¤ Syrie : de Treimseh à Idleb, contre qui et pourquoi combattent les soldats ?
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Les observateurs de l’ONU étaient samedi à al-Treimseh, ou jeudi de violents combats entre l’ASL et l’armée ont fait plusieurs dizaines de victimes rebelles, et un nombre encore indéterminé de victimes civiles. Selon leurs premières constatations, que des maisons de « déserteurs et de militants » semblaient avoir été visées spécifiquement par les militaires syriens. Cela revient à nier qu’il y ait eu un combat – chose qui a été reconnue pourtant même par l’OSDH et des partisans locaux de l’opposition. Les observateurs parlent d’une école brûlée et de plusieurs maisons endommagées, de taches de sang et de douilles répandues, ce qui n’a rien d’étonnant. Rappelons que sur les images qu’on a pu voir, ce sont des cadavres d’hommes qui sont rassemblés. Et que jeudi 12 juillet, l’ASL a certainement perdu une centaine d’hommes à al-Treimseh. On verra si les bérets bleus essaient transformer un accrochage « militaire » d’ampleur en expédition punitive contre des opposants civils. Des civils sont certainement morts dans ce village, certains parlent de 17, d’autres d’une cinquantaine, Et, bien sûr, la responsabilité de ces victimes-là fait polémique. Les observateurs parlaient samedi d’un bilan total « incertain« . La contradiction fondamentale et incontournable du ou des plans Annan Il faut, à ce sujet, revenir sur la réaction de Kofi Annan : l’émissaire de l’ONU, qui avait eu un bon contact avec Bachar al-Assad à Damas le 9 juillet, a estimé le 13 qu’à al-Treimseh, en utilisant des « armes lourdes« , le régime avait «bafoué » les résolutions de l’ONU et l’esprit et la lettre du plan qu’il avait accepté. La réaction d’Annan est somme toute compréhensible : il s’entend avec le président syrien sur une démarche de réduction progressive et au cas par cas de la violence dans les secteurs les plus « chauds », et quelques jours plus tard se déroule un combat de grande intensité et de lourd coût humain. Simplement, tous les plans, accords et bonnes résolutions ne peuvent faire que les bandes armées ne se sont, elles, engagées sur rien, et continuent d’attaquer partout où elles le peuvent, des unités de l’armée – c’est justement le cas à al-Treimseh. Tant qu’il n’y a aucun geste significatif de l’ASL en faveur d’un vrai cessez-le-feu, le gouvernement est fondé à frapper, le plus durement qu’il peut, ces fauteurs de guerre civile et confessionnelle. Maintenant, un tel geste d’apaisement de l’ASL est-il possible ? En l’état actuel des choses certainement pas : la direction de cette fausse armée – sur le terrain un agrégat de bandes autonomes et coordonnées seulement à l’échelon local – est plus que jamais dans une logique de guerre civile et de renversement du gouvernement. Et on touche là à la contradiction fondamentale sur laquelle se sont brisés – et continueront de se briser – tous les plans de paix en Syrie : pour faire la paix, il faut être deux, et si l’on peut toujours contester la bonne volonté ou la sincérité du gouvernement en la matière, il n’y a aucun doute que les bandes armées se moquent des propositions de l’ONU et d’Annan comme de leur première Kalashnikov. Pour elles, le cessez-le-feu du 12 avril dernier n’a été qu’un répit providentiel leur permettant de souffler militairement, et de reconstituer leurs forces, et même d’étendre leurs positions dans certaines villes. Ils veulent mettre la Syrie à l’heure de Ryad et de Tombouctou Le combat continue donc, pour l’éradication de ces groupes armés. Ces dernières 48 heures, des sources ASL/OSDH ont confirmé que les rebelles avaient dû évacuer la localité de Khirbet Ghazalé (gouvernorat de Deraa, dans le sud du pays) face à l’attaque de plusieurs centaines de soldats appuyés par des blindés et des hélicoptères. L’agence Sana semblant être depuis 24 heures la victime de quelque cyber-attaque, il est difficile d’avoir une vue même partielle des opérations en cours. Mais puisque nous venons parler d’hélicoptères de combat, nous vous proposons cette vidéo envoyée par un de nos amis, et qui est une démonstration de leur utilisation sur le terrain. La vidéo a été tournée par des gens de l’ASL : on voit donc un groupe d’hommes armés maudire un hélico de l’armée qui survole leur position dans ne localité non identifiée. Un mitrailleuse anti-aérienne montée sur pick-up lâche même une rafale. Mais bientôt les ASL semblent se précipiter dans une direction, en hurlant : en effet, trois ou quatre de leurs camarades ont été tués par un tir – une roquette ? – de l’appareil. http://www.youtube.com/watch?v=C9J3MJtcqG8 Et histoire de rappeler justement sur qui tirent les hélicoptères, les canons et les soldats de l’armée syrienne, voici deux vidéos que nous devons au zèle de notre amie Cécilia. Dans la première, tournée dans la ville al-Bab (gouvernorat d’Alep), un groupe d’inspiration salafo-wahhabite, nommé « Atibat Martyrs d’al-Bab », s’en prend à des bouteilles de vins, liqueurs et autres alcools, apparemment récupérés dans des magasins d’Alep : on voit, sur le mode prévalant entre autres actuellement dans le nord du Mali, ou dans certains secteurs d’Afghanistan, un combattant à keffieh et Kalashnikov prononcer sa « sentence » épuratrice, avant que que ses camarades n’arrosent d’essence leur butin et y mettent le feu aux cris répétés de »Takbir ! Alla Akbar ! » Une démonstration modeste mais puissamment symbolique de ce projet de société « séoudien » qu’une bonne partie de ces groupes entend oppose à une nation moderne comme la Syrie. http://www.youtube.com/watch?v=1OVNHn7BRr0&feature=relmfu Dans le même registre fondamentaliste délirant, on assiste ensuite au prêche d’un de ces petits chefs miitaro-religieux sévissant actuellement en Syrie avec la bénédiction des Occidentaux : l’émir, dûment barbu, d’un groupe estampillé ASL, intitulé modestement « Souqour schamal Idleb« , (« Les Aigles du Nord d’Idleb« ), menace tout à la fois au micro ses hommes et les habitants d’Idleb : « Je jure au nom d’Allah d’appliquer le même châtiment contre ceux qui traitent avec les chiites et alaouites même avec un grain de blé, au nom d’Allah, celui qui traitera avec eux, je l’égorgerai devant la porte de la mosquée ! » Oui, voilà certains aspects de l’opposition radicale et militarisée syrienne que ne mettent pas volontiers en évidence les journaliste d’I-Télé ou de BFMTV…Encore ne s’agit-il pas là de décapitation de soldats, d’exécutions de chabihas réels ou supposés, de massacres communautaires… Oui, voilà à qui est confrontée très concrètement la population de certaines régions de Syrie. Est-il si étonnant que l’armée syrienne soit accueillie en libératrice ? Est-il exagéré de dire que face à à ce genre d’opposants, Bachar et son gouvernement sont perçus comme le seul recours ? http://www.youtube.com/watch?v=G4ExqiZFEis&feature=relmfu Source: infosyrie.fr |
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