¤ Le rapport sur le climat n’est pas (tout à fait) un camouflet pour Allègre
Le rapport de l’Académie des sciences sur le réchauffement climatique est-il un camouflet pourClaude Allègre et les autres climato-sceptiques? C’est ce qu’affirme à l’AFP le vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) –dont Allègre réclamait dans nos colonnes la suppression–: il y a vu «un désaveu des thèses de Claude Allègre» et ajoute:
«Même si dans ce texte, on fait beaucoup de places aux arguments avancés par les climato-sceptiques, je retiens quand même que le document réaffirme clairement les grandes conclusions du Giec»
Claude Allègre affirme quant à lui que ses positions «sont prises en compte complètement», sans quoi il n’aurait pas signé ce rapport.
Pour le blog de France Culture En quête de science, les deux ont aussi raison l’un que l’autre, puisque le rapport a dû faire dans la nuance. Pas étonnant quand on sait que les principaux protagonistes du débat sur le réchauffement climatique sont «tous ou presque,… membres de l’Académie des sciences»!
Six mois après la demande de la ministre Valérie Pécresse, l’Académie a rendu douze feuilles de rapport dont une de conclusions «frappées au coin de la diplomatie», explique le blog: où comment parvenir à un résultat où «les climatologues soutenant les rapports du GIEC seront satisfaits par les affirmations claires du rapport en faveur du réchauffement et de sa cause anthropique», et les climato-sceptiques apprécieront la bonne place laissée au doute dans les termes utilisés.
Pas étonnant, quand on sait que ce rapport devait être signé par des climatologues des deux camps (dont Claude Allègre).
Le blog décortique cette page de conclusions et les termes qu’elles emploient: le rapport affirme ainsi que le réchauffement climatique est «principalement dû à l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère». «Principalement», là où le rapport du GIEC affirmait que «L’essentiel de l’accroissement [de la température] est très probablement dû» à l’homme. Une nuance sans importance? Non, parce qu’elle est au coeur de la dispute entre les deux camps: avec ce «principalement», «l’Académie donne donc clairement raison aux conclusions du GIEC tout en en modérant légèrement le degré d’affirmation de l’impact du CO2 sur le réchauffement».
Tout le reste des conclusions sont faites de concession aux climato-sceptiques puis au GIEC, et inversement. Et le rapport cherche l’apaisement en accédant à une des demandes des climato-sceptiques: que la recherche sur le réchauffement climatique ne soit plus le seul domaine des climatologues, mais aussi d’autres scientifiques comme des géophysiciens, par exemple.
Photo: Claude Allègre. REUTERS/Benoit Tessier