¤ Lutte contre la corruption: Etats-Unis 1 – Europe 0 (match en cours)
Une telle loi est historique car elle braque les projecteurs sur une industrie qui brasse des milliards, mais qui, pour le moment, agit en toute opacité. Vouloir connaître la hauteur et les détails des paiements que ces sociétés sont prêtes à verser aux gouvernements de pays riches en ressources naturelles est donc loin d’être anodin. Le temps que l’institution américaine a pris pour décider du décret d’application – presque deux fois plus long que le délai que la loi lui imposait – donne une indication de l’enjeu.
En effet, le lobby industriel a lutté de toute sa force contre une telle loi, allant jusqu’à invoquer la menace terroriste. Plusieurs entreprises ont sérieusement soutenu l’idée que la publication des paiements liés à des projets spécifiques les rendrait plus vulnérables aux attaques terroristes. Pourtant quelques clics sur internet suffisent pour identifier l’emplacement d’un champ pétrolier.
Il n’est pas non plus inconnu que les ressources naturelles rapportent bien, mais pas toujours aux bonnes personnes. Il suffit de passer en revue les objets et l’immobilier saisis par la justice française dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis qui vise le fils du dictateur équatoguinéen. Il disposait notamment d’une dizaine de voitures de grand luxe, à lui seul, à Paris. La manne pétrolière et minière annuelle de l’Afrique représente 7 fois les montants de l’aide publique au développement.
Ce sont moins les terroristes qui s’intéressent aux paiements effectués par Shell, Exxon et Total, mais les citoyens des pays riches en ressources. Il y a quelques jours seulement, un Libyen, ancien employé de l’entreprise nationale de pétrole, a lancé un appel à l’adresse de l’autorité boursière américain dans le New York Times. (more…)