi s’agit-il exactement ? Le 26 mars 2009, le Parlement européen approuve par 503 voix pour, 51 voix contre et 10 abstentions, une résolution sur « l’état des relations transatlantiques après les élections qui ont eu lieu aux Etats-Unis  ». Son but : construire « un véritable marché transatlantique intégré« , qui devra être établi « d’ici à 2015« . C’est le Conseil économique transatlantique (CET) , créé lors du sommet UE-USA du 30 avril 2007, et orienté entre autres par « des représentants du monde de l’entreprise« , qui veillera à l’harmonisation des législations pour faciliter « l’approfondissement du marchétransatlantique« . E. Aperaude note à ce sujet, avec malice : « On imagine sans mal les choix qui seront opérés entre place de l’État et rôle du marché »…
Quant à Trait d’union , une sensibilité du PS née au lendemain de la campagne du Non à la Constitution européenne, elle appelle, le 26 juin 2008, à « Refuser l’Europe américaine  » et dénonce dans le projet de grand marché transatlantique la « promotion fanatique du libre échange au niveau mondial comme le montre la déclaration commune du sommet UE-USA du 10 juin [2008]  : « nous résisterons au sentiment protectionniste à l’intérieur et nous nous opposerons au protectionnisme à l’étranger. Les modèles du libre et juste échange et de l’investissement ouvert sont les piliers de la croissance économique mondiale ». »
Sécurité commune
 
« Parallèlement aux négociations sur l’existence d’un grand marché, des discussions discrètes se sont développées afin de créer un espace commun de contrôle des populations« , nous apprend le sociologue Jean-Claude Paye, le 16 décembre 2008 dans L’Humanité . « Un rapport secret , conçu par des experts de six États membres, a établi un projet de création d’une aire de coopération transatlantique en matière de « liberté, de sécurité et de justice  », d’ici 2014. » Selon Paye, l’enjeu de la création d’un tel espace, plus encore que le transfert des données personnelles et la collaboration des services de police (processus déjà largement réalisé), consisterait dans la possibilité, à terme, de la remise des ressortissants de l’Union aux autorités américaines.
Le sociologue fait cette remarque intéressante : « Le parallélisme entre la libéralisation des échangesentre les deux continents et le contrôle états-unien des populations européennes existe durant les 13 années qu’a duré le processus de négociation. Ainsi, le 3 décembre 1995, au sommet USA-UE de Madrid, fût signé le « Nouvel Agenda Transatlantique » visant à promouvoir un grand marché transatlantique, ainsi qu’un plan d’action commun en matière de coopération policière et judiciaire. »
Inféodation politique aux Etats-Unis
En conclusion de son article, Jean-Claude Paye insiste sur le caractère avant tout politique du grandmarché transatlantique, pour lequel « la création d’une Assemblée transatlantique est évoquée« , et rappelle qu’il « s’appuie sur la primauté du droit américain ».
E. Aperaude relève lui aussi que le projet d’unification euro-atlantique n’est pas seulement économique, mais aussi politique et militaire, et va clairement dans le sens d’un alignement des Etats européens sur les Etats-Unis : « L’accord de partenariat, à négocier une fois le traité de Lisbonne ratifié, devra être conclu d’ici à 2012. Il devrait comprendre la création d’un Conseil politique transatlantique (CPT) de haut niveau, chargé de coordonner « systématiquement » la politique étrangère et de sécurité. Au cas où quelque chose échapperait à l’OTAN, « pierre angulaire de la sécurité transatlantique » dont le rôle est déjà gravé dans le marbre du traité de Lisbonne (en son article 42), le CPT serait ainsi chargé de rectifier « systématiquement » des positions « coordonnées ». Ce qu’en d’autres termes on appelle l’alignement. (…) Ce texte s’inscrit pleinement dans la reprise des cadres économiques structurels néolibéraux et dans une soumission à la puissance étasunienne« .
TPN : la source d’inspiration
Mais quelle est l’origine de ce grand projet ? Elle est à chercher, selon Paye , dans l’action d’un institut euroaméricain, le Transatlantic Policy Network  (TPN), ou Réseau politique transatlantique. « Fondé en 1992 et réunissant des parlementaires européens, des membres du Congrès des États-Unis et d’entreprises privées, il appelle à la création d’un bloc euro-américain au niveaux politique, économique et militaire. Il est soutenu par de nombreux think tanks comme l’Aspen Institute , l’European-American Business Council , le Council on Foreign Relations , le German Marshall Fund  ou la Brookings Institution . Il est alimenté financièrement par des multinationales américaines et européennes comme Boeing, Ford, Michelin, IBM, Microsoft, Daimler Chrysler, Pechiney, Michelin, Siemens, BASF, Deutsche Bank, Bertelsmann. »
Cette organisation bicéphale euro-américaine  élabore des documents qui sont, d’après Pierre Hillard , professeur de relations internationales à l’école supérieure du commerce extérieur (ESCE), de « véritables feuilles de route  » pour aboutir à un bloc euro-atlantique unifié : d’abord, en 1995, le Nouvel Agenda Transatlantique, suivi en 1998 du Partenariat économique transatlantique, puis le rapport du 4 décembre 2003 intitulé Une stratégie pour renforcer le partenariat transatlantique, et enfin le Conseil économique transatlantique, établi par un accord signé le 30 avril 2007 à la Maison Blanche par le président américain George W. Bush, le Président du Conseil de l’UE Angela Merkel et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso (ces étapes sont décrites, par exemple, sur le site de la Documentation française  et celui de RFI ).
Logique du système  : vers un gouvernement mondial
Pour saisir la logique à l’oeuvre dans le projet de grand marché transatlantique, il convient de prendre du recul, et c’est là que l’analyse de Pierre Hillard peut s’avérer fort utile. Ce professeur de relations internationales prend très au sérieux la volonté des élites mondialistes  (comme Jacques Attali ) de voir naître un gouvernement mondial. L’avènement d’un tel pouvoir passe, selon lui, par la création de grands blocs politico-économiques standardisés, régis par les mêmes règles, les mêmes lois, au sein desquels les Etats seront peu à peu « concassés« , et qui, à terme, pourraient fusionner dans « une sorte de région monde  ».
Et Hillard observe justement la mise en place de tels blocs un peu partout sur la planète : l’Union européenne bien sûr, qui constitue le modèle des autres constructions, l’Union Nord-américaine  (Etats-Unis, Canada, Mexique), lancée le 23 mars 2005 à Waco au Texas et dont l’unification serait prévue pour 2010, l’Union asiatique , lancée fin 2006, les Etats-Unis d’Afrique , dont l’idée a été relancée en 2007, l’UNASUR  (Union des Nations sud-américaines), créée le 23 mai 2008, ou encore le SICA  (Système d’intégration centre-américain), dont la création remonte au 6 décembre 2008. Dans tous ces ensembles, on prévoit la mise en place d’une monnaie commune, d’un passeport commun et d’un parlement commun.
L’étape nécessaire du Traité de Lisbonne
Dans ce grand puzzle planétaire, le bloc nord-américain doit s’associer au bloc européen à l’horizon 2015 ; ce qui fait dire à Pierre Hillard que l’idée, si souvent avancée par nos politiques, d’une Europe-puissance, qui ferait contre-poids aux Etats-Unis, « c’est de la foutaise, c’est un mensonge énorme  ».
Cette unification programmée du bloc euro-atlantique explique le passage en force de Sarkozy avec le Traité de Lisbonne. En effet, alors que les Français avaient voté contre le Traité constitutionnel européen en mai 2005, le Parlement européen a adopté des résolutions le 13 janvier  et le 9 juin 2005 , appelant à lacréation d’une « Assemblée transatlantique« , réunissant les membres du Parlement européen et des différents parlements nord-américains. D’où la nécessité, au préalable, d’avoir un bloc nord-américain unifié et un pôle européen unifié… et donc de faire adopter, en évitant un référendum trop risqué , le Traité de Lisbonne, copie conforme du Traité constitutionnel, de l’aveu même de Valéry Giscard d’Estaing .
 

 
 La Chine en ligne de mire
L’objectif du grand marché transatlantique est de contrebalancer la puissance économique chinoise, avec un bloc unifié de 800 millions de consommateurs. En produisant ensemble 57% du PNB (produit national brut) mondial , les Etats-Unis et l’Union européenne espèrent demeurer le moteur de l’économie mondiale.
Trait d’union  pointe du doigt la signification géopolitique de ce bloc euro-atlantique : « Il donne corps au projet de formation d’un « Occident politique » voulu par la doctrine américaine du « Choc des civilisations ». Telle est la ligne adoptée par de très nombreux dirigeants européens et en France par Nicolas Sarkozy. Cette vision géopolitique repose sur l’idée que l’hégémonie de « l’Occident » est mise en cause et qu’il faudrait répondre au phénomène par une intégration croissante des nations « occidentales » sur le plan économique comme militaire. » La Chine est évidemment le grand concurrent qui peut mettre un terme à la suprématie occidentale.
D’ailleurs, dès septembre 2000, le rapport Reconstruire les défenses de l’Amérique , produit par le think tank néoconservateur PNAC, était largement conçu pour « faire face à l’accession de la Chine au statut de grande puissance » (page 19) et préserver la Pax Americana, dont on envisageait la fin imminente (page 13) en l’absence des réformes militaires appropriées. Dès la page 2, on pouvait y lire que l’un des objectifs clés des Etats-Unis était de « dissuader l’émergence d’une nouvelle grande puissance concurrente » et de « maintenir la suprématie américaine« . Approfondir la relation euro-atlantique (certains diront « s’assujétir le Vieux Continent ») était, dans cette perspective, une priorité.

L’Europe sur le Grand Echiquier
Nous sommes ici, notons-le bien, en plein dans la stratégie américaine défendue, dès 1997 dans Le Grand Échiquier, par celui qui est aujourd’hui le conseiller informel  de Barack Obama en politique étrangère, Zbigniew Brzezinski.
Sa théorie, lit-on dans Wikipédia , « se base sur l’idée que l’amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l’hégémonie américaine. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale. Son unique but est de maintenir et développer l’hégémonie des États Unis d’Amérique dans le monde. (…) Contrairement à l’unilatéralisme du président George W. Bush, il est plutôt pro-européen, dans la mesure où selon lui le leadership américain, qui seul pourrait sauver le monde du chaos, ne peut être pleinement réalisé et atteindre ses objectifs qu’en coopérant avec l’Europe. Selon ses propres mots : « Sans l’Europe, l’Amérique est encore prépondérante mais pas omnipotente, alors que sans l’Amérique, l’Europe est riche mais impuissante. » Il voit dans l’alliance USA-Europe un axe qui permettrait à chacune des parties de devenir plus puissante tout en ayant un impact plus fort sur la paix et le développement dans le monde.« 
Voici justement un décryptage  du Grand Echiquier par l’essayiste Michael Ruppert  (sous-titré en français) :
Un axe en expansion
L’axe euro-atlantique ne s’arrête pas aux frontières actuelles de l’Europe, puisque l’objectif est de lui rattacher, indique Pierre Hillard, tous les pays du sud de la Méditerranée et du Proche-Orient. Cette « intégration  » politique et économique s’effectue, dans le cadre de l’UE, dans un programme qui s’appelle la PEV  (Politique européenne de voisinage), et qui concerne aujourd’hui neuf pays du Sud : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoires palestiniens, Tunisie, et cinq pays de l’Est : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie et Ukraine (les cas de la Biélorussie, de la Libye et de la Syrie étant plus particuliers).
« La PEV, peut-on lire sur le site officiel , va au-delà des relations existantes pour offrir une relation politique et une intégration économique plus poussées. (…) La PEV reste distincte du processus d’élargissement même si elle ne préjuge pas, pour les voisins Européens, de l’évolution future de leurs relations avec l’Union, conformément aux dispositions du Traité. »
Pierre Hillard considère  sur France 24 que l’Afghanistan lui-même pourrait être rattaché à l’axe euro-atlantique : « Il faut bien comprendre que l’Afghanistan n’est qu’un morceau du puzzle dans une vaste recomposition du Proche-Orient, qui devrait être lui-même rattaché à un axe euro-atlantique. Je pense à Brzezinski qui parlait de « l’arc de crise » entre les pays du Proche-Orient, qu’il souhaite balkaniser. Il y a une volonté de parcelliser des Etats du Proche-Orient comme l’Afghanistan et l’Arabie saoudite, avec même la volonté de créer un Etat du Vatican musulman« .
Réseaux transatlantiques : une influence décisive…
Si l’on comprend bien la stratégie américaine, qui vise à la préservation de son hégémonie, on s’interroge davantage sur la démarche des Européens, et notamment des Français, si prompts à se ranger désormais derrière l’Oncle Sam, notamment lorsqu’il s’agit de valider ses guerres. Un élément de réponse nous est donné par le géopoliticien Aymeric Chauprade . Selon lui, les Etats-Unis profitent d’un dispositif transnational redoutablement efficace, fondé sur une constellation de fondations, de think tanks et d’ONG, qui leur permet de sélectionner les personnalités (notamment européennes) qui accéderont aux plus hautes fonctions du Fond monétaire international, de la Banque mondiale, de l’Organisation mondiale du commerce… ce que Chauprade nomme « l’architecture visible de la mondialisation« .
Car il y a une « architecture invisible de la mondialisationcelle dont les médias ne parlent pas« , et elle est justement formée de ces « grands réseaux transatlantiques » que sont « la Commission Trilatérale , legroupe de Bilderberg , le groupe Aspen« , et qui « adoubent un certain nombre de personnalités internationales pour vérifier s’ils participent de la même idéologie« , avant leur accession à la tête des grandes instances internationales. Chauprade cite les cas de Pascal Lamy (directeur général de l’OMC), Dominique Strauss-Kahn (directeur général du FMI) et Bernard Kouchner (ministre des Affaires étrangères). Mais il affirme aussi avoir fait une étude très précise sur le parcours des gens qui sont arrivés « dans les premier, deuxième et troisième niveaux » de toutes ces organisations, et tous seraient passés par les grands réseaux transatlantiques. Et le géopoliticien de dénoncer les hommes en charge des affaires internationales en France, qui se situeraient « sur une ligne d’ingérence pro-américaine » et seraient  »au service d’un idéal mondialiste, et pas au service d’intérêts temporels, ceux des Etats qu’ils sont censés servir« .
… jusqu’à la purge des opposants …
Chauprade sera viré, le 5 février 2009, de son poste d’enseignant au Centre interarmées de défense, officiellement pour avoir été complaisant envers les thèses alternatives sur le 11-Septembre, plus vraisemblablement à cause de ses opinions souverainistes et hostiles au courant néo-conservateur, et de son opposition au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. L’occasion, pour lui, de dénoncer de nouveau « le petit clan qui, au coeur de la Défense défend des intérêts étrangers, essentiellement américains ».
L’éviction de Chauprade rappelle d’ailleurs celle, survenue à RFI durant l’été 2008, du journaliste Richard Labévière . L’homme dénoncera à son tour une tentative pour imposer une lecture américaine et néoconservatrice des événements, notamment du conflit israélo-palestinien. Une telle mésaventure ne risque pas d’arriver aux Young Leaders  de la Fondation franco-américaine , dont l’objectif « est d’oeuvrer au resserrement franco-américain dans le but de favoriser l’émergence d’un bloc atlantique unifié. Cette fondation recrute après une sélection sévère des jeunes dirigeants (Young Leaders) français et américains issus de la politique, de la finance, de la presse « talentueux et pressentis pour occuper des postes clefs dans l’un ou l’autre pays« . » Parmi les journalistes : Jean-Marie Colombani, Erik Izraelewicz, Laurent Joffrin, Christine Ockrent…
Les dissidents, qui ont donc parfois subi la purge, ne sont pas les seuls à avoir récemment fustigé les réseaux d’influence pro-américains en France. Jean-Luc Mélenchon, le 5 avril sur le plateau de Ripostes,accusait  le député UMP Pierre Lellouche d’être « aligné CIA« . Fin février, c’est François Bayrou qui, dansParlons Net !, suite à la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, dénonçait à son tour « des forces puissantes qui depuis longtemps voulaient nous faire rentrer dans le rang » et « un courant d’influence qui veut perpétuellement que nous abandonnions notre indépendance pour entrer dans l’orbite d’influence que vous savez« .
… mais des journalistes à l’ouest !
Malheureusement, nos journalistes ne semblent pas plus au courant de l’existence des réseaux d’influencetransatlantiques (ou simplement pas motivés pour en parler) qu’ils ne le sont du grand marchétransatlantique. Souvenons-nous de ce moment d’anthologie sur le plateau de C dans l’air, lorsque Yves Calvi, s’empressant de clamer sa propre ignorance, interroge ses invités sur le groupe Bilderberg : aucun n’en a jamais entendu parler, ni Nicole Bacharan , pourtant historienne, politologue et spécialiste des relations franco-américaines, ni Jean-François Kahn , fondateur de Marianne, ni Gérard Chaliand , géostratège… C’est un peu comme un philosophe qui n’aurait jamais entendu parler de Platon, ou un journaliste sportif pour lequel le nom de Zinédine Zidane n’évoquerait strictement rien. On baigne en plein dans la quatrième dimension  !
Il suffit pourtant de lire Libération , L’Express , Rue 89 , CBC , l’Asia Times , la BBC , ou encore de regarder RTL TV , pour savoir que ces conférences, certes très discrètes, et pour lesquelles chaque participant est tenu au secret, existent bien… On peut aussi écouter Patrick Devedjian  narrer à Karl Zéro « son » Bilderberg. Mais d’aucuns préfèrent nier certaines réalités, de peur sans doute qu’elles ne nourrissent trop de fantasmes parmi les gens de la plèbe… à la curiosité mal placée. Le complotisme délirant se nourrit de l’ignorance et le comportement de Calvi et de ses invités ce jour-là n’a pu que l’alimenter… richement.
Puisque l’on parle de « complot », remarquons en passant que la plupart des personnalités qui ont parsemé cet article, et qui sont des opposants au projet de grand marché transatlantique, ont pris des positions peu orthodoxes sur le 11-Septembre : Chauprade bien sûr, Labévière, Hillard (voyez son ironie à la 48e minute de cette vidéo  lorsqu’il parle du « nouveau Pearl Harbor » évoqué dans le fameux rapport du PNAC de septembre 2000), mais aussi Mélenchon. Parenthèse fermée.
Nécessité du débat
Si j’ai cité longuement des opposants au grand marché transatlantique, ce n’est que parce qu’ils sont les seuls à médiatiser ce sujet. Etrangement, les promoteurs du projet n’en font guère la publicité. Pas même Benoît Hamon, pourtant porte-parole du PS, et qui défendit  le 7 mai 2008 la « Résolution du Parlement européen sur le Conseil économique transatlantique  ». L’enjeu ici est démocratique, tout simplement. Peut-on continuer à construire l’Europe, désormais le bloc euro-atlantique, dans le dos des peuples (sans même préjuger du bien-fondé de cette direction) ? Evidemment non, si l’on n’a pas complètement renoncé à vivre en démocratie (même si, selon Jacques Attali , celle-ci ne sera pleine et entière qu’après l’avènement d’un gouvernement mondial… d’ici un siècle peut-être).
Sur le site Europe Solidaire Sans Frontière , on pouvait lire ceci, le 25 mai 2006, sous la plume de Thierry Brun : « Le Parlement européen se prononcera fin mai sur une zone de libre-échange sans entrave entre les Etats-Unis et l’Union européenne. La décision a été prise sans consultation et avec l’étroite collaboration des multinationales américaines et européennes. (…) Une vingtaine d’organisations (…) ont dénoncé cette opération menée « dans la plus grande opacité, sans que les peuples ou les parlements nationaux aient leur mot à dire ». » Ce genre de plainte parsème la vie politique européenne.
Une volte-face à expliquer
Les citoyens français ont d’autant plus besoin d’explication au sujet du grand marché transatlantique que nos dirigeants y étaient fermement opposés il y a près de 14 ans… Le 27 juillet 1995, voici en effet ce qu’on pouvait lire dans Libération  : « Christine Chauvet, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, a réitéré hier l’opposition française au projet de zone de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis, défendu par l’administration américaine. « Ne soyons pas naïfs, a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse,cette initiative de libre-échange transatlantique est un des aspects de l’offensive commerciale américaine. » Selon Christine Chauvet, ce projet tire son origine dans le fait que « les Etats-Unis n’arrivent pas à résorber leur déficit commercial avec les pays asiatiques et qu’ils cherchent en conséquence de nouveaux débouchés en Europe ». » En 2009, la France serait-elle devenue naïve ?
La volte-face est particulièrement frappante du côté socialiste. C’est, semble-t-il, sans aucun débat que le Parti socialiste européen (PSE) a radicalement changé sa position quant au Grand Marché Transatlantique. Suite à l’adoption, le 28 mai 2008, de la « Résolution du Parlement européen sur les relationstransatlantiques  », on pouvait lire en effet, sur le site de Trait d’union  : « Le Parti socialiste européen (PSE) vient d’engager un tournant crucial dans le projet de construction européenne. (…) La gauche démocrate en Europe s’est en effet engagée, en accord avec la droite européenne, dans la construction d’un futur « grand marché transatlantique ». Ce projet avait été mis en échec par le gouvernement de Lionel Jospin en 1998. Mais il a été relancé en 2006 par deux rapports dont l’un défendu par une députée européenne du SPD [ndlr : Erika Mann ] en faveur d’un « grand marché transatlantique sans entraves en2015 ». A l’époque les députés européens de notre parti s’y sont opposés. En mai 2008, une nouvelle résolution favorable à un marché commun transatlantique a été adoptée par le Parlement européen. Cette fois, la quasi totalité des eurodéputés PS français l’ont soutenue. Pourquoi ce changement de position ? Aucun débat au sein de notre parti n’a été organisé. C’est pourtant un choix fondamental. » Quelques explications seraient en effet les bienvenues…
La sagesse d’un gamin de 18 ans 
Finissons par où nous avions commencé, et ce bel article d’E. Aperaude, que les journalistes de Marianne2 avaient oublié de lire : L’Europe de la servitude volontaire  : « Cet inquiétant discours de la servitude volontaire de l’Europe est, dans la perspective des élections de juin prochain, un vrai sujet de débat. Ce projet, certes public mais discret, est noyé dans la masse de la production du Parlement ou de la Commission et appuyé par l’énorme majorité des eurodéputés. Il engage pourtant de manièredéterminante notre continent, nos États et nos populations sur une voie délicate. Qu’en disent les forces politiques, notamment à gauche, qui solliciteront nos suffrages le 7 juin ? » Question absolument déterminante, dont il serait inconcevable qu’elle n’occupe pas le centre du débat à l’occasion de ces Européennes. Il ne reste plus que quelques semaines.
A défaut de transparence de la part de nos élus, il ne nous restera plus qu’à lire et relire le chef-d’oeuvre d’Etienne de La Boétie , et à suivre sa consigne finale :
« Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. (…)
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ?(…)
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »
Crédit photo : Vignette Wikipédia

Lettre ouverte de la Jeunesse, par la Jeunesse, pour la Jeunesse

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 2 : 16

Source : http://alabergerie.wordpress.com/2012/02/23/invite-du-blog-max-despin-lettre-ouverte/

Repris de : http://blogs.mediapart.fr/blog/max-despin/170212/lettre-ouverte-de-la-jeunesse-par-la-jeunesse-pour-la-jeunesse

Invité du blog : Max Despin – Lettre ouverte…

Publié le 23 février 2012
Lettre ouverte de la Jeunesse, par la Jeunesse, pour la Jeunesse dans Politique/SocieteLa République naît dans le bordel, mais elle naît. Couder, 1848 : Le Serment du Jeu de Paume.

Ce texte est apparu tout d’abord sur Mediapart, où les abonnés peuvent s’amuser à le recommander pour le propulser dans le haut du classement.

Lettre ouverte de la Jeunesse, par la Jeunesse,
pour la Jeunesse

« Personne, aucune puissance, aucun être humain, n’a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s’étioler […]. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable. »
Stig Dagerman

Je ne suis membre d’aucun parti, d’aucune association, je ne suis que citoyen. Mais si je m’adresse à la Jeunesse, c’est de plein droit : je la connais, je la côtoie, j’en fais partie et je l’admire. C’est en son nom que je voudrais parler. C’est avec elle et pour elle que je veux discuter du futur que nous partagerons. Je le fais en tant que jeune citoyen français, mais je voudrais pouvoir m’exprimer, au-delà de toute barrière d’âge et de toute frontière, en citoyen du monde.

Nous sommes le moteur des révolutions

Je sais notre inexpérience et notre malléabilité, je sais notre capacité à nous égarer, à renouveler les erreurs du passé. Je sais à quel point nous sommes influençables ; d’autant plus que nous sommes précaires, d’autant plus que nous sommes fragiles. Mais notre énergie, notre grande force résident précisément dans nos faiblesses : sans expérience, nous sommes plus aptes à nous libérer des préjugés ; sans certitude, nous sommes capables d’innovation ; instables, nous avons cet avantage décisif de pouvoir nous mettre en mouvement sans prévenir et de tout emporter avec nous dans un formidable élan vers l’avenir.

C’est à nous de réaliser aujourd’hui les changements que nous espérons, car nous sommes le moteur des innovations et des révolutions. C’est à nous de marcher vers le lendemain, dans l’incertitude du devenir, mais avec espoir et détermination. J’aimerais pouvoir parler en notre nom à tous, mais ce serait une tâche impossible : nous sommes une masse inouïe d’individualités, multiple, foisonnante. Pourvu que nombre d’entre nous se reconnaissent dans mes propos, y réagissent, et m’enrichissent en retour de leurs contradictions. Voilà tout ce que je souhaite. Si je parviens à être entendu par la Jeunesse, je souhaite aussi que chacun s’y retrouve pour en avoir un jour fait partie.

Un changement de société s’impose

Tous les indices sont aujourd’hui rassemblés pour nous indiquer qu’un changement de paradigme est en cours. Un changement de société s’impose : nous le voyons chaque jour autour de nous, dans notre quotidien. Nous le comprenons dans les médias, nous le lisons dans les événements qui ébranlent le monde, la matière, les peuples et les gouvernements.

Notre désespoir et nos inquiétudes, nos égarements, le désintérêt que nous affichons parfois pour la chose publique, tout cela, ne l’imputez pas à notre jeune âge : demandez-vous plutôt si notre mal-être, l’échec scolaire, les difficultés d’insertion sociale et professionnelle, le chômage, la violence, la dépression et le suicide ne sont pas symptomatiques d’un mal plus profond, un mal qui serait à la racine de notre modèle de société.

Ce mal a un nom et un visage, n’en déplaise à certains, qui craignent peut-être de le regarder en face de peur d’y trouver leur propre reflet et de s’y reconnaître. Je le nomme sans tabou : ce mal, c’est la corruption des principes fondamentaux de la République, c’est l’effondrement de la démocratie face au pouvoir croissant de la finance. Et la Finance aussi a un nom : c’est le Marché. Elle a surtout une foule de visages impersonnels : bourses, banques, financiers, multinationales, lobbies… et si tous se ressemblent et arborent la même grimace, c’est que tous se cachent derrière le même masque : celui de la social-démocratie occidentale. L’ennemi de la République et de la démocratie avance donc à découvert. À la vérité, nous le savions depuis longtemps, mais nous avons trop longtemps laissé faire. Il n’en est plus question.

Message à nos dirigeants :

Mesdames, Messieurs, occupants ou candidats à de hautes fonctions d’État, dans de nombreux pays d’Europe et du monde, je vous juge maintenant avec toute l’impétuosité de la jeunesse : vous n’êtes plus dignes de votre fonction si vous laissez ou placez des nations souveraines sous le contrôle de la finance ! Comment pouvez-vous vous ridiculiser de la sorte, faire des courbettes élégantes devant l’opinion publique, pour ployer ensuite franchement le genou jusqu’à terre, et abdiquer, capituler sans résister une seconde à la finance ? C’est vous-mêmes qui, en refusant de lui résister, par votre silence ou votre inaction, lui accordez ce pouvoir dont elle abuse. Vous lui avez accordé la possibilité de monter sur ce trône illégitime, et c’est vous maintenant qui travaillez à l’y maintenir au prix des efforts, de la liberté, du sang et des larmes du peuple. Rendez-vous compte que votre attitude est indigne des fonctions qui sont les vôtres quand, prétendant agir au nom de l’État, au nom du peuple souverain d’une nation entière, au nom de ses citoyens, vous prenez, en leur nom, sans prendre la peine de les consulter (ou pire, en les ignorant !) des mesures graves, aux conséquences lourdes et durables. Cela, en France, sous prétexte d’un vote quinquennal, alors que le principe constitutionnel de la République Française veut qu’elle soit un « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » ! Prenez-en conscience et agissez en conséquence, ou disparaissez ! Vous avez besoin de nous pour exister, nous n’avons pas besoin de vous pour vivre.

« Je ne voterai plus pour vous »

Mesdames, Messieurs, qui vous soumettez à la Finance, je ne voterai plus pour vous !

Je ne voterai pas pour vous. Je fais table rase de mes convictions passées, de mes préjugés, parce qu’en dépit de toute appartenance partisane, je veux voter selon ma seule conscience ! Je ne voterai pas pour vous parce que vous n’en êtes pas dignes. Je ne voterai pas pour vous, car je veux à tout prix conserver ma liberté de choisir le monde dans lequel je vais vivre, et celui que je vais léguer à ceux qui viendront après moi.

Je ne voterai pas pour vous qui vous soumettez à la Finance, car je crois qu’au lieu de la concurrence et des échanges marchands, au lieu de la cupidité et de la volonté de puissance, ce sont l’éducation, le savoir, la créativité, et par-dessus tout l’aspiration de l’Homme à la paix et au bonheur qui doivent, au-dessus de tout, rester libreset non faussés !

Je ne voterai pas pour vous car je souhaite pour nous tous et pour tous ceux qui nous suivront dans l’aventure humaine construire un autre modèle de société que celui dans lequel j’ai grandi. Car trop d’entre nous sont victimes d’une idéologie qui, au nom de la « liberté », bride la créativité, écrase les cultures et altère notre désir de vivre. En vertu de quoi le Marché — invention récente dans l’histoire de l’humanité, demeurerait-il maître du monde, des nations et des peuples ? Pourquoi et dans l’intérêt de qui devrait-il être placé au-dessus de tout et de chacun, comme une cage opaque, et de quel droit serions-nous maintenus dans cette caverne d’où nous ne voyons que l’ombre du monde véritable, l’ombre d’une démocratie réelle, porteuse et protectrice des libertés fondamentales de l’Homme ?

Je ne voterai pas pour vous car je veux pouvoir penser totalement par moi-même, jusqu’aux limites de ma conscience et de mon esprit, et pas seulement dans le carcan du Capital. Je ne voterai pas pour vous, car je veux que nous puissions vivre libres et égaux, tels que nous naissons : en tant qu’individus singuliers, uniques, tous différents mais semblables. Cela, quelle que soit la culture dont nous héritons par la naissance ou l’éducation. Et je proclame qu’il nous faut pour cela élire la Fraternité comme la première de nos valeurs. Elle seule n’a pas été retenue par le système libéral, pour une bonne raison : il repose sur son contraire, la concurrence libre, et non faussée !

Réaffirmer les valeurs républicaines : Fraternité, Égalité, Liberté.

Nous ne voterons pas pour vous car nous voulons replacer au cœur des valeurs de la République, non pas l’individu mais la collectivité, en vertu de la Fraternité : quand la richesse d’un pays n’a jamais été aussi grande, on doit attendre de lui qu’il en fasse profiter le plus grand nombre, et que chacun avec lui soit solidaire des démunis. Les ravages de l’individualisme sont incontestables et il nous appartient d’y mettre un terme, dès aujourd’hui.

Nous ne voterons pas pour vous car nous voulons servir non pas le capital, mais la société, en vertu de l’Égalité : de quel droit quelques-uns continueraient-ils à tirer la plus grosse part sinon l’ensemble des bénéfices du travail de tous ? Chacun sait quelle part infime de la population du globe profite de la crise actuelle, tandis que la majorité survit avec de maigres moyens, et qu’une grande partie de l’Humanité continue de mourir de faim. Nous voulons replacer l’Homme au cœur de l’humanité, c’est pourquoi il faut d’abord en chasser la Finance !

Nous ne voterons pas pour vous car nous voulons revaloriser non pas le profit, mais le travail, en vertu de la Liberté : quand la production est asservie aux caprices des actionnaires, le travailleur voit son œuvre se dissoudre dans la masse immatérielle du Capital, et s’évanouir bientôt dans des paradis dont il ne verra jamais la couleur. Cela est intolérable. Aucun être humain ne devrait être asservi à son travail ou à son employeur au point que sa vie en pâtisse.

Du monde de la Finance à celui de l’Homme.

Ce monde est accessible : il nous suffit pour l’apercevoir de regarder au-delà des œillères qui entravent notre vision. Libérés de l’individualisme aveuglant et de la cécité mercantile, ne voyons nous pas immédiatement que la spiritualité, la science, l’art, l’amour, la compassion, et tant d’autres valeurs nobles valent chacune cent fois, mille fois celles qui dirigent aujourd’hui notre vie ? La compétitivité, le profit, la marchandisation…. sont-ce bien là les valeurs que nous voulons promouvoir, que nous voulons porter et transmettre, et sur lesquelles nous voulons fonder le vingt-et-unième siècle ?

En vertu de quel principe devrait-on accepter que l’économie gouverne non seulement nos existences, mais contrôle également nos désirs et nos peurs, jusqu’à nous dicter nos choix ? Le libéralisme et la publicité, dont le but commun se résume aujourd’hui à maintenir l’équilibre précaire du système financier, ne nous laissent pour toute liberté que le choix de la marchandise à consommer et celui du produit à vendre. Est-ce au nom de cette liberté-là que nous avons renversé la Monarchie, traversé la Terreur, subi la Guerre et l’Occupation ?

Rien ne devrait nous empêcher de voir plus loin que ce prisme idéologique, et ceux qui nous accuseront de n’être que des utopistes sont ceux-là mêmes qui, dans leur intérêt ou malgré eux, cherchent à nous contraindre à cet asservissement. Eux-mêmes devraient bien se rappeler que le système capitaliste et libéral qu’ils défendent contre vents et marées est né avant toute chose de deux grandes utopies, dont les principes ont été depuis corrompus : la Révolution républicaine, et la philosophie des Lumières. J’en appelle à l’espoir, à l’utopie, et à l’absence de déterminisme en matière d’idées : le changement est possible, il est déjà en marche, car le système capitaliste s’effondre sur lui-même.

L’indignation ne suffit plus

Nous, jeunesse citoyenne du monde, de l’Europe, jeunesse française, immigrée, jeunesse à laquelle l’indignation ne suffit plus et qui appelle à la révolte, voulons démontrer qu’une autre République est possible. Nous voulons prouver que les peuples des démocraties occidentales peuvent se soulever sans verser de sang ni de larmes : en prenant les urnes contre le Marché, comme on a pris par le passé les armes contre la Monarchie.

Nous, jeunes, citoyens, occupants du sol français, pouvons dès aujourd’hui choisir de construire ensemble une nouvelle République. Nous avons le pouvoir de mettre en place une démocratie véritable, qui nous rendra en retour ce qui nous revient de droit : le pouvoir de décision, le pouvoir politique sur notre société et notre économie. Qu’on ne cherche pas à nous faire croire que cela est impossible : les gouvernements sont faits pour se succéder et les institutions pour être changées. Nous, indignés, révoltés, citoyens, peuples souverains à l’intérieur de nos limites, savons tous qu’un changement est possible, et nous affirmons d’une seule voix qu’il est devenu urgent et indispensable.

En définitive, nous refusons l’alternative du vote contre, ou contraint. Nous ne serons pas des machines électorales. Nous voterons selon nos convictions, pas pour un Homme, mais pour des idées. Pas pour un parti, mais pour une cause. Pas contre un système en crise, mais pour un autre.

Nous voterons en exerçant notre pleine liberté de citoyens : sans tenir compte du tapage médiatique, sans tenir compte des sondages, que nous savons trompeurs par expérience, sans regarder les fantômes que l’on brandit pour nous faire peur, sans écouter les mensonges que l’on profère pour nous séduire.

La révolte est en marche

Mon appel est le suivant : indignons-nous, en premier lieu, et puis révoltons-nous !Prenons pleinement conscience que la Crise n’est pas économique et financière comme on nous le répète sans cesse, mais sociale et politique.

Cultivons-nous, alertons-nous, soulevons-nous et prenons les urnes, massivement, chaque fois que l’occasion se présentera — mais n’en restons pas là ! Il nous appartient de mettre également notre énergie et notre créativité au service d’idées et de causes, de les incarner, de les porter sur le devant de la scène publique et politique, et de ne nous en défaire sous aucun prétexte.

Le vingt-et-unième siècle ne sera pas celui de la ruine ou du désastre, mais celui d’un nouveau modèle de développement social et économique, porté par une forme nouvelle de démocratie, citoyenne, souveraine et exemplaire.

Je souhaite à tous ceux qui se reconnaîtront dans mes propos qu’ils puissent faire de même : reconnaître leurs convictions, les confronter au monde et leur donner un sens. Parce que l’avenir nous appartient à tous, et qu’il appartient à chacun d’entre nous de le faire advenir, j’en appelle à la formation d’une Assemblée Constituante.

Pour toutes ces raisons, et plus encore, je voterai pour le candidat du Front de Gauche,Jean Luc Mélenchon. Pas pour un homme ni pour un parti, mais pour les idées qu’ils défendent et pour le changement de société qu’ils proposent. Pour la première fois dans ma vie d’électeur, j’irai voter avec conviction et avec enthousiasme : pour quelque chose en quoi je crois.

Le 17 février 2012

Max DESPIN,
Étudiant, 22 ans


La citation de Stig Dagerman est tirée de son ouvrage : Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (Vårt behov av tröst, © Norstedt & Söners, Stockholm, 1952 ) Traduction française de Philippe Bouquet, coll. essai, Actes Sud, 1993 (ISBN 978-2868693341). Texte en français disponible ici.

428591_110920279036385_100003552404861_35594_1068946615_a dans Politique/Societe

Licence Creative Commons (2.0, France). Diffusion libre – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de modifications.

25 février 2012

Les conspirateurs du tabac (article du journal Le Monde, version électronique)

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 23 : 15

Accueil > Société

source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/02/25/les-conspirateurs-du-tabac_1647738_3224.html

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 25.02.12 | 14h16

D'anciens fumeurs ou ceux fumant moins de dix cigarettes par jour n'ont pas paru avoir plus de risques.

D’anciens fumeurs ou ceux fumant moins de dix cigarettes par jour n’ont pas paru avoir plus de risques.REUTERS/© Paul Yeung / Reuters

 

STANFORD (ETATS-UNIS), ENVOYÉ SPÉCIAL - Si vous souhaitez rester convaincu que l’on fume parce que c’est agréable et que c’est ainsi, tournez la page. Vous avez tout àperdre à lire ce qui suit. Mais peut-être avez-vous envie de savoir pourquoi les gens fument et pourquoi il leur est aussi difficile de s’arrêter. De savoir pourquoi autant d’entre eux devraient en mourir. Et de comprendre pourquoi tout cela nous semble aussi normal. Pour cela, il faut entrer dans la salle des machines de la plus vaste entreprise d’ingénierie du consentement jamais menée à bien. C’est un endroit compliqué. C’est un enchevêtrement d’hommes et d’institutions devenus les rouages d’une subtile mécanique, capable d’infiltrer la culture et la science, desubvertir la médecine et de corrompre en masse. Et, pour vous guider dans ce dédale, Robert Proctor est la personne qu’il vous faut.

Robert Proctor, 57 ans, n’est ni un conspirationniste ni un hygiéniste acharné. Historien des sciences, professeur à la prestigieuse université Stanford (Californie), il est l’auteur de Golden Holocaust, un livre qui paraît ces jours-ci aux Etats-Unis et qui inquiète sérieusement l’industrie américaine du tabac. Au point qu’elle a eu recours à toutes les voies légales pour tenter de mettre la main sur le manuscrit avant sa publication. Sans succès.

Qu’y a-t-il dans ce pavé de 750 pages qui trouble tant des géants comme RJ Reynolds ou Philip Morris ? Il y a leurs propres mots. Leurs petits et grands secrets, puisés dans les mémos et les messages internes, dans les rapports confidentiels, dans les comptes rendus de recherche de leurs propres chimistes, de leurs propres médecins. Le fait est peu connu en France : cette précieuse et explosive documentation – les « tobacco documents » – est publique depuis la fin des années 1990. En 1998, le Master Settlement Agreement, qui clôt les poursuites engagées par 46 Etats américains contre les cigarettiers, ne comprend pas qu’un volet financier (le versement de 250 milliards de dollars – 188 milliards d’euros – échelonnés sur deux décennies), il ordonne aussi la mise dans le domaine public des secrets de l’industrie.

INFILTRATION

Des millions de documents, recouvrant plus de cinq décennies, ont ainsi été exfiltrés des quartiers généraux des grands cigarettiers et confiés à l’université de Californie à San Francisco, chargée de bâtir la Legacy Tobacco Documents Library, et de mettre sur le Net ce fabuleux corpus. Treize millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, sont déjà numérisés. De nouveaux sont ajoutés chaque jour ou presque. C’est au prisme de ces archives que Golden Holocausttente de raconter une histoire globale de la cigarette. Robert Proctor épluche les« tobacco documents«  depuis plus de dix ans. De quoi devenir paranoïaque. Entre mille autres choses, il y a découvert que le professeur qui l’a recruté à Stanford, voilà de nombreuses années, avait secrètement émargé chez les géants du tabac. Il y a aussi compris pourquoi une de ses demandes de financement avait été refusée par la National Science Foundation (principale agence fédérale de financement de la recherche américaine) : celui qui examinait les dossiers touchait de l’argent du tabac…

Tous ceux qui ont passé du temps sur les « tobacco documents » sont peu ou prou arrivés aux mêmes conclusions. Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en ont tiré un rapport explosif de 260 pages, publié en juillet 2000, montrant comment les cigarettiers avaient infiltré leur organisation grâce à des associations écrans ou à des scientifiques secrètement payés par eux. Le tout, bien sûr, pour entraver la mise en oeuvre de politiques de contrôle du tabac. Et lors des poursuites engagées en 1999 par l’administration Clinton, en partie fondées sur les « documents« , les procureurs fédéraux ont plaidé que les manufacturiers américains du tabac ont « préparé et exécuté – et continuent à préparer et exécuter– un vaste complot depuis un demi-siècle pour tromper le public ».

5,5 MILLIONS DE MORTS PAR AN

La cigarette, ce sont d’abord des chiffres. Des chiffres colossaux. Chaque année, la cigarette tue plus que le paludisme, plus que le sida, plus que la guerre, plus que le terrorisme. Et plus que la somme des quatre. Plus de cinq millions et demi de vies emportées prématurément chaque année. Cent millions de morts au XXesiècle ; sans doute un milliard pour le siècle en cours.

Réfléchir au tabac donne le vertige et la nausée. Chaque année, il se produit suffisamment de cigarettes pour emplir 24 pyramides de Khéops. Leur combustion déposera quelque 60 000 tonnes de goudron au fond de poumons humains. On peut aussi aborder la question en se demandant ce que l’homme a inventé de plus inutilement dangereux pour lui-même : rien. « La cigarette, résume Robert Proctor,est l’invention la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. »

Il y a d’autres chiffres, d’autres calculs. « A chaque million de cigarettes fumées au cours d’une année, il y aura un mort prématuré dans les vingt-cinq ans qui suivent. C’est une loi qui est valable à peu près partout « , constate Robert Proctor. Cette macabre règle de trois a des applications inattendues. Comme celle de savoircombien de morts ont causé les mensonges des hauts cadres de « Big Tobacco ».

« MAINTENIR LA CONTROVERSE VIVANTE »

Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l’hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu’ils vendent est cancérigène – ce que les médecins allemands savaient depuis les années 1920 –, et des journaux commencent à évoquer cette possibilité. Au terme de réunions avec le patron de Hill & Knowlton, conseiller en relations publiques, les géants du tabac se lancent dans une entreprise de propagande et d’instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette. Il faut « maintenir la controverse vivante ». Un cadre de Brown & Williamson l’écrit dans un célèbre mémo, découvert dans les « tobacco documents «  : « Le doute est ce que nous produisons. » Avec succès. Ce n’est qu’en 1964 que les autorités sanitaires américaines commenceront à communiquer clairement sur le lien entre tabac et cancer du poumon.

Dix ans de retard. « Si on décale les courbes de la consommation du tabac, c’est-à-dire si on place en 1954 le début de fléchissement constaté à partir de 1964, on voit que 8 000 milliards de cigarettes « en trop » ont été consommées aux Etats-Unis. Elles n’auraient pas été fumées si le public avait su la vérité dix ans plus tôt, explique Robert Proctor. Cela représente environ huit millions de morts dans les décennies suivantes. » Les mensonges d’une demi-douzaine de capitaines d’industrie provoquant la mort de plusieurs millions de personnes ? Une fiction qui mettrait en scène une conspiration de cette ampleur serait taxée d’irréalisme ou de loufoquerie…

Tout ne commence pas en décembre 1953. D’autres manoeuvres sont plus anciennes. Le plan Marshall, par exemple. Le grand programme d’aide à la reconstruction de l’Europe dévastée par la seconde guerre mondiale a également été « mis à profit par les cigarettiers américains pour rendre les populations européennes accros au tabac blond flue-cured, facilement inhalable ». Tout est là. Le flue-curing est une technique de séchage des feuilles de tabac qui se répand largement aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle, et qui permet de rendre la fumée moins irritante, donc plus profondément inhalable. Or jusque dans la première moitié du XXe siècle, on fume encore, dans une bonne part de l’Europe continentale, du tabac brun, très âcre, beaucoup moins dangereux et addictif. Car plus la fumée peut pénétrer profondément dans les poumons, plus l’afflux de nicotine dans l’organisme est rapide, plus l’addiction qui se développe est forte. Et plus les dégâts occasionnés sur les tissus pulmonaires sont importants. « Au cours de la réunion de Paris (le 12 juillet 1947) qui a mis en mouvement le plan Marshall, il n’y avait aucune demande des Européens spécifique au tabac, raconte Robert Proctor. Cela a été proposé et mis en avant par un sénateur de Virginie. Au total, pour deux dollars de nourriture, un dollar de tabac a été acheminé en Europe. »

« RENDRE LES FUMEURS LE PLUS ACCRO POSSIBLE »

Le succès de la cigarette repose toujours, aujourd’hui, sur le talent des chimistes de « Big Tobacco » pour rendre la fumée plus douce, plus volatile, plus pénétrante. Les fumeurs, qui connaissent cette sensation de piquante fraîcheur aux poumons, tiennent pour naturel et normal de fumer ainsi. « Avaler » la fumée, dit-on. C’est au contraire le résultat d’une chimie pointue et compliquée. Plusieurs centaines de composés – accélérateurs de combustion, ammoniac, adjuvants divers, sucres, etc. – sont ajoutés au tabac. Ils rendent la fumée moins irritante, plus inhalable. « On peut dire que la cigarette est véritablement un produit défectueux en ce sens qu’il est beaucoup plus nocif qu’il ne devrait « normalement » l’être… Il est modifié pourrendre les fumeurs le plus accro possible et cela le rend plus dangereux », explique Robert Proctor.

Parfois, ce qu’on retrouve dans les cigarettes n’a pas été ajouté par les chimistes de l’industrie, mais par les caprices de la nature. Ainsi du polonium 210. Pour des raisons non encore éclaircies, la feuille de tabac a une détestable propriété : elle fixe et concentre cet élément radioactif naturellement présent dans l’environnement à des teneurs infimes. Les « tobacco documents » montrent que, dès les années 1950, l’industrie a découvert cette vérité qui dérange. Elle ne divulguera rien. Les premières publications indépendantes sur le sujet n’interviendront qu’au milieu des années 1960…

Golden Holocaust raconte par le menu comment les cadres de l’industrie ont réagi à ce « petit souci » de qualité du produit fini. Et le luxe de détails prodigués par les« tobacco documents » fait basculer dans un univers sidérant. Dans un premier temps, les cigarettiers cherchent à se débarrasser de cet élément radioactif. Ils font mener des travaux qu’ils gardent secrets. Car les publier pourrait « réveiller un géant endormi » (« waking a sleeping giant », dans le texte), écrit un cadre de Philip Morris à son patron, en 1978, ajoutant : « Le sujet va faire du bruit et je doute qu’il faille fournir des faits. »

Plusieurs solutions sont découvertes. Changer d’engrais ? Traiter les feuilles de tabac à l’aide d’un bain d’acide ? Sélectionner les feuilles les moins chargées en polonium ? Aucune de ces solutions ne sera, semble-t-il, retenue. Car résoudre ce problème ne procure pas d’« avantage commercial « , selon l’expression d’un haut cadre de RJ Reynolds, consignée dans les documents. Le passage des feuilles de tabac par un bain acide, par exemple, contraindrait à une « gestion spécifique »d’effluents radioactifs. Cela coûte de l’argent.

« UNE FORME D’ESCLAVAGE »

Surtout, redoutent les industriels, ce traitement pourrait affecter les propriétés chimiques de la nicotine, la rendant moins efficace à entretenir leur capital le plus précieux : l’addiction. Et puis, mieux vaut ne pas mettre sur la place publique ce problème, même si c’est pour annoncer l’avoir résolu. Dans les années 1980, Philip Morris ferme son laboratoire ad hoc. Surtout, ne pas réveiller le « géant endormi ».

Quelque trente années plus tard, il dort toujours d’un sommeil de plomb. Combien de fumeurs savent qu’ils ont dans la poche un paquet de 20 tiges légèrement chargées de polonium 210 ? Combien savent qu’un paquet et demi par jour équivaut – selon une évaluation publiée en 1982 dans le New England Journal of Medicine – à s’exposer annuellement à une dose de rayonnement équivalente à 300 radiographies du thorax ? Combien savent que ce polonium 210 est responsable d’une fraction non négligeable des cancers contractés par les fumeurs ? Lorsqu’on sait, il y a quelque chose de tristement effarant à voir des militants antinucléaires griller une cigarette lorsqu’ils attendent, pour les intercepter, les convois d’oxyde d’uranium de l’industrie nucléaire ; eux-mêmes introduisent dans leur organisme un radioélément qui les irradiera de l’intérieur…

On mesure le succès d’une entreprise de propagande à l’aune de ce genre de paradoxe. Il y en a d’autres. Par exemple, le plaisir procuré par la cigarette. « C’est une pure fabrication de l’industrie, répond M. Proctor. C’est une différence fondamentale avec d’autres drogues comme l’alcool et le cannabis. La cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. »Elle ne fait que soulager celui qui est accoutumé au tabac, elle le rend fonctionnel.« C’est écrit en toutes lettres dans les documents : fumer n’est pas comme « boire de l’alcool », c’est comme « être alcoolique », dit Robert Proctor. Parmi ceux qui aiment la bière ou le vin, seuls 3 % environ sont accros à l’alcool. Alors qu’entre 80 % et 90 % des fumeurs sont dépendants. C’est une forme d’esclavage. »

PROPAGANDE

Pourtant, l’American Civil Liberties Union (ACLU) – l’équivalent de notre Ligue des droits de l’homme – a fait campagne au début des années 1990 pour la « liberté » defumer sur le lieu de travail. Mais il est vrai que la prestigieuse ACLU venait, elle aussi, de toucher quelques centaines de milliers de dollars de l’industrie du tabac…« Comment peut-on parler de liberté lorsque 90 % des fumeurs interrogés disentvouloir s’arrêter sans y parvenir ? » Le novlangue d’Orwell n’est pas loin. « La guerre, c’est la paix« , « l’amour, c’est la haine » professait le Parti omnipotent de 1984. Dans le monde du tabac, « l’esclavage, c’est la liberté ».

Et ce message fait mouche. Les adolescents voient souvent dans la cigarette une manifestation d’esprit rebelle. Convaincre qu’inféoder ses fonctions biologiques à de grands groupes industriels tient de la rébellion, voilà un tour de force marketing, dont le projet est inscrit en toutes lettres dans les « tobacco documents » : il fautvendre aux jeunes l’idée que fumer procède d’une « rébellion acceptable ».

Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population – qui ne résistent ni à l’analyse critique ni même au simple bon sens – est la part la plus fascinante de cette histoire. C’est le fruit d’investissements lourds. Depuis des décennies, les apparitions des marques de cigarettes dans le cinéma hollywoodien sont millimétrées, à coups de millions de dollars. D’autres millions sont investis par l’industrie dans la recherche biomédicale académique : non pour trouver des remèdes aux maladies du tabac mais, très souvent, pour documenter des prédispositions génétiques à des maladies, attribuées ou non à la cigarette… « Des sommes colossales ont été injectées par le tabac dans la génétique fonctionnelle, au détriment des travaux sur les facteurs de risques environnementaux, dont le tabac, explique Robert Proctor. Cela crée ce que j’appelle un « macrobiais » dans la démarche scientifique. Cela contribue à développer l’idée que les maladies sont programmées en nous et qu’on n’y peut rien. »

Infiltration de la culture, infiltration de la science. Il restait à Robert Proctor à endécoudre avec sa propre discipline. « J’ai aussi cherché les rats dans ma propre maison« , déclare-t-il. Une cinquantaine d’historiens – la plupart financés ou secrètement payés par les cigarettiers – ont formulé lors des procès du tabac des témoignages favorables aux industriels. Dans les « tobacco documents », les cigarettiers parlent de développer une « écurie » de savants. Seuls deux historiens américains – dont l’auteur de Golden Holocaust – ont témoigné du côté des malades.

L’histoire est un enjeu important, crucial même. « Aborder l’histoire d’une certaine façon, conclut le professeur de Stanford, comme, par exemple, dans cette étude présentant « les origines de la controverse du tabac dans l’Angleterre du XVIIesiècle », permet de normaliser un phénomène qui, regardé autrement, serait simplement intolérable. » Il faut inscrire la cigarette comme une variable banale de l’Histoire longue pour occulter le caractère inédit de l’addiction de masse qui s’est développée depuis le milieu du siècle dernier.

Peser sur l’histoire et les sciences sociales pour fabriquer le consentement. Philip Morris a formalisé ce projet en 1987 sous le nom de Project Cosmic – un plan destiné à « créer un réseau extensif de scientifiques et d’historiens partout dans le monde », toujours selon les « tobacco documents « « Il s’agissait de recruter des savants dont les travaux ou les idées pourraient contribuer à forger une « narration » favorable aux industriels », explique Robert Proctor.

Cas pratique, parmi tant d’autres. Dans les années 1990, l’historien travaillait sur un sujet original et peu défriché : les politiques de santé publique dans l’Allemagne nazie et la guerre qu’Hitler avait déclarée à la cigarette. L’un de ses articles sur le sujet fut accepté en 1997 par le Bulletin of the History of Medicine. Mais, quelques années plus tard, la revue a refusé un autre de ses articles  – cette fois sur l’industrie américaine du tabac. Lorsqu’une étude permet de nourrir un amalgame entre contrôle du tabac et totalitarisme, elle est acceptée ; lorsqu’elle dérange les industriels, elle est rejetée… Pour comprendre, dit Robert Proctor, « il suffit deregarder la composition du comité éditorial de la revue et les liens financiers de certains de ses membres avec le tabac ». Les chiens de garde du Project Cosmic surveillaient les portes de la revue savante.

Contactés par Le Monde, les cigarettiers cités n’ont pas souhaité commenter les travaux de M. Proctor.

Stéphane Foucart

12 février 2012

Le chef d’Al-Qaïda soutient la rébellion en Syrie dans une vidéo

Classé dans : Politique/Societe — uriniglirimirnaglu @ 11 : 45

Ayman Al-Zawahiri dans une vidéo diffusée en juin 2011.

Ayman Al-Zawahiri dans une vidéo diffusée en juin 2011.AFP/HO

Le chef d’Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a manifesté son soutien à la contestation en Syrie, dans un enregistrement vidéo mis en ligne sur des forums jihadistes, a rapporté dimanche 12 février un centre américain de surveillance des sites islamistes, SITE.

Dans cette vidéo, intitulée « En avant, les lions de Syrie », Ayman al-Zawahiri accuse le régime syrien de crimes contre ses citoyens et loue ceux qui se rebellent contre le gouvernement. Cette vidéo,  d’une durée de plus de huit minutes, montre Zawahiri, devant un rideau vert, encourageant les Syriens à ne pas faire confiance aux gouvernements occidentaux ou arabes, qui imposeraient selon lui un régime inféodé à l’ouest.

« UN RÉGIME PERNICIEUX ET CANCÉREUX »

« Ne dépendez pas de l’Ouest et de la Turquie qui ont eu des contrats, des accords et des partages avec ce régime pendant des décennies, et qui n’ont commencé à les abandonner que lorsqu’ils ont vu le régime vaciller », déclare le chef d’Al-Qaïda. « Ne dépendez que de Allah, et (comptez sur) vos sacrifices, votre résistance et votre fermeté ».

Il demande aux musulmans de Turquie, de Jordanie et du Liban de soutenir la rébellion et de renverser le régime actuel qu’il qualifie d’anti-islamiste. « C’est un régime pernicieux et cancéreux qui étouffe la liberté des gens en Syrie et qui les pourchasse, et il n’y a pas d’autre solution que de le reverser », déclare encore Zawahiri. Il incite les contestataires syriens à établir « un Etat qui défend les pays musulmans, cherche à libérer le Golan et continue son jihad jusqu’à hisser la bannière de la victoire au-dessus des collines usurpées de Jérusalem ».

BRANCHE IRAKIENNE D’AL-QAÏDA EN ACTION

Ayman al-Zawahiri a succédé à Oussama Ben Laden à la tête de Al-Qaïda après la mort de ce dernier, tué en mai 2011 par les forces armées américaines au Pakistan.

Al-Qaïda a été largement absent du mouvement des printemps arabes qui a balayé plusieurs pays du Proche et Moyen Orient et d’Afrique du Nord début 2011. Mais les journaux du groupe de presse américain McClatchy, citant des responsables américains ayant requis l’anonymat, ont indiqué que la branche irakienne d’Al-Qaïda était probablement derrière des attentats à la voiture piégée qui ont fait 28 morts et plus de 200 blessés vendredi à Alep.

Ces quotidiens soulignent que cela donnerait du crédit aux accusations du président Assad sur l’engagement d’Al-Qaïda dans la révolte contre son régime. Le pouvoir a imputé ces attentats à des « gangs terroristes » soutenus par l’opposition, tandis que cette dernière a accusé le régime de les avoir perpétrées « pour détourner l’attention » de sa répression à Homs.

Depuis le début du soulèvement populaire en Syrie en mars 2011, la répression a fait plus de 6 000 morts, selon un bilan de l’ONU. Les représentants des pays membres de la Ligue arabe se réunissent ce dimanche au Caire pour discuter de la crise en Syrie.

Une pause café - Une person... |
LE TECHNICIEN DU RISQUE |
Sauvons les animaux |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Vues de Babi
| Mouvement Citoyen Chrétien
| CRC-PHONE IMPACT EXPERT