¤ Surenchère rhétorique entre les Soudans sur fond de bombardements
Le Monde.fr avec AFP | 24.04.2012 à 19h03 • Mis à jour le 24.04.2012 à 19h03
Le conflit, tant militaire que verbal, se poursuit entre le Soudan et le Soudan du Sud. Mardi 24 avril, le président sud-soudanais, Salva Kiir, en visite à Pékin, a accusé le Soudan d’avoir « déclaré la guerre » à son pays, visé par de nouveaux bombardements nocturnes de l’aviation soudanaise à proximité de sa frontière.
Khartoum, de son côté, a accusé Juba de vouloir « ébranler sa stabilité » en continuant à soutenir les rebelles sur son territoire, au lendemain du refus annoncé du président soudanais Omar Al-Bachir de revenir à la table des négociations avec son voisin du Sud.
Dans la nuit de lundi à mardi, les avions soudanais ont pris pour cible les localités sud-soudanaises de Panakwach et Lalop, dans l’Etat d’Unité, ainsi que le poste-frontière de Teshwin, une zone contestée, théâtre d’intenses combats entre les deux armées ces derniers jours. Les bombardements, qui ont fait plusieurs blessés civils et militaires, ont continué jusqu’aux « premières heures » mardi, selon le gouverneur de l’Etat d’Unité, précisant que les frappes les plus profondes avaient été recensées à environ 25 km de la ligne de front.
Khartoum dément systématiquement toute frappe aérienne en territoire sud-soudanais, dont certaines ont pourtant été confirmées par l’ONU et des journalistes.
RENFORCEMENT DES EFFECTIFS
Dans la journée, la ligne de front semblait calme, mais les deux Soudans ont apparemment renforcé leurs effectifs, déployés dans des tranchées le long de leur frontière contestée, où d’intenses combats les ont opposés depuis fin mars dans la zone pétrolière de Heglig, à une soixantaine de kilomètres au nord de Bentiu.
Les relations entre Khartoum et Juba, marquées par des tensions persistantes depuis l’indépendance du Soudan du Sud, se sont sérieusement envenimées récemment, particulièrement après la conquête, le 10 avril par les forces sud-soudanaises, de Heglig, revendiquée par les deux pays mais jusque-là contrôlée par l’armée soudanaise. Les militaires soudanais ont repris ce week-end le contrôle de cette zone dont les puits fournissent au Soudan la moitié de sa production de brut. Khartoum affirme en avoir chassé militairement les troupes sud-soudanaises, tandis que Juba assure s’en être retiré volontairement pour répondre aux demandes internationales.
Dans la soirée, la Maison Blanche a une fois de plus « fermement » condamné les bombardements aériens et appelé les deux pays à un cessez-le-feu immédiat et àreprendre leurs négociations pour la paix.