¤ Syrie : certitudes et incertitudes de la guerre médiatique
source : http://www.marianne2.fr/Syrie-certitudes-et-incertitudes-de-la-guerre-mediatique_a220108.html
Pour notre chroniqueur associé Roland Hureaux, les reporters occidentaux présents en Syrie se laissent trop souvent tenter par le piège du manichéisme dans un contexte certainement plus ambivalent qu’il n’en a l’air dans la presse.
L’autre question est de savoir qui est responsable de ces massacres. Dès lors qu’il y a deux camps disposant d’armements létaux, on peut supposer, comme dans toutes les guerres, que le bilan est partagé, sans doute inégalement mais partagé quand même, surtout si certains adversaires d’Assad se réclament d’Al-Qaida, qui ne passe pas pour une organisation humanitaire. Mais dès lors que sont annoncées des atrocités, la presse occidentale, c’est-à-dire les journaux papiers à grand tirage et les grands médias audiovisuels (internet est à mettre à part) est quasi-unanime à en imputer immédiatement la responsabilité au régime.
Tel fut le cas de la récente tuerie de Houla (108 mots dont 49 enfants, dit-on. Mais qui a lancé ces chiffres si précis et qui peut les certifier?). La presse occidentale a immédiatement accusé les forces du régime d’Assad alors même que cette ville était, semble-t-il, contrôlée par l’opposition. Les pays occidentaux et arabes ont aussitôt renvoyé les ambassadeurs de Syrie en représailles contre le pouvoir en place. Or les informations reçues depuis renforcent l’hypothèse que la responsabilité de ce massacre pourrait plutôt revenir aux opposants (si tant est que tous les cadavres exposés aient été récoltés sur le champ de bataille et non sortis de la morgue comme ce fut le cas à Timisoara). Les mêmes doutes existent pour la plupart des incidents les plus médiatisés de ces dernières semaines.
On relève par ailleurs que la principale source des organes de presse occidentaux, le prétendu Observatoire syrien des droits de l’homme, se résume à un homme, Rami Abdulrahman, opposant exilé depuis longtemps résidant à Coventry. Quand on annonce début juin 55 morts à Al Koubeir, 87 morts à Hama, il est à l’origine de l’information.
En formulant ces observations, nous ne disons ni que le régime d’Assad soit innocent, ni même qu’il ne porte pas la part la plus lourde des responsabilités des massacres. Mais qu’il en porte la responsabilité exclusive, que chaque fois qu’une atrocité est connue, il faille systématiquement la lui imputer est pour le moins peu vraisemblable. D’autant que les vingt-cinq dernières années ont vu se multiplier, sur le thème humanitaire, des opérations de manipulation de l’opinion internationale de grande ampleur, chaque fois menées avec le plus parfait professionnalisme: Timisoara, le Kosovo, les prétendues armes de destruction massive de l’Irak, le Rwanda (où certes l’opinion internationale a été informée des massacres mais pas de tous, ni même des plus graves). Admettons que la menace que le régime de Kadhafi faisait planer sur une partie de ses compatriotes ait été bien réelle et pouvait justifier une intervention, il reste que les dégâts causés par celle-ci – 150 000 victimes, selon certaines sources – ne sont pas encore connus.
DÉFORMATION MORALISANTE
Le second ressort est que le traitement particulier dont bénéficie la profession (existence de services de presse, de correspondants attitrés, d’hôtels réservés pas trop loin du front, conférences de presse) fait que les journalistes, de quelque pays qu’ils viennent et de quelque bord qu’ils soient, vivent ensemble et que celui qui débarque sans savoir où sont les bons et les méchants le demandera aux autres et aura vite fait de se rallier à l’opinion commune. Manichéisme et grégarité semblent ainsi les deux mamelles de l’information de guerre.
Et si les mécanismes de travestissement des faits que nous venons de décrire sont mis en place, l’enquête de terrain est à peine nécessaire. Si l’on apprend qu’à tel endroit un massacre a été commis, il n’est plus nécessaire d’investiguer pour savoir qui en est responsable: ce ne peut être que le camp du méchant. Le correspondant de presse qui se fonde sur une idéologie manichéenne et l’unanimité de sa corporation, n’a plus besoin de faits, il peut se contenter de ce que Kant appelait les jugements synthétiques a priori.
Outre qu’elle déforme la vérité, on voit au passage à quel point une telle attitude est potentiellement criminelle. Prenons le cas de la Syrie : les opposants au régime de Assad, qui ne sont pas nés de la dernière pluie et possèdent à fond ces mécanismes, ont intérêt aujourd’hui à perpétrer le maximum d’atrocités: puisque celles-ci seront mises sans examen sur le compte de leur adversaire, chacune d’elle sera une victoire psychologique de plus.
TOUJOURS DU CÔTÉ DES ETATS-UNIS
Ce caractère unilatéral ne se résume donc pas à une simple donnée sociologique endogène aux milieux de l‘information. L’information est devenue une arme de guerre. Et comme telle, elle fait appel aux techniques les plus sophistiquées. Elle se trouve manipulée par des gens qui en possèdent tous les ressorts et jouent sans doute comme sur du velours sur la naïveté et l’idéalisme de jeunes journalistes. Le paradoxe est que la plupart de ces correspondants de presse sont orientés à gauche, c’est-à-dire que, pris un à un, ils sont sans doute opposés à la suprématie américaine, critiques de la finance internationale qui la sous-tend, de la prison de Guantanamo ou de l’utilisation abusive de drones etc.
Qu’ils en arrivent à être de manière à peu près systématique les fantassins de la guerre médiatique menée par la grande puissance en dit long sur la sophistication des mécanismes à l’œuvre. Sous réserve d’une étude approfondie du sujet qui ne pourra généralement se faire qu’avec le recul de plusieurs années, voire dizaines d’années, quand tel ou tel régime est présenté comme le plus odieux de la terre, on n’est certain que d’une chose: il déplaît à la puissance dominante.
ce qui s’est passé et se passe actuellement en lybie ne me rassure point sur l’avenir « du peuple » ou « des peuples » constituant la Syrie
d’aucun veulent reduire la Syrie pour que d’autre s’occupent de l’Iran
perso je note la lacheté intellectuelle de nos dirigeants fraichement z’élus sur le sujet
La syrie c’est une phase indispensable pour le nouvel ordre mondial pour ensuite s’emparer de l’Iran avec son pétrole en fermant ainsi l’accès aux Russes et aux chinois. Tout le but est d’inventer un prétexte humanitaire ou autre pour faire avaler la pilule à l’opinion publique enfumée dans tout les domaines.
Un bon article qui pèsera bien peu face au rouleau compresseur des chaines « d’information » qui passent en boucle la voix de l’Amérique, comme au bon vieux temps de la guerre froide. Il ne manque que l’annonce d’ouverture: Here is the voice of America!
Merci pour cet article honnête, malheureusement une goûte d’eau dans l’océan de désinformation.
http://bouquinsblog.blog4ever.com/blog/articles-cat-325165-549198-autour_du_totalitarisme…
enfin un article mesuré et de bon sens….loin des bobards que veulent nous faire ingérer les tf1 et autres bfm …la syrie est un des ennemis {…} de par son non alignement …et quelle belle base arrière cela ferait pour aller guerroyer en iran…qu’en pense BHL notre escroc intellectuel national a la solde de l’otan ;de la cia et du mossad……
@dan
La solution pratique: arrêter de financer ou armer des groupes factieux djihadistes pour déstabiliser des nations souterraines. Fustiger le Qatar pour son implication – au moins financière – sur tous les fronts de l’islamisme violent…
Merci donc ausi à Marianne2.
La propagande actuelle sur cette terrible situation syrienne depasse largement celle qui eut lieu en 2003 pour l’Irak. Une honte pour nos médias, aussi incométants ou couards que la presse us de l’époque (ah, les fameuses ADM et les liens entre al qua…
Plus surprenant, dans les communiqués de l’AFP, les pertes côté gouvernemental (armée, forces de sécurité ou milices pro-régime) sont régulièrement supérieures aux pertes constatées du côté de l’opposition (ASL ou « déserteurs »), et non pas à peu près équivalentes, le plus grand nombre étant toujours pour les « civils ».
On peut en tirer des conclusions diverses.
@Michel ROBIN
Le Qatar et l’Iran puisent dans le mê…
Hollande, pire que sarko dans le rôle du petit soldat de l’otan dévoué à son maitre…
Hollande voulait l’intervention en Syrie et il l’aura. Déception amère déception d’avoir un PS et ses chefs à la solde des USA.
Contrairement à ce qui avait été dit au début, la Turquie a reconnu que l’avion était entré dans l’espace aérien Syrien, alors légitime défense pour la Syrie.
Confirmation de ce que j’ai écrit pour Michael : le communiqué de l’AFP sur Orange dit à 23h18 :
« Au moins 116 personnes, dont 68 civils, 41 soldats et sept rebelles ont péri mardi dans les violences, en particulier dans des combats d’une intensité inédite près de Damas, autour de positions de la Garde républicaine, a précisé l’OSDH. »
10.Posté par Dan VHV le 26/06/2012 14:45 : que faire pour arrêter cet enfer ? Que faire pour neutraliser des siècles de haine accumulée ? Bien malin qui a une solution propre…
http://bouquinsblog.blog4ever.com/blog/articles-cat-325165-549198-autour_du_totalitarisme…