La coalition emmenée par la France en Libye n’a fait l’objet d’aucune protestation au sein de l’hexagone. Aucune manifestation, aucun rassemblement anti-guerre. Pourtant, il y a huit ans, lors de la guerre en Irak à laquelle la France ne participait pas, la gauche anti-impérialiste s’est mobilisée dans la création d’un mouvement pacifiste important. Il semblerait que les acteurs de la gauche aient été leurrés par l’effervescence du printemps arabe et la protection des civils, objectif officiel de la guerre en Libye.
Il aura fallu attendre le 12 septembre pour que l’association Survie, fer de lance du rejet du néocolonialisme français en Afrique, daigne écrire ce qu’est cette guerre, près de six mois après le début des bombardements. Les mots sont justes, « si l’opinion française, tous partis politiques confondus, s’est laissée prendre à cet amalgame grossier, l’opinion africaine, quasi unanime mais inaudible, ne s’y est pas trompée. Elle qui a vu dans les interventions en Côte- d’Ivoire et en Libye une entreprise de reconquête impérialiste » .
Les prétendus objectifs humanitaires de la guerre ont détourné l’opinion publique des véritables causes de l’agression libyenne : pétrole, eau, richesses africaines constituent bien, parmi d’autres, les réels enjeux de cette guerre coloniale. Le mythe de la protection des civils ne tient plus une seconde face à l’observateur attentif. Comme l’écrivent 14 députés communistes et apparentés en aout 2011,« le mythe de la protection des civils a fait long feu. La manipulation consistait à faire croire à l’imminence d’un bain de sang en Cyrénaïque et à une répression sans nom de la part des forces de Mouammar Kadhafi. Or, comme l’écrivait l’Humanité depuis Benghazi, les responsables hospitaliers de cette ville ont comptabilisé 250 morts suite à la répression. Un chiffre n’ayant rien à voir avec les milliers de morts annoncés ! Un rapport livré par une spécialiste d’Amnesty International ayant passé plus de 3 mois en Libye, confirme que « le nombre de morts a été grandement exagéré ». Les 20 et 21 mars, la chaîne d’information al-Jazira affirmait que « les avions et les hélicoptères de Kadhafi bombard(aient) Tripoli, secteur par secteur, faisant des centaines de victimes ». Pourtant, d’après les témoignages recueillis sur place, « de tels bombardements n’ont pas eu lieu ». « Dans un quartier du centre, on nous montre un immeuble que l’aviation de Kadhafi aurait bombardé, et dont il ne restait plus rien selon Al-Jazira. Mais l’immeuble est intact » (France Soir du 9 avril). Comme les « armes de destruction massives » en Irak, la « protection des civils » n’a donc été que le prétexte de cette guerre, elle n’en constitue pas le mobile » .
Ces députés, qui souhaitent l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée Nationale, se proposent de répondre à trois questions :
– Quelle est la nature de l’intervention militaire en Libye, quels sont ses objectifs ?
– Quelles activités économiques sont particulièrement en jeu ?
– Pourquoi la coalition a-t-elle ciblé des édifices n’ayant aucun intérêt militaire ?
Ces questions sont primordiales et devront être élucidées afin d’empêcher que cette guerre ne se reproduise sous d’autres latitudes. Pourtant, une dernière question demeure : si les arguments corroborant à l’entrée en guerre sont des inventions, cela veut-il dire que les révoltes de février à Benghazi ont servi de prétexte à une intervention militaire planifiée de longue date ? Or si cette guerre est planifié de longue date, cela s’est fait avec des « marionnettes » libyennes qui seront placés par les chancelleries occidentales au centre du nouveau pouvoir libyen contre les intérêts du peuple Libyen. C’est exactement ce qu’il se passe actuellement en Libye, avec la nomination, entre autre, de Khalifa Hiftar à la tête de l’État major de la nouvelle armée libyenne, parachuté depuis Washington.
Nous avons toutes les raisons de penser que cette guerre ne sort pas de nulle part mais a été envisagée depuis un certain nombre d’années. Cet article se propose d’étudier les relations troubles entre certains libyens et les puissances occidentales de la coalition libyenne. L’étude du personnage d’Ashur Shamis est très révélatrice. Elle montre très clairement les liens existant entre les Etats Unis, l’Angleterre, le Conseil National de Transition (CNT) Libyen et des groupes de la « nébuleuse islamique ». Afin d’assouvir leurs projets colonialistes et impérialistes, les Etats Unis et l’Angleterre ont collaboré avec un certain nombre de Libyens éperdu de pouvoir et d’argent, et/ou des islamistes radicaux. Parmi eux, Ashur Shamis. (more…)