Alors là, je ne vais pas laisser dire. Oh, je sais que le 11 Septembre est le genre de sujet sur lesquels il est quelque peu inutile d’argumenter, mais cela fait du bien d’exprimer ce qu’on pense.
Je vais faire comme l’auteur, je vais faire une analyse linéaire tout en ayant sous la main le numéro de « science et pseudo-sciences » sous la main.
Passons rapidement sur l’accusation en introduction faite au défenseurs de la thèse classique sur le 11/09 d’être dans une démarche quasi-religieuse, c’est certes puant de prétention et assez ridicule de quelqu’un qui se plaint d’être dénigré sans argument, mais on peut considérer que c’est juste une introduction maladroite. Il peut être acceptable de tenir ce genre de propos en conclusion après avoir dans le détail et sur de nombreux exemples précis montré l’attitude irrationnelle de celui dont on critique les thèses, mais le faire au départ est quelque peu malsain.
Soyons juste, il y a tout de même un argument présenté pour justifier que l’affirmation que les « truthers » sont dans une démarche scientifique et que leurs détracteurs ne le sont pas, c’est parmi les premiers on trouve une plusieurs thèses alors que les seconds en défendent une seule. C’est là une curieuse conception de la science. Certes, le doute est une partie intégrante de celle-ci, mais il n’empêche qu’il y a aussi des points acquis à l’intérieur. Toutes les thèses ne se valent pas et ce n’est pas exemple que les détracteurs du darwinisme se séparent en différentes catégories que leur attitude est plus scientifique. Dans le cas qui nous oppose, la question posée est : y a-t-il des raisons de douter de la version communément admise ? Les uns sont persuadés que oui, les autres considèrent que les éléments soulevés ne sont pas probants.
Voilà pour l’introduction, regardons maintenant l’analyse critique de la revue.
Premier extrait, l’auteur cite la revue :
« (p43-44) Il a été ainsi constaté qu’il y a eu des incendies aux étages 19, 22, 29 et 30, mais ils étaient éteints au moins 3 heures avant l’effondrement de la WTC 7. En revanche, aux environs de 16h-17h des incendies ont été observés aux étages 7, 8, 9 11, 12, 13 et 14 (non occupés). [...] Pour le 8e étage, il a été nécessaire de considérer un autre démarrage de feu pour retrouver une propagation de l’incendie du côté nord, entre 15h et 16h 40, conforme à la situation constatée.
Bon, on peut en conclure que ce deuxième départ de feu n’est pas lié aux débris du WTC1. . »
Quelle conclusion… Franchement pour affirmer une chose aussi forte(il n’y a pas lien entre la chute du WTC et le déclenchement du second feu) il faut autre que les faibles arguments présentés( caractère peu vraisemblable du fait que le feu se soit transmis des étages supérieurs ou que le feu ait couvé). Il simplement possible par exemple que les dégâts occasionnés par la chute du WTC1 aient ouvert des brèches entre les étages. Les truthers me demanderont peut-être de prouver mon hypothèse, mais ils se tromperaient en le faisant, en bonne logique, c’est celui qui affirme qui doit se justifier.
Voyons la suite :
« L’édito affirme que les thèses « conspirationnistes » postulent une « gigantesque manipulation ». Pourquoi gigantesque ? Cette exagération est fort peu sérieuse, puisqu’à la limite une personne est suffisante : celle qui aurait provoqué l’incendie au 7e étage du WTC7, sans avoir même besoin de démolition contrôlée. »
Là, c’est carrément de la mauvaise foi caractérisée, quasiment tous les arguments du mouvement réopénien suggèrent une vaste conspiration. Lorsqu’on parle de démolition contrôlée pour le WTC, de délits d’initiés, de missiles(oui, ce n’est pas le cas de l’auteur), de procédures d’interceptions aériennes neutralisées, etc il faut assumer.
« Toujours dans l’édito, à partir de l’idée de la nécessité d’argumenter scientifiquement pour soutenir notre supposée idéologie, le mouvement pour la réouverture d’une enquête est comparé au mouvement créationniste essayant de réfuter la théorie darwinienne de l’évolution »
Il n’y a pas d’allusion au créationnisme dans l’édito.
« On s’aperçoit donc à travers cet édito que des techniques de décrédibilisation à base d’amalgames et de présentations baisées des faits sont utilisées. Ce qui semble assez courant dans les publications de l’AFIS »
Pour ce qui est de l’amalgame, faire références aux autres points de vue de l’AFIS, cela se pose là…
Pour ce qui de l’article de Bricmont, l’auteur passe à côté de l’argument central du physicien : bien que scientifique, il ne s’estime pas compétent pour avoir un avis pertinent sur les points soulevés par les truthers et les réponses des debunkers, et c’est pourquoi il s’en tient à des questions de plausibilité. C’est bien sûr une critique vis à vis de ceux qui prétendent parler à la fois procédures militaires, pilotage, explosifs, résistance des matériaux, incendies, crash aériens etc avec l’assurance des spécialistes.
« Passons à l’article paru dans Skeptic : (p9) « Dans les démolitions contrôlées, les charges explosives affaiblissent ou brisent tous les points porteurs de la structure en même temps ». Non seulement c’est faux (quand il faut orienter le sens d’écroulement) mais en plus il est stupide de supposer qu’une DC des tours doit forcément ressembler à une DC classique. Déjà, la hauteur inhabituelle des tours pourrait justifier d’une démolition démarrant à mi-hauteur. »
En remettant la phrase de l’article de Skeptic dans le contexte, on se rend compte que ce point soulevé était une réponse à l’argument selon lequel la chute des tours ressemble à une destruction contrôlée. Ce n’est donc pas « stupide » de faire la comparaison
« C’est là une des caractéristiques intéressantes de la pensée des debunkers. Sous prétexte de rigueur je suppose, ils réfléchissent à une DC classique et essaient de voir si c’est possible à préparer en catimini dans les tours. Ils n’envisagent pas par exemple que des commandes à distance puissent être utilisées (trop cher peut-être ?… il y a de l’indigence dans ce raisonnement). que le matériel a pu être amené emballé dans des caisses, se faisant passer pour du matériel de travaux, sachant que les travaux dans ces tours vieillissantes étaient tout sauf inhabituels. Quant à parler de bombes, c’est méconnaître la seule façon efficace de mettre bas une structure métallique sauf à la démonter : cisailler les colonnes de métal. Et pour cela ce ne sont pas des bombes qui sont nécessaires, mais des produits plus discrets et plus faciles à poser. Quant à l’accès aux colonnes de soutien, il ne serait nécessaire que pour certains étages, principalement aux alentours des impacts (en supposant leur hauteur programmée par un auto-guidage des avions, qui est une technique maîtrisée depuis longtemps) »
1) L’idée qu’on aurait utilisé une procédure jamais testée auparavant est peu crédible : le risque que quelque chose foire est trop grand.
2) Lorsqu’on a récusé les arguments fondés sur la plausibilité, il n’est pas très cohérent d’imaginer une procédure ressemblant aux films de James Bond.
3) Pour rendre crédible un tel scénario, il faut une étude sérieuse avec données numériques précises pour justifier qu’on ait pu préparer le bâtiment en quelques jours, viser l’étage prévu avec la bonne précision, et non pas un raisonnement à la « ya qu’a faut qu’on » .
« Je relève aussi un biais d’information important, l’administration américaine ayant « engagé une guerre contre l’Irak sur la base d’indigents renseignements concernant des armes de destruction massive ». Non monsieur, les renseignements n’étaient pas indigents, ils étaient fabriqués, et au plus haut niveau de l’Etat. »
Oui, et ce complot pourtant bien moins important que celui qui aurait présidé au 11/09 s’est retrouvé révélé au grand jour.
« Ce n’est un secret pour personne, Chomsky, qui se demande pourquoi ce débat est si bien toléré, a intellectuellement mal vieilli. »
Attaque ad hominem et procédé rhétorique douteux : non tout le monde ne s’accorde pas à dire que Chomsky a mal vieilli.
« Il pense que si c’était un sujet sensible cela provoquerait autre chose qu’il n’explicite pas. L’arrestation de tous les incrédules du 11/9 en prison ? Leur extermination ? Comme si cela serait productif pour ceux qui le feraient… Il semble qu’il ait définitivement abandonné le chemin de la cohérence. »
Il constate simplement qu’aux USA la thèse de l’inside job bénéficie d’une bien meilleure exposition médiatique que des points de vue critiques sur la politique étrangère des USA par exemple.
« Ce qui l’inquiète finalement est qu’internet permet à n’importe quelle théorie d’être discutée. Les gens — les internautes quoi — ne semblent pas aptes à raisonner sainement pour lui, il semblerait qu’il faille déléguer cela à des experts, ouvrant ainsi la voie aux dogmes de type fondamentalisme religieux (où les « élus » disent aux autres ce qu’ils doivent penser), danger que paradoxalement il dénonce sur les théories apparaissant sur Internet. »
Non Chomsky constate simplement que les sujets très techniques dont discutent les truthers nécessitent, pour en discuter, une autre formation que celle qui consiste à surer sur le net. On en revient au même argument que Bricmont, toujours ignoré.
» tout le monde a été étonné qu’elles tombent »
Affirmation gratuite et sans preuve, un ami à moi m’a assuré le contraire, s’étant trouvé ce jour-là avec des architectes, il m’a confié que ceux-ci avaient anticipé l’effondrement.
« De plus les feux de bureau durent un temps limité (à un endroit), faute de combustible. »
Affirmation gratuite et sans preuve.
« D’ailleurs il est dit ensuite que les tours « étaient conçues pour résister à un défi majeur : l’action des vents de tempête ». l y avait donc une certaine rigidité grâce aux poutres (horizontales) reliant les colonnes du cœur en un réseau métallique. Cela ne plaide pas vraiment en faveur du flambement des colonnes de la version officielle »
Je suis pas un spécialiste en mécanique mais je sais que les comportements vis à vis de contraintes latérales ou verticales peuvent être différentes et que l’acier perd ses qualités quand la température monte.
Encore une fois l’argument central de l’article n’est pas relevé : il est courant que diverses structures s’écroulent de façon inattendue, et que les constructions humaines aient des faiblesses structurelles.
« Tout ce que j’aimerais c’est que le NIST publie ses modèles afin que le processus de vérification scientifique puisse s’opérer. »
Les effondrements ont fait l’objet d’articles scientifiques peer reviewed ;http://www.debunking911.com/paper.htm
« « A ce stade, la seule question était de savoir si le feu cesserait faute de combustible avant la chute des tours ». Il est facile de voir la fausseté de cette affirmation : des pompiers se trouvaient bel et bien dans le WTC2 quand la tour s’est écroulée, donc si c’était vrai pourquoi ne les a-t’on pas prévenus de sortir au plus vite ? »
Je ne peux pas croire que l’auteur puisse tenir un raisonnement aussi ridicule : croit-il vraiment que dans ce genre d’évènement on ne prenne jamais de mauvaise décision ?
« Mais comment sait-il qu’elles ont été effectuées avec un soin remarquable, alors que les paramètres de simulation sont secret-défense et ne peuvent donc pas être scientifiquement vérifiés par des pairs ? »
Affirmation sans preuve.
« Cela est faux, le NIST n’est pas indépendant. C’est une agence du Département du Commerce des États-Unis. Donc directement aux ordres de l’exécutif. Et les scientifiques qui y travaillent ne font pas de la science objective qui peut être examinée par leurs pairs. »
Une rapide recherche montre que trois chercheurs du NIST ont obtenu le prix Nobel… Le NIST produit donc de la vraie science contrairement à ce que est dit. Les chercheurs qui y bossent auraient-ils accepté de biaiser un rapport sans qu’aucun d’entre eux ne se révolte ?
« Autre contrevérité (p33-34) : le noyau des tours « n’était pas prévu pour être aussi rigide que le périmètre des tours ». C’est faux, les noyaux étaient le principal soutien des tours, à l’aide bien sûr des colonnes de l’habillage. »
La rigidité est une chose, la capacité à résister aux contraintes verticales en est une autre. Je suis pas très compétent en mécanique mais je crois que l’auteur de l’article l’est moins que moi. Cela ne l’empêche pas de traiter avec mépris le discours de spécialistes.
« Cette assertion est selon moi une falsification complète. En effet le poteau intérieur 79, comme les autres colonnes de la tour, est métallique (4). Pour le rompre il faut le couper, chimiquement avec de la thermite par exemple. Un explosif ne fera qu’abîmer ce qu’il y a autour du poteau, choisissant évidemment les directions d’expansion les plus faciles. »
Encore des affirmations gratuites et sans preuves et en plus grossièrement fausses. Si l’acier ne peut pas rompre le titanic n’a pas eu sa coque percée par un iceberg, aucun pont métallique ne s’est jamais effondré, etc…
Mais ceux dont je critique le travail sont des spécialistes de la construction métallique. Comment peuvent-ils penser que rompre une colonne métallique est plus facile avec un explosif qu’avec un découpage chimique ? Il y a là un profond mystère, que je ne suis pas en mesure de percer.
Peut-être connaissent-ils mieux le sujet que l’auteur…
« Jérôme Quirant, le coordinateur de cette compilation d’articles, évoque « plus d’une centaine de témoins [qui] ont décrit l’approche très basse de l’appareil et l’explosion générée par le crash, certains décrivant même l’impact ». Ce nombre est contestable, il y a eu des témoignages divers et je ne pense pas que le nombre de témoins évoquant un liner avant l’explosion atteigne même la cinquantaine. »
En fait l’auteur n’en sait rien mais affirme quand même. Au passage, je pense que Quirant s’appuie sur le travail d’Eric Bart qui a bien trouvé plus de 100 témoins.
’ »Le premier consiste à dire : « Ainsi, le raisonnement statistique implicite des truthers est-il totalement fallacieux : le taux élevé du 6 septembre (UAL) et du 10 (AMR) ne prouve absolument rien. S’extasier de trouver quelque chose de rare sur une période d’un mois est absurde : chaque date est unique, donc rare ». Pourquoi une période d’un mois et pas d’un an, ou même un siècle ? Il n’y a que 5 jours qui séparent le premier supposé délit de l’attentat. Supposons que vous soyez témoin d’un accident de voiture et que la voiture accidentée ait eu un pneu qui éclate 10 secondes avant. Dois-je affirmer qu’il n’y a aucune relation de cause à effet entre les deux évènements, sous prétexte qu’entre les deux il y a des milliers de milli-secondes qui se sont déroulées ? Et même des millions de micro-secondes ? L’auteur nous dirait : pourquoi choisir cet instant de 10 secondes avant l’accident, et pas un autre ? »
L’article de explique un peu la méthodologie du test d’hypothèse en statistique, visiblement l’auteur de la critique à laquelle je réponds ne comprend absolument pas de quoi il s’agit et n’essaye même pas de suivre le raisonnement(qui consiste à se demander à partir de quels moment des données s’éloignent d’une moyenne statistique suffisamment pour qu’on puisse légitimement conclure à une délit d’initié)
Le plus insupportable, c’est le côté donneur de leçon de ceci, alors qu’il est très clair que l’auteur ne maîtrise pas les sujets abordés. Plutôt que de se dire « comment se fait-il que des spécialistes disent de telles âneries », il aurait mieux de se demander ce qu’il n’avait pas saisi…