¤ OVERLOAD – Trop de drones tue l’information
L’armée de l’air américaine est confrontée à un dilemme. A force de s’appuyer comme elle le fait depuis plusieurs années sur l’utilisation de drones pour la collecte de données, ses services sont désormais dépassés par le déluge d’informations qu’ils doivent examiner. « Nous sommes clairement en retard », a reconnu Michael Donley, un haut responsable de l’armée de l’air, devant un parterre de journalistes étonnés. « Nous collectons des données à un rythme jamais atteint par le passé », a-t-il ensuite justifié, reconnaissant que l’armée était loin d’avoir les ressources humaines nécessaires pour examiner et classer ces informations.
Première mesure décidée par l’état-major : une baisse des achats de drones Reaper et Predator, au cœur des missions offensives en Afghanistan et au Yémen, mais dont la principale utilisation est la surveillance et la collecte de données diverses. Selon des informations officielles, l’armée de l’air a acheté 48 drones Reaper en 2011, et en commandera 24 en 2013. Michael Donley précise que, pour « les prochaines années », la flotte de drones sera stabilisée, le temps que l’armée de l’air rattrape son retard.
Visionnage et algorithmes
Ce travail de longue haleine pourrait se révéler bien plus compliqué que prévu. Comme l’explique Wired, « rattraper son retard dans le visionnage de données collectées par des drones n’est pas aussi simple que vider le cache d’un DVR ».
« Par exemple, une partie d’une vidéo sera nécessaire immédiatement, pour aider des troupes en action en Afghanistan. Mais un autre bout de vidéo, pas immédiatement utile, pourrait s’avérer crucial pour une opération future. En gros, les militaires ne savent jamais ce qu’ils recherchent dans les données. »
Le magazine spécialisé propose un début de solution en installant des algorithmes « cibleurs » dans les caméras de drones pour « présélectionner les données ». Ce projet serait déjà dans les tuyaux du Defense Advanced Research Projects Agency, l’aile scientifique du Pentagone. « Une autre solution, note également Wired, serait simplement de construire de meilleurs outils de recherche. »